Les émissions cumulées depuis l’accord de Paris de cinq majors fossiles, dont TotalEnergies, seront responsables de plus de 5 000 milliards de dollars de dommages économiques

Les dommages économiques liés aux émissions de dioxyde de carbone (CO₂) de cinq grandes compagnies pétrolières et gazières entre 2016 et 2025 devraient dépasser à terme 5 000 milliards de dollars, selon des experts du coût social du carbone (CSC).

Pour dénoncer cette facture colossale, des militant·es de Greenpeace USA ont déployé une « facture climatique » géante de 50 mètres de long – la taille d’une piscine olympique – à Manhattan, lors d’une marche organisée pendant la Climate Week NYC, à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU et du Sommet sur le climat.[1]

Mads Christensen, directeur exécutif de Greenpeace International, présent sur place, a déclaré : « Personne n’est à l’abri des vagues de chaleur meurtrières, des incendies, de la pollution de l’air et de la montée des eaux. Pourtant, ceux qui sont le mieux protégés de la crise – les ultra-riches et les géants du pétrole et du gaz – continuent de s’enrichir pendant que nous payons la note. Il est temps de changer la donne : les gouvernements doivent faire payer les pollueurs et utiliser cet argent pour financer un avenir durable et sûr. Les dirigeant·es mondiaux ont une chance historique à la COP30 et dans les négociations pour une Convention fiscale mondiale de l’ONU de combler le déficit de financement climatique et de lever des milliards pour protéger les populations et la planète. Nous exigeons une nouvelle taxe sur les profits mondiaux des compagnies pétrolières et gazières, ainsi qu’une fiscalité accrue des grandes fortunes et des mesures contre les flux financiers illicites. »

Cette nouvelle analyse conclut que les émissions rejetées par seulement 5 majors pétro-gazières occidentales sur la période 2016-2025 devraient représenter plus de 5 000 milliards de dollars de dommages, avec des coûts qui frappent déjà les populations aujourd’hui et se poursuivront jusqu’à l’an 2300.[2] Cela représente près de 7 000 fois le montant actuellement promis par les pays au Fonds des pertes et dommages de l’ONU, destiné à soutenir les communautés du Sud global confrontées aux impacts du changement climatique.[3]

Dans le détail, en appliquant la méthodologie du CSC pour estimer les dommages totaux par entreprise (en dollars US 2020) :

Les émissions de ces entreprises alimentent la crise climatique et aggravent la fréquence et la gravité des incendies, inondations, typhons, vagues de chaleur et sécheresses. Elles entraînent des coûts énormes pour la société, notamment en matière de santé, de montée du niveau des mers, de perturbation de l’approvisionnement énergétique, d’agriculture et de productivité du travail.

Lorelei Limousin, chargée de campagne climat de Greenpeace France, a déclaré : « Derrière ce chiffre impressionnant, ce sont des vies qui sont concrètement touchées. Des communautés perdent leurs maisons, leurs écoles et leurs moyens de subsistance, tandis que les entreprises du pétrole et leurs actionnaires engrangent des profits astronomiques. Il est temps qu’ils paient. A l’heure où l’austérité budgétaire tente d’être imposée par les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron, sur le dos des plus précaires et des ménages modestes, cette injustice flagrante est insupportable. Tenir ces entreprises responsables des dommages qu’elles ont causés est une question de bon sens. »

La facture géante, portée par les militant·es lors de la manifestation à New York, rappelait certains des événements climatiques extrêmes les plus marquants de la dernière décennie.[4] Ces catastrophes deviennent plus fréquentes et plus graves en raison des émissions de l’industrie fossile. Ces 10 dernières années, la planète a connu les 10 années les plus chaudes jamais enregistrées,[5] tandis que depuis l’accord de Paris, les profits cumulés d’ExxonMobil, Chevron, Shell, BP et TotalEnergies s’élèvent à près de 800 milliards de dollars.[6] Cette semaine, l’Imperial College de Londres calculait qu’en ce seul été 2025, les vagues de chaleur ont été responsables d’au moins 15 000 décès directement attribuables au changement climatique.[7]

Les gouvernements du monde entier doivent présenter, lors du Sommet sur le climat la semaine prochaine, des plans d’action climatique (CDN) ambitieux afin de combler l’écart d’ambition et de limiter le réchauffement global à 1,5 °C. Lorelei Limousin, chargée de campagne climat de Greenpeace France, a ajouté : « La France a, par la voix d’Emmanuel Macron, fait dérailler le processus européen au détriment de l’ambition climatique de la CDN de l’Union européenne et de la dynamique internationale. C’est indigne d’un président de la République qui s’affiche pourtant fier garant de l’accord de Paris. En tant que pays co-fondateur du groupe de travail sur les prélèvements de solidarité internationale, la France ne s’est toujours pas engagée concrètement à faire payer l’industrie fossile pour aider les communautés, au Nord comme au Sud, à faire face à la crise climatique. »


Notes :
[1]
 Draw the Line est une série mondiale d’événements qui a débuté le 15 septembre, marquée par un week-end d’actions du 19 au 21 septembre et qui se traduira en France par les Marches des résistances « Climat, Justice, Libertés », le dimanche 28 septembre.
[2] La quantification des dommages économiques depuis 2015 a été fournie à Greenpeace International par le professeur James Rising de l’université du Delaware et Dr Lisa Rennels de l’université de Stanford. L’analyse, disponible ici, utilise les données de la Carbon Majors Database et la méthodologie du coût social du carbone (CSC). Le CSC est utilisé pour attribuer une valeur monétaire aux dommages futurs causés par une tonne supplémentaire de CO₂ entre l’année de son émission et l’année 2300.
[3] Les gouvernements ont jusqu’ici promis 768,4 millions de dollars au Fonds des pertes et dommages de l’ONU.
[4] La facture géante mentionne certains des événements climatiques extrêmes les plus coûteux depuis l’accord de Paris, issus de la base de données internationale EM-DAT.
[5] Selon l’Organisation météorologique mondiale, 2024 est confirmée comme l’année la plus chaude jamais enregistrée, avec +1,55 °C par rapport à l’ère préindustrielle.
[6] Total des bénéfices déclarés entre 2016 et la première moitié de 2025 pour ExxonMobil, Chevron, BP, Shell et TotalEnergies, sur la base de leurs rapports financiers.
[7] Summer heat deaths in 854 European cities more than tripled due to climate change, Imperial College de Londres.