Greenpeace c. Energy Transfer : le premier procès basé sur la directive anti procédures-bâillons s’ouvre en Europe pour défendre la liberté d’expression

Ce mercredi 2 juillet, la première étape de la réponse judiciaire de Greenpeace International pour contester la poursuite-bâillon intentée contre elle par la compagnie pétrogazière américaine Energy Transfer aux États-Unis, a eu lieu devant le tribunal d’Amsterdam.
Cette audience est la première basée sur la nouvelle directive européenne contre les poursuites-bâillons (“directive anti-slapp”) adoptée en 2024, visant à protéger la liberté d’expression et à mettre un terme aux procédures abusives.

© Tengbeh Kamara / Greenpeace – le 2 juillet 2025
Des militantes et militants de Greenpeace International et de ses alliés étaient présent·es à l’extérieur du palais de justice d’Amsterdam pour la première audience de procédure dans cette affaire


« Les poursuites abusives, comme les procédures-bâillons, représentent une menace grave pour la liberté d’expression et le droit de manifester pacifiquement. L’action en justice que nous engageons aujourd’hui pourrait permettre de mettre un terme à ces tactiques d’intimidation qui cherchent à faire taire la contestation, et de démontrer que les entreprises ne peuvent pas museler la société civile. L’objectif d’Energy Transfer est de masquer la réalité, à savoir qu’ils engrangent des milliards en polluant la planète avec leurs activités pétrolières et gazières », a commenté Mads Flarup Christensen, directeur général de Greenpeace International, lors d’une conférence de presse ce matin devant le palais de justice d’Amsterdam.

Une affaire toujours en cours

Energy Transfer a intenté deux poursuites-bâillons consécutives contre Greenpeace International et deux entités de Greenpeace aux États-Unis, après les manifestations pacifiques de 2016 contre son oléoduc Dakota Access. La première affaire a été rejetée, mais les organisations de Greenpeace continuent de se défendre contre la seconde, toujours en cours.
En mars dernier, un jury du Dakota du Nord a condamné plusieurs entités de Greenpeace à payer plus de 665 millions de dollars de dommages et intérêts à Energy Transfer pour avoir manifesté leur solidarité avec la protestation menée par les communautés autochtones. Le juge n’a toujours pas rendu sa décision finale dans cette affaire.


Une procédure inédite

La procédure du 2 juillet a un caractère inédit : c’est la première fois que la directive européenne contre les procédures-bâillons, adoptée en avril 2024, est invoquée en justice. Elle a été conçue pour protéger les journalistes, les activistes, les organisations de la société civile ou toute autre personne s’exprimant sur des sujets d’intérêt public, contre les procès d’intimidation sans fondement intentés par de puissantes entreprises ou de riches particuliers dans le but d’étouffer le débat public. Dans cette affaire, le droit néerlandais et le droit européen s’appliquent, dans la mesure où le siège de Greenpeace International se situe aux Pays-Bas.

« En faisant appel aux protections de la directive anti-SLAPP de l’UE, Greenpeace International refuse de se soumettre aux tactiques d’intimidation de puissantes entreprises fossiles comme Energy Transfer qui tentent de compromettre nos droits fondamentaux et notre liberté d’expression. Cette affaire ouvre la voie à la mise en place de protections similaires dans toute l’Europe et au-delà », conclut Amy Jacobson, juriste pour Greenpeace International.

Notes aux rédactions :