Actions, déboires financiers et juridiques: le nucléaire français sur la sellette

 

Trois jours d’actions pour alerter sur un scandale industriel et financier français

Le mois dernier sortait une étude sur les comptes d’EDF, réalisée par le cabinet d’analyse financière AlphaValue et commandée par Greenpeace, qui faisait la lumière sur une entreprise surendettée et en situation de faillite.

Mercredi 14 décembre, une vingtaine de militants de Greenpeace ont bloqué le siège du groupe, avenue de Wagram à Paris, pour dénoncer ce scandale financier, mais aussi le scandale technique dû à l’affaire des anomalies et des falsifications.

En l’absence d’une réponse à la hauteur des enjeux de la part des dirigeants d’EDF, les militants ont décidé de revenir jeudi 15 décembre, pour occuper cette fois-ci le siège du groupe et, à nouveau, dénoncer pacifiquement le naufrage de l’entreprise, emportée par la stratégie nucléaire suicidaire de ses dirigeants. Les militants, équipés d’un radeau de survie et de gilets de sauvetage sur lesquels il était écrit : « EDF coule » ont demandé au PDG, Jean-Bernard Lévy, qu’il annonce sans attendre un revirement stratégique qui redonne un avenir à l’entreprise.

Un PDG qui s’obstine à mettre en œuvre une stratégie de prolongation des réacteurs français alors que 30 de ces 58 réacteurs sont touchés par des anomalies est-il vraiment responsable ? Devant le silence de la direction d’EDF, les militants ont interpellé Jean-Bernard Lévy pour un troisième jour consécutif, vendredi 16 décembre. Sur l’intégralité de la façade du siège du groupe, ils ont projeté une image exhortant le PDG de l’entreprise à prendre ses responsabilités et à sortir du nucléaire.

Nous saluons à nouveau le courage et la détermination de nos activistes. Certains d’entre eux ont été durement malmenés par la police lors du premier jour d’action, alors que les derniers ont été libérés samedi 19 décembre, après 45 heures de garde à vue. Comme les militants qui ont dénoncé le mois dernier le scandale des anomalies du nucléaire dans 15 villes de France, ils ont contribué avec force à dénoncer la fuite en avant du nucléaire.

EDF coule : plongée en bourse d’un colosse aux pieds d’argile

Même le monde de la finance ne s’y trompe plus : EDF est en difficulté et son avenir semble compromis. Jeudi 17 décembre, alors que nos activistes occupaient le siège d’EDF, le Conseil d’administration d’EDF s’est réuni et a partagé avec ses actionnaires et investisseurs des prévisions pessimistes pour l’année 2017.

Les marchés financiers ont foudroyé EDF en bourse dans les heures qui ont suivi ces prévisions décevantes : une baisse de plus de 12% pour le géant français de l’énergie, qui apparaît de plus en plus comme un colosse aux pieds d’argile. Cette chute en bourse a aussi fait perdre 2,5 milliards d’euros à l’État, et donc aux contribuables.

Seul un changement de cap allant dans le sens d’une sortie du nucléaire permettrait de redonner un avenir au groupe et à ses salariés. Il constituerait également une marque de respect à l’égard des citoyens français, dont la sécurité est menacée par les problèmes de sûreté du parc et qui pourraient ressentir très durement le coût financier de l’obstination en matière de nucléaire.

Une enquête ouverte après la plainte de Greenpeace

En masquant sa situation, EDF et son PDG induisent en erreur les actionnaires, les investisseurs mais aussi et surtout les citoyens français. Le mois dernier, Greenpeace décidait de porter plainte contre l’entreprise EDF et son PDG Jean-Bernard Lévy pour délits boursiers. Plus que jamais, les risques qui pèsent sur la sûreté nucléaire et la sécurité des Français doivent amener l’entreprise à en finir avec l’opacité qui la caractérise. A la fin de la semaine dernière, le parquet national financier annonçait l’ouverture d’une enquête…sale temps pour EDF.

 

 

Le constat d’un nucléaire français en crise est de plus en plus largement partagé : l’atome est aujourd’hui sur la sellette. C’est à Jean-Bernard Lévy, en tant que PDG d’EDF, de rétablir la vérité sur la situation financière réelle de l’entreprise et de présenter un projet industriel de sortie du nucléaire, seule solution pour redresser son bilan financier et cesser de mettre les Français en danger.