Municipales 2026 : 4 questions écolos à (se) poser

Alors que les reculs sur le plan environnemental se multiplient aux niveaux national, européen et international, un autre défi se joue dans les 34 875 communes françaises à l’occasion des élections municipales de mars 2026 : celui de l’écologie locale, au quotidien. Les prochains conseils municipaux influeront non seulement sur nos paysages et notre cadre de vie, mais aussi sur l’eau que l’on boit, l’alimentation de nos enfants, nos factures énergétiques ou encore nos déplacements.

Des choix déterminants pour les six années à venir, illustrés à travers quatre grandes questions à se poser et… à poser aux listes candidates aux élections municipales.

1. À quoi ressembleront nos rues, nos quartiers, nos écoles dans six ans ?

C’est l’une des premières responsabilités des maires : autoriser ou non les permis de construire, dans le cadre défini par le Plan local d’urbanisme (PLU). Celui-ci est déterminé au niveau des communes ou des groupements de communes (communautés de communes, d’agglomération ou métropoles).

Les zones agricoles seront-elles préservées, étendues ou grignotées pour laisser la place à des hypermarchés ou des plateformes logistiques d’Amazon, Shein ou Temu (comme le souhaiterait Jordan Bardella) au détriment des producteurs et commerces locaux ? Les futurs conseils municipaux et communautaires favoriseront-ils l’extension des espaces verts et la végétalisation des espaces publics, des écoles et des infrastructures sous leur responsabilité ou au contraire l’étalement urbain et la bétonisation ?

Ce sont aussi les futur·es élu·es locaux qui pourront décider de faciliter les déplacements des piétons (notamment avec des rues piétonnes et des trottoirs élargis), créer des pistes cyclables sécurisées, encourager le covoiturage, mettre en place des bornes de recharge électrique ou faciliter l’accès et améliorer la qualité des transports en commun en lien avec les autres collectivités locales… Des mesures qui peuvent considérablement améliorer notre cadre de vie ou au contraire maintenir notre dépendance à la voiture.

2. On mangera quoi à la cantine ?

Ce sont les municipalités qui ont la charge de fixer les menus des cantines scolaires des écoles primaires publiques, dans le respect d’un certain nombre de règles nutritionnelles nationales. De leurs choix dépendra ce que nos enfants mangeront quotidiennement au déjeuner : nuggets industriels ultra-transformés distribués par une multinationale de la restauration collective ou aliments locaux, sains et goûteux cuisinés sur place et/ou produits localement par une régie agricole municipale ou des paysans bio des environs ?

Il en va non seulement de l’alimentation et de la santé de nos enfants mais aussi de celle de l’ensemble des habitant·es. En soutenant les producteurs locaux bio via les commandes municipales (pour les écoles ou les autres établissements sous leur responsabilités), les maires peuvent stimuler la production locale et bio et permettre à tout le monde d’avoir accès à des maraîchers de proximité et de se procurer des produits sains.

Les maires disposent par ailleurs de leviers importants pour contribuer à la qualité de notre alimentation, favoriser les circuits courts et de proximité et garantir la souveraineté alimentaire locale. Ils et elles peuvent notamment contribuer à l’élaboration et la mise en oeuvre d’un « Projet alimentaire territorial » (qui peut être porté à l’échelle d’une petite commune comme à celle d’une région). Ils et elles ont aussi la possibilité d’affecter des terrains pour des jardins partagés, des potagers communaux ou des activités de maraîchage bio destinés à nourrir la population locale, plutôt qu’à des activités agro-industrielles tournées vers les exportations, des plateformes logistiques de vente en ligne ou des promoteurs immobiliers.

