UNOC : les États attendus au tournant pour la protection des océans

La Conférence des Nations unies sur l’océan qui se tient à Nice du 9 au 13 juin est le moment politique le plus important sur les océans depuis l’adoption du Traité sur la haute mer en 2023. Selon les organisateurs, des dizaines de chefs d’État y participeront. Pour Greenpeace, les attentes d’une déclaration politique commune ambitieuse étant très faibles [1], le succès de cette conférence dépend désormais des engagements politiques concrets qui seront pris la semaine prochaine, en séance plénière et lors des événements parallèles.

Greenpeace appelle les gouvernements à rejeter fermement la demande de licence d’exploitation déposée par The Metals Company, à adopter une position ambitieuse sur la réduction de la production de plastique avant les prochaines négociations, et à ratifier le Traité sur la haute mer.

« Nous craignons toutefois que les dynamiques géopolitiques qui continuent de freiner la coopération internationale ne se reproduisent à Nice, déclare François Chartier, chargé de campagne Océans chez Greenpeace France. Cela risque de transformer la conférence en un simple forum de discussion, comme le montre l’état d’avancement du projet de déclaration politique. Les gouvernements négocient cette déclaration depuis plusieurs mois, mais le dernier projet manque des mesures nécessaires sur tous les sujets, de l’exploitation minière en eaux profondes à la lutte contre la pollution plastique. »

La protection des océans passe aussi par les eaux françaises

Quelques jours avant l’ouverture de l’UNOC, les autorités françaises ont empêché l’entrée du navire Arctic Sunrise de Greenpeace International dans le port de Nice. Cette mesure fait suite à la mise en évidence par Greenpeace France, le mois dernier, des faiblesses du réseau français d’aires marines protégées en Méditerranée, lors d’une expédition à bord de l’Arctic Sunrise. Le navire s’est également vu refuser la participation au défilé maritime du 8 juin alors qu’il y avait été invité par les organisateurs de l’UNOC.

« Le gouvernement français doit cesser de faire de la protection des océans une vitrine diplomatique, en ne portant des positions ambitieuses que sur les enjeux de la haute mer, tout en restant arc-bouté sur une approche au cas par cas concernant ses aires marines protégées, autorisant ainsi le chalutage de fond au sein de ces dernières », continue François Chartier

« De plus, cette forme de représailles suite à notre action qui consiste à nous retirer l’autorisation de venir avec notre navire est inacceptable et assez ridicule, dans la mesure où la présence de l’Arctic Sunrise visait avant tout à soutenir le moratoire sur l’exploitation minière, position que nous partageons avec le gouvernement ! Il est temps qu’Emmanuel Macron tienne ses engagements pris lors du sommet SOS Ocean d’annoncer à Nice des mesures fortes sur les AMP et en particulier de soutenir l’interdiction du chalutage de fond en leur sein. La France doit protéger réellement 30 % de ses espaces maritimes, 10 % en protection stricte, et revoir en profondeur le statut et la gestion des zones dites “protégées” », conclut François Chartier.

Greenpeace International a adressé une lettre de plainte officielle aux Nations unies, déplorant le comportement du gouvernement français hôte. La participation de la société civile est un élément essentiel de la Conférence des Nations unies sur les océans.

Notes

Des porte-parole sont disponibles sur Nice pendant la conférence.
Un dossier de presse est disponible en français 

La conférence s’articule autour de dix « panels d’action » couvrant divers sujets liés aux océans, de la pollution marine à la mobilisation des financements, en passant par le soutien aux petits pêcheurs et aux communautés côtières, et la conservation des écosystèmes marins. Les gouvernements ont soumis des propositions à chacun de ces panels, et les Nations Unies ont élaboré des documents conceptuels pour définir le cadre des discussions sur chaque sujet.

[1]https://www.greenpeace.fr/espace-presse/le-projet-de-declaration-de-la-conference-des-nations-unies-sur-locean-ne-parvient-pas-a-resoudre-la-crise-des-oceans/

[2] Le Traité requiert la ratification de 60 États pour entrer en vigueur. À ce jour, seuls 31 pays l’ont formellement ratifié : Palaos, Chili, Belize, Seychelles, Monaco, Maurice, États fédérés de Micronésie, Cuba, Maldives, Singapour, Bangladesh, Barbade, Timor-Leste, Panama, Sainte-Lucie, Espagne, France, Malawi, Îles Marshall, Antigua-et-Barbuda, République de Corée, Costa Rica, Chypre, Finlande, Hongrie, Lettonie, Portugal, Slovénie, Dominique, Norvège et Roumanie.