Un sommet européen crucial pour désamorcer la bombe climatique

Les activistes de Greenpeace étaient en action ce matin à Bruxelles pour envoyer un message aux chefs d’États réunis pour un Conseil européen. Sur le siège de la Commission européenne, les activistes ont projeté une image géante de la Terre transformée en bombe à retardement. Des mesures politiques radicales doivent être prises de toute urgence pour désamorcer la bombe climatique et éviter le pire de la catastrophe climatique.

Les États européens en retard sur leurs objectifs climatiques

Les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre que s’est fixés l’Union européenne ont été définis avant la COP21 et l’Accord de Paris. Ils ne sont pas compatibles avec la limitation de la hausse des températures à 1,5°C.

La crise climatique constitue une menace existentielle qui contribue d’ores et déjà à l’effondrement du vivant et affecte les vies de millions d’êtres humains. Les engagements européens actuels nous placent sur une trajectoire de réchauffement global de plus de 3°C un véritable chaos climatique qui promet d’être accompagné de conséquences dramatiques pour l’humanité et la biodiversité.

La neutralité carbone est définie dans la loi française comme « l’atteinte de l’équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et les absorptions anthropiques (c’est-à-dire les absorptions par les écosystèmes gérés par l’homme tels que les forêts, les prairies, les sols agricoles et les zones humides, et par certains procédés industriels, tels que la capture et le stockage de carbone) ».

Bruxelles, 20 juin 2019 : les activistes de Greenpeace Greenpeace projettent une image de la Terre transformée en bombe à retardement sur le siège de la Commission européenne.

Une majorité écrasante de gouvernements européens soutiennent aujourd’hui le projet de viser une neutralité carbone d’ici 2050. Mais les responsables politiques présents à ce sommet doivent maintenant montrer qu’ils sont préparés à aller plus loin d’ici l’important Sommet Climat des Nations Unies de septembre prochain.

C’est bien avant 2050 que l’Europe doit atteindre cette neutralité carbone pour éviter le pire de la crise climatique. Les objectifs de long terme tels que ceux-ci n’engagent pas les gouvernements actuels et ne sont pas en phase avec l’urgence. Les objectifs climatiques à 2030 doivent être drastiquement être revus à la hausse à court terme et des actions concrètes pour réduire les émissions doivent être entreprises dès maintenant : Greenpeace appelle l’Union européenne à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 65% d’ici à 2030 (par rapport au niveau de 1990) et à atteindre zéro émissions nettes en 2040.

La France ne contribue pas assez à la rehausse de l’ambition européenne sur le climat

Sur la scène européenne, Emmanuel Macron s’est posé en chef de file de la lutte contre le changement climatique. Mais il ne semble pas décidé à y mettre les moyens. La France rechigne toujours à contribuer davantage au budget européen pour soutenir les États membres les plus pauvres dans leur transition écologique. Cette solidarité est pourtant essentielle à une action européenne coordonnée et efficace contre le changement climatique.

 

La crédibilité du président français dans les négociations européennes sur le climat s’effrite de plus en plus : au niveau national, la France se démarque par l’absence de politiques publiques à la hauteur du défi et le maintien d’un statu quo destructeur pour le climat. D’ailleurs, la Commission vient de critiquer cette même semaine les plans climat-énergie de la France pour les prochaines années. Elle note par exemple que la France continue de verser des subventions aux énergies fossiles et lui demande de faire la transparence sur l’ensemble de ces subventions à l’énergie, estimées à au moins 11 milliards d’euros de niches fiscales en 2019.

En 2018, la France a été de nouveau incapable de respecter ses propres objectifs en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Quant aux lois mobilités et énergie-climat, actuellement en cours d’examen, elles protègent encore beaucoup trop les intérêts des industries qui alimentent la crise climatique : date de fin de vente des véhicules diesel et essence trop tardive du côté de l’industrie automobile, maintien d’un niche fiscale sur le kérosène favorable à l’industrie aéronautique, etc..

Les institutions européennes doivent prendre la crise climatique à bras le corps

Bruxelles, 20 juin 2019 : les activistes de Greenpeace envoient un message aux chefs d’États et de gouvernements en amont d’un sommet européen crucial pour le climat.

Nous attendons de toutes les institutions européennes, y compris des nouveaux membres du Parlement européen, de la future Commission européenne et de tous les gouvernements des Etats Membres, qu’ils fassent de l’action climatique une priorité. Hier Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), l’Union européenne doit aujourd’hui se transformer en une Union climatique capable de faire front pour répondre à la crise en cours.

Réduction drastique des émissions à horizon 2030, révision du marché carbone européen, fin des subventions et investissements favorables aux énergies fossiles, application stricte du principe pollueur payeur (notamment via une taxation environnementale sur le secteur aérien), stratégie européenne de reconversion de l’industrie automobile, réécriture de la proposition de réforme de la PAC, révision de la politique commerciale européenne, mise en place d’une stratégie européenne pour les puits de carbone naturels, renforcement de la gouvernance climat de l’Union : autant de chantiers qui doivent être au cœur de l’action européenne de ces prochains mois et de ces prochaines années.

Le futur accord de coalition du Parlement européen doit faire de ces chantiers une priorité. Cela implique de porter des réformes communes pour faire baisser les émissions sur le court terme. Un tel accord permettra également d’influencer l’agenda stratégique européen pour les années à venir (2019-2024).