Voyage en eaux troubles : l’exploration pétrolière, un risque pour les communautés locales.

 

Notre étape dans la ville d’Oiapoque, à la frontière guyanaise, a été l’occasion de rencontrer différents acteurs locaux et de nous entretenir avec eux. Les échanges ont été riches et nous ont permis d’avoir le regard de différentes communautés sur les projets de l’industrie pétrolière dans la région. Car les projets d’exploration de Total et BP au large de l’Amazonie ne menacent pas seulement le récif de l’Amazone, mais aussi la biodiversité à terre et les populations qui en dépendent. Des fuites ou une marée noire auraient des conséquences désastreuses.

Les communautés locales s’inquiètent des risques environnementaux liés à l’industrie pétrolière

De nombreuses communautés autochtones vivent dans la région du nord de l’Amazonie. Nous avons eu la chance de pouvoir échanger avec plusieurs dirigeants de peuples autochtones, venant notamment de Uaça et Kuahi.

De gauche à droite : Josinei Anika dos Santos, Domingos Santa Rosa et Gilberto Iaparra, trois dirigeants de peuples autochtones. © Rogério Assis / Greenpeace

Gilberto Iaparra est le président du Conseil des peuples indigènes d’Oiapoque et il avait déjà eu l’occasion d’échanger avec Greenpeace sur des projets d’exploration pétrolière dans la région, sujet auquel il accorde une attention particulière.

Gilberto vit à Kuahi, où habitent 15 familles (environ 100 habitants). Était aussi présent Domingos Santa Rosa, du village d’Uaça. Domingos travaille notamment avec la FUNAI, la Fondation nationale de l’Indien, un organisme fédéral brésilien dont la mission est de définir et de faire appliquer les politiques relatives aux populations autochtones.

Gilberto nous explique qu’en août 2016, cinq représentants de l’entreprise BP, trois brésiliens et deux britanniques, ont rencontré la FUNAI afin de lui faire part de leurs projets dans la région. A l’époque, il s’agissait principalement de recherche de terrain en vue de futurs projets d’exploration. Cette présentation de BP, à laquelle Domingos a pu assister, n’aurait été suivie d’aucun échange avec les représentants des communautés, ni même d’une visite des différents villages, bien que les dirigeants autochtones en aient exprimé le souhait.

Les dirigeants de ces communautés sont particulièrement inquiets par les projets des pétroliers et conscients des risques de fuites ou de marée noire que cela comporte. Les villages sont loin de l’océan mais les rivières et les confluents de l’Amazone irriguent la région et sont une ressource précieuse pour tous les villages dont les habitants entretiennent un lien étroit avec la nature.

Vue aérienne d’un village au nord de l’Amazonie. © Rogério Assis / Greenpeace

Arboriculture, culture du manioc, pêche dans les lacs et les rivières : les communautés locales vivent de la commercialisation de ces activités et s’en sustentent aussi directement. Depuis 2008, elles s’organisent pour augmenter leurs productions agricoles et ont commencé à mettre en place des plans concrets depuis 2011. Il serait donc fortement regrettable de risquer de ruiner tous leurs efforts avec des projets d’exploration pétrolière inutiles.

Pedro Aloíso Pitar, le président d’une communauté de pêcheurs de Calçoene (la Colonia de pescadores Z9), qui compte 227 pêcheurs, nous a également fait part de ses inquiétudes. Les principales activités commerciales reposent sur l’agriculture et la pêche. Rivières, lacs, océans : les lieux de pêche varient en fonction de la saison et les espèces de poissons et de crabes sont nombreuses. Pedro nous explique qu’en 2013, des entreprises pétrolières sont venues à la rencontre des pêcheurs, mais que ces derniers se seraient sentis en totale insécurité face à l’attitude cavalière des pétroliers et à leur manque d’ouverture au dialogue. Ils n’ont trouvé aucune écoute.

La route BR 156 : une plaie pour les populations autochtones

© Rogério Assis / Greenpeace


Comme si les impacts sur la faune et la flore de la région ne suffisaient pas, le développement de projets pétroliers dans la région créerait d’autres graves nuisances pour les habitants des villages indigènes.

La route BR 156 traverse 11 villages. A l’origine, les communautés ne voulaient déjà pas de cette route. Aujourd’hui, les habitants des villages s’alarment face à la menace d’un pipeline qui traverserait leurs terres ou au trafic accru de camions de transport de matériels pour l’installation des infrastructures pétrolières à terre.

 

 

Tous ces risques, en mer et à terre, doivent conduire Total et BP à l’abandon de leurs projets d’exploration pétrolière près du récif de l’Amazone. Vous pouvez soutenir notre demande et rejoindre les 500 000 signataires en signant vous aussi la pétition.