Diesel : les constructeurs automobiles continuent d’enfumer nos villes

Une enquête de Greenpeace Royaume-Uni révèle que des dizaines de modèles de voitures diesel parmi les plus récents, actuellement en vente en Europe, émettent des quantités dangereuses d’oxydes d’azote (NOx) largement supérieures aux normes existantes pour la qualité de l’air. Parmi les 10 modèles les plus polluants en ville, pas moins de six sont produits par le groupe Renault-Nissan.

© Elizabeth Dalziel / Greenpeace

Greenpeace Royaume-Uni a obtenu et analysé en détail les émissions de NOx lors de tests en conditions de conduite réelles pour des voitures diesel autorisées à la vente entre avril 2016 et septembre 2017. La moitié d’entre elles seraient interdites à la vente aujourd’hui, alors que certaines ne sont sur le marché que depuis quelques mois. En effet, d’après les données rassemblées par Greenpeace, les émissions de nombreux nouveaux modèles diesel sont supérieures aux limites légales en conditions de conduite réelles. Mais les voitures en question ont passé ces nouveaux tests avant septembre 2017, alors que ces derniers n’étaient pas encore pris en compte pour autoriser ou non la vente des véhicules.

Les tests en conditions de conduite réelles avaient été une des réponses au scandale du DieselGate de 2015 qui avait révélé l’installation par le groupe Volkswagen d’un logiciel truqueur sur des millions de voitures, afin de réduire artificiellement les émissions lors des tests en laboratoire. Gêné par l’introduction de ces tests sur route plus rigoureux en avril 2016, le lobby automobile a manœuvré pour qu’aucune limite d’émissions de NOx ne lui soit imposée sur ces nouveaux tests avant septembre 2017.

Pour Sarah Fayolle, chargée de campagne Climat à Greenpeace France, « les constructeurs automobiles ont exploité les faiblesses de la législation européenne et ont profité de la période de transition entre deux systèmes de test pour faire homologuer des dizaines de nouveaux modèles extrêmement polluants, au mépris de la santé de toutes et tous ».

Des modèles Scenic, Mégