Poznan : dernière ligne droite jusqu’à Copenhague…

Karine Gavand, chargée de campagne Climat de Greenpeace France, est à la conférence des Nations unies sur le climat de Poznan, en Pologne

Après la chaleur de l’île de Bali l’année dernière, c’est dans le froid glacial de Pologne que la conférence de l’Onu sur les changements climatiques fait escale cette année. Ce 14e sommet international constitue une étape cruciale car c’est la dernière étape avant la conférence qui se tiendra en décembre 2009 à Copenhague, et qui aura la lourde tâche de boucler un accord international pour faire suite au protocole de Kyoto.

Ratifié par 175 pays (à l’exception notable des États-Unis), ce premier texte est entré en vigueur en février 2005 et il expire fin 2012. Le protocole de Kyoto prévoit une réduction globale des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 5,2 % d’ici à 2012, par rapport aux niveaux de 1990. Le nouvel accord – qui s’appellera peut-être le protocole de Copenhague ? – devrait couvrir la période 2013-2017.

Qu’attendre cette année des 12 000 délégués de l’Onu représentants près de 190 États rassemblés ces jours-ci à Poznan ? Loin de « compter pour du beurre », ce sommet polonais constitue l’ultime étape avant Copenhague et doit au minimum déboucher sur :
– Une « vision partagée » de l’objectif à atteindre et de la réduction des émissions de gaz à effet de serre que la communauté se fixe, à moyen terme et à long terme : pour limiter le réchauffement climatique en deçà de 2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent atteindre leur pic au plus tard en 2015 et être réduites de 80 % d’ici à 2050 par rapport au niveau de 1990.
– Un engagement des pays industrialisés à réduire de leurs émissions domestiques de 25 à 40 % d’ici à 2020, par rapport à 1990 ; et à apporter des financements pérennes afin d’aider les pays en développement à limiter leurs émissions, y compris en luttant contre la déforestation et à s’adapter aux impacts du réchauffement global.
– Un mandat clair afin que des textes de négociation soient proposés dès le début de l’année 2009, pour aboutir à la conclusion d’un accord global au mois de décembre, à Copenhague.

Mais les négociations avancent lentement… Tout le monde se regarde en chiens de faïence. Les pays en développement attendent que les pays industrialisés affichent des objectifs à la hauteur de leur responsabilité face au défi climatique et soutiennent les pays en développement. Les délégués européens attendent l’issue du sommet des Chefs d’États de l’Union européenne, qui se tiendra les 11 et 12 décembre et devra sceller l’accord sur le paquet climat/énergie, élément clef de la négociation. Et la communauté internationale dans son ensemble attend l’arrivée de la nouvelle Administration américaine… Personne n’ose avancer ses pions, et pendant ce temps, le climat se réchauffe. Quant à Greenpeace, une délégation d’une quarantaine de responsables de l’organisation, venus de tous les continents à Poznan depuis une semaine, arpentent les couloirs, font pression sur les délégations de leur pays et… attendent l’arrivée des ministres, aujourd’hui même pour booster les négociations, qui doivent s’achever samedi.