Haute mer : une dynamique historique
Le grand enjeu de cette conférence, c’était lui : le traité sur la haute mer dit “BBNJ” (Biodiversity Beyond National Juridiction).
Et la bonne nouvelle, c’est que la dynamique est là. Nous avons franchi la barre des 50 ratifications, un cap décisif. Pour entrer en vigueur, il en faut 60.
Ce traité est le seul outil juridique permettant de créer de vraies aires marines protégées dans les eaux internationales. Sans lui, aucun espoir de protéger 30 % de l’océan d’ici 2030.
La mobilisation autour du BBNJ montre que les États peuvent agir ensemble pour défendre un bien commun. L’UNOC a été un catalyseur. Il faut maintenant aller au bout du processus pour que le traité entre en vigueur et que des aires marines puissent être créées dans les eaux internationales.
Exploitation minière des fonds marins : alerte rouge
L’autre sujet phare de cette conférence : l’exploitation minière en eaux profondes.
La pression de plusieurs pays et de la société civile a été importante. Des pays comme le Chili, Palau ou encore le Costa Rica ont utilisé des termes forts :
« Les abysses ne sont pas à vendre. »
« Far West des océans. »
Des militant·es de Greenpeace ont étendu une bannière sur la promenade des Anglais disant “3 millions de personnes s’opposent à l’exploitation minière des fonds marins”.
Pour l’UNOC, des militantes et militants de Greenpeace ont déployé une grande banderole portant le message « 3 millions de personnes s’opposent à l’exploitation minière en eaux profondes » à Nice, dans le cadre de la Conférence des Nations unies sur l’océan. © Pierre Larrieu / Greenpeace
La prochaine réunion de l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM) aura lieu en juillet. Ce sera un moment crucial pour empêcher le démarrage d’une industrie aux conséquences irréversibles.
La France rate l’occasion d’un tournant sur les aires marines protégées
Si la France a co-organisé la conférence et salué publiquement l’avancée du traité BBNJ, aucune annonce concrète n’a été faite sur la protection des aires marines protégées (AMP) françaises.
C’est un angle mort inquiétant, alors même que la Méditerranée est l’une des mers les plus abîmées du monde. De l’autre côté, le Royaume-Uni vient d’annoncer l’interdiction du chalutage de fond dans 50% de ses AMP, tout comme le Danemark, et l’Allemagne a déclaré placer sous protection stricte 10% de de ses eaux.
Pire, les zones où le gouvernement français parle d’exclure le chalutage de fond ne sont pas chalutées ou pas chalutables comme les canyons sous-marins.
Un espace diplomatique… et citoyen
L’UNOC est aussi un moment de visibilité diplomatique, notamment pour des États souvent marginalisés dans les grandes négociations. Des pays insulaires comme Palau ont pu faire entendre une voix différente, celle des territoires directement menacés par la montée des eaux et la dégradation des écosystèmes marins.
Cette conférence, c’est aussi le fruit de deux ans de travail acharné de la société civile et du monde scientifique.
Sur place, nous avons rencontré des allié·es inspirant·es, des personnes déterminées, passionnées, engagées. L’océan n’est pas seul. Il a des défenseur·ses.
Mais nous avons aussi subi des tentatives d’intimidation scandaleuses : quelques jours avant l’ouverture du sommet, plusieurs de nos militant·es à Nice ont été placés en garde à vue et leurs domiciles perquisitionnés pour de simples graffitis à la craie, notre bateau, l’Arctic Sunrise, s’est vu interdire d’accoster au port de Nice alors que nous avions organisé des rencontres avec des scientifiques. Ces mesures inacceptables ont été vigoureusement dénoncées car elles relèvent d’une répression inadmissible de la part des pouvoirs publics.
La bataille continue
Nice ne marque pas la fin du combat.
Dans les prochaines semaines, plusieurs rendez-vous majeurs auront lieu :
- Juillet : réunion de l’AIFM sur l’exploitation minière des fonds marins
- Août : négociations sur le traité mondial contre la pollution plastique
Nous serons là. Nous continuerons de faire campagne contre le chalutage de fond dans les aires marines protégées françaises, contre les méga-chalutiers et pour une réelle protection de nos mers et de nos océans.