3. Est-ce qu’on pourra boire une eau du robinet de qualité ?

La gestion de l’eau est une responsabilité partagée entre de nombreuses instances : comités de bassin (composés d’élu·es des différentes collectivités territoriales, de représentant·es d’usagers et de l’Etat), agences de l’eau, commission locales de l’eau (CLE, elles-mêmes composées de différents acteurs), syndicats intercommunaux, régies locales, entreprises privées en délégation de service public, etc…

Bien que dilué parmi tous ces acteurs, le rôle des maires est essentiel pour garantir la qualité de l’eau : il ou elle a la responsabilité de prévenir et stopper les pollutions de l’eau, et donc d’intervenir par exemple pour protéger les aires d’alimentation de captage contre les épandages de pesticides. Les communes doivent réaliser des études régulières et transparentes sur la qualité de l’eau, souvent réalisées via des groupements de communes ou syndicats mixtes. Elles peuvent par ailleurs choisir d’assurer elles-mêmes les services de distribution et d’assainissement de l’eau (en régie municipale ou en intercommunalité) ou de les déléguer à une entreprise privée, ce qui influe sur nos factures.

Enfin, les maires ont une responsabilité sur la préservation des ressources en eau et la hiérarchisation des besoins. Ils et elles ont un rôle crucial à jouer notamment en s’opposant à la construction de « réserves de substitution » (ou « mégabassines »). Par ailleurs, en cas de sécheresse et de restrictions sur la consommation d’eau imposées par la préfecture, ils et elles peuvent renforcer, préciser et compléter ces mesures dans des arrêtés municipaux (sur le lavage des véhicules, le remplissage des piscines, l’arrosage des pelouses publiques et privées…) pour les adapter au contexte local.

4. Nos factures d’énergie vont-elles baisser ?

Quand on parle des factures d’énergie, on pense généralement au prix de l’essence à la pompe, aux grands projets nucléaires coûteux et controversés ou au gaz russe ou américain ; moins au rôle que nos élu·es au niveau local peuvent jouer dans ce domaine.

Les maires et conseils municipaux peuvent tout d’abord faire baisser considérablement les factures d’énergie payées par la collectivité : celles qui sont payées par nos impôts pour éclairer nos rues, chauffer ou climatiser les bâtiments publics, faire fonctionner la flotte de véhicules municipaux. De grandes villes (comme Montpellier) ou de petits villages (comme Puch-d’Agenais) ont réalisé des économies d’énergie considérables en jouant sur les leviers suivants :

Au-delà des factures de la collectivité, les mesures prises au niveau des mairies et/ou des communautés de communes, d’agglomération et des métropoles peuvent aussi contribuer à réduire les factures énergétiques des ménages : certaines mettent en place des réseaux de chaleur urbains qui permettent à des familles de se chauffer pour moins cher, d’autres fournissent des aides locales en complément d’autres mécanismes départementaux ou nationaux pour financer les travaux de rénovation thermique de logements privés…

La politique globale mise en place par l’équipe municipale peut aussi permettre aux habitants de consommer moins de carburant : développement des services et commerces de proximité, mise en place de services de ramassage scolaire innovants et écolos, aménagements de pistes cyclables, aides pour acquérir des vélos électriques ou véhicules intermédiaires (type vélo-cargo, quadricycles…), rôle moteur au niveau de l’agglomération pour des transports en commun accessibles et efficaces. Des leviers bons pour l’environnement comme pour le portefeuille des habitant·es.


À ces quatre questions, on pourrait aisément en ajouter beaucoup d’autres : les initiatives locales, citoyennes et associatives de protection et de sensibilisation à l’environnement seront-elles soutenues ; les activités périscolaires en lien avec la nature et l’écologie seront-elles développées ; la biodiversité sera-t-elle protégée ; le lien social et la solidarité seront-ils favorisés ?…

Autant d’interrogations qui amènent à en poser une ultime : et si, face aux attaques contre l’environnement et la démocratie, nos communes devenaient des espaces de résistance, de solidarité et de solutions concrètes, écologiques et sociales ?

Les 15 et 22 mars 2026, posons-nous les bonnes questions !

Pour aller plus loin, quelques ressources sur les élections municipales 2026