Réautorisation du glyphosate pour 10 ans : la France doit s’opposer à la proposition de la Commission européenne !

Alors que la Commission européenne propose aujourd’hui de renouveler pour 10 ans l’autorisation d’utilisation du glyphosate, Greenpeace tire la sonnette d’alarme au sujet de l’utilisation de cet herbicide et demande à E. Macron de se positionner contre la réautorisation du glyphosate dans l’Union européenne, en raison de ses probables effets négatifs sur la santé humaine et l’environnement.

La proposition de la Commission européenne est totalement à contre-courant des multiples crises auxquelles fait face le monde agricole, dans un contexte de réchauffement climatique et d’effondrement de la biodiversité, rappelle Ariane Malleret, chargée de campagne Agriculture à Greenpeace France. La France doit jouer un rôle moteur et sans ambiguïté pour faire interdire le glyphosate en Europe. Alors que E. Macron s’était engagé en 2017 à sortir du glyphosate, le gouvernement doit prendre ses responsabilités et interdire cette substance classée « cancérogène probable » pour l’homme par le Centre international de recherche sur le cancer [1]. L’Inserm a conclu en 2021 que le glyphosate « semble présenter » des propriétés de perturbation endocrine [2]. La France ne peut pas et ne doit pas s’opposer à ces avis scientifiques en se positionnant en faveur de la réautorisation de cet herbicide. Il est nécessaire de respecter le principe de précaution pour garantir un niveau élevé de protection de la santé humaine et de l’environnement.”

 

Les député.es européens écartés du vote 

Greenpeace dénonce également le processus de décision de cette autorisation, qui court-circuite purement et simplement le Parlement européen, seule instance européenne directement élue. En effet, après cette proposition de la Commission européenne, le renouvellement de l’autorisation de l’herbicide passera par un texte réglementaire qui ne requiert pas d’être validé par le Parlement européen. L’adoption d’une résolution au Parlement permettrait pourtant de faire monter la pression sur les États membres, qui doivent voter sur ce renouvellement lors de la prochaine SCoPAFF à la mi-octobre [3].

 

Des lacunes dans les évaluations européennes

En juillet dernier, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a rendu son évaluation des risques liés au glyphosate, estimant qu’il n’y a « aucun sujet critique de préoccupation concernant son utilisation, ni pour l’environnement, ni pour la santé humaine”.

Pourtant, un récent rapport de Générations Futures a révélé d’importantes différences d’analyses entre la recherche médicale française (Inserm) et les agences d’évaluations européennes (EFSA et ECHA) : celles-ci n’ont pas pris en compte un certain nombre d’études scientifiques sur les effets négatifs du glyphosate, notamment sur la reproduction humaine [4]. 

 

L’opinion publique contre l’utilisation du glyphosate

Enfin, un récent sondage commandé par le Pesticides Action Network et Générations Futures révèle que 62 % des personnes interrogées dans six pays de l’UE se sont déclarées favorables à une interdiction de l’utilisation du glyphosate [5]. Ce chiffre s’élève à plus de 70% au sein de la population française. 

 

Notes aux rédactions :

[1] CIRC / OMS : https://www.iarc.who.int/featured-news/media-centre-iarc-news-glyphosate/ 

[2] https://presse.inserm.fr/publication-de-lexpertise-collective-inserm-pesticides-et-effets-sur-la-sante-nouvelles-donnees/43303/

[3] SCoPAFF : comité permanent sur la législation des pesticides des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale.

[4] https://www.generations-futures.fr/actualites/glyphosate-inserm-agence/

[5] https://www.pan-europe.info/press-releases/2023/09/european-citizens-support-eu-ban-glyphosate