Londres taxe les 4×4

Source : AFP
Le maire de Londres a annoncé aujourd’hui que la taxe quotidienne pour circuler en centre-ville passerait en octobre de 8 à 25 livres, soit 33,5 €, pour les véhicules les plus polluants (ceux qui produisent plus de 225 g de dioxyde de carbone au km). Une idée dont pourrait s’inspirer les candidats à la Mairie de Paris ?

Le bouillant Ken Livingstone espère qu’ainsi deux tiers des gros 4×4, surnommés « Chelsea tractors » (tracteurs de Chelsea, du nom d’un quartier aisé de l’ouest de Londres), et des puissantes voitures de sport ou de luxe –choisiront d’éviter de circuler dans le centre de Londres. Si Ken Livingstone est réélu en mai, cette mesure destinée à favoriser la réduction des émissions de gaz à effet de serre, prendra effet le 27 octobre. À cette date, les véhicules les moins polluants seront eux complètement exemptés.

« J’ai la plus grande sympathie pour le fermier des montagnes d’Écosse qui a besoin de son 4×4 pour se déplacer, a commenté M. Livingstone. Mais il n’y a absolument aucune justification à conduire des voitures aussi polluantes au centre de Londres. » La taxe « encouragera les gens à se tourner vers des véhicules plus propres ou les transports publics et assurera que ceux qui choisissent de continuer à conduire les véhicules les plus polluants aideront à payer pour les dommages environnementaux qu’ils causent, espère Ken Livingstone. C’est le principe du « pollueur payeur« . »

Mais si le principe de la zone de péage urbaine au centre de Londres, créée en février 2003 initialement pour réduire les embouteillages chroniques dont souffre la capitale, n’est pas discuté, cette hausse n’est pas sans susciter la polémique. « La proposition de Ken va accroître les embouteillages mais très peu réduire le CO2 à Londres, estime Sheila Rainger, directrice d’une association de défense des automobilistes. Les vrais pollueurs sont les vieilles bagnoles que les automobilistes n’ont pas les moyens de changer. Il s’agit d’une gesticulation politique plus que d’une tentative de résoudre les problèmes de qualité de l’air à Londres. » Boris Johnson, le candidat conservateur à la mairie de Londres, estime quant à lui que ce plan ne changera rien ni aux embouteillages ni à la qualité de l’air.

Mais les écologistes ont accordé leur assentiment au maire. « Le trafic routier est l’un des plus gros facteurs du réchauffement climatique », note Tony Juniper, directeur des Amis de la Terre. M. Livingstone escompte que le plan rapportera entre 30 et 50 millions de livres par an (40 et 67 millions d’euros), qui seront en grande partie réinvesties dans l’amélioration des pistes cyclables et le remplacement des bus. Environ 17 % des voitures qui circulent actuellement dans la zone payante sont susceptibles d’êtres concernées par cette nouvelle taxe et seulement 2 % pourraient être complètement exonérées.

La mairie admet que si le trafic a baissé depuis 2003, les embouteillages restent un souci quotidien. Mais, selon elle, la responsabilité en incombe aux travaux engagés pour élargir les voies de bus et les pistes cyclables. La création de la zone de péage, dont la surface initiale de 20 km2 avait été presque doublée en février 2007, a tout de même modifié les habitudes. Le nombre de Londoniens prenant le bus est passé de 88 000 à 116 000 entre 2002 et 2006, et celui des cyclistes de 12 000 à 18 000, selon TFL (Transport for London), l’organisme de gestion des transports en commun.
Au début du mois, M. Livingstone avait déjà annoncé la taxation des poids-lourds les plus polluants désirant entrer dans l’aire plus étendue du Grand Londres, dont il souhaite faire « la plus vaste zone à faibles émissions polluantes au monde ».