Sommet européen de printemps : de beaux principes mais rien de concret pour enrayer le dérèglement climatique

Lors du Sommet de Printemps qui se clôture aujourd’hui à Bruxelles, les chefs d’État européens ont échoué à débloquer les fonds nécessaires à financer la lutte contre les changements climatiques. Ces nouvelles tergiversations risquent de compromettre gravement la négociation de l’accord sur le climat qui devra être adopté dans le cadre des Nations unies, à la fin de l’année, à Copenhague.

« La question des financements est cruciale pour engager les pays en développement à signer la suite du protocole de Kyoto qui expire en 2012 et dont la suite doit être négociée à Copenhague en décembre, commente Karine Gavand, responsable de la campagne Climat de Greenpeace. Il est impensable d’espérer négocier la répartition équitable de l’effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre sans une mise de départ clairement définie. »

Si l’Union européenne reconnaît sa responsabilité historique dans les changements climatiques et soutient l’élaboration de nouveaux mécanismes de financement pour lever des fonds à destination des pays en développement, elle se montre une fois de plus incapable de mettre l’argent sur la table pour concrétiser ses plans.
Ces fonds seraient destinés aux pays en développement pour les aider à faire face aux changements climatiques, c’est-à-dire à promouvoir les énergies propres, protéger leurs forêts et s’adapter aux impacts d’ores et déjà inévitables des dérèglements climatiques. Il n’en reste pas moins vrai que les dirigeants européens n’ont pas réussi à s’accorder sur le montant des financements publics.

Les pays industrialisés doivent investir au moins 110 milliards d’euros par an d’ici à 2020 pour aider les pays en développement *, ce qui signifie une contribution de 35 milliards d’euros par an pour l’Europe. Une telle somme représente moins d’un quart de ses dépenses militaires annuelles. Ou bien l’équivalent d’1,30 € par citoyen européen chaque semaine, le prix d’un ticket de bus. Le montant de cette contribution équitable est calculé selon le niveau de ressource de chaque pays (PIB par habitant) et sa responsabilité historique en matière de d’émission de gaz à effet de serre.

« Les dirigeants européens ont passé du temps à discuter de solutions d’urgence pour sauver les banques, beaucoup moins sur les plans pour sauver la planète de la banqueroute, reprend Karine Gavand. Si le climat était une banque, ils auraient depuis longtemps débloqué les investissements nécessaires pour le bien de notre planète, mais aussi de notre économie. »

Sous peine de perdre toute crédibilité en matière de lutte contre les changements climatiques, les dirigeants européens doivent mettre à profit les prochaines réunions ministérielles planifiées sous la présidence tchèque pour s’accorder sur un plan concret de financement à destination des pays en développement. Ils doivent notamment s’engager à mettre sur la table 35 milliards d’euros par an. Cette question devra également être traitée lors du Sommet du G 20 qui se tiendra début avril à Londres, pour faire avancer les négociations des Nations unies sur le climat.

Pour en savoir plus, lire le briefing « Financer le climat »

*  Cette contribution financière à l’horizon 2020 devrait couvrir les postes suivants :
– 40 milliards d’euros par an pour orienter les pays en développement vers un système énergétique fondé sur les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique ;
– 30 milliards d’euros par an pour stopper la déforestation via la création d’un fonds « Forêts pour le climat ». Plus de détails www.greenpeace.org/forestsforclimate ;
– 40 milliards par an pour aider les pays les plus vulnérables à faire face aux impacts des changements climatiques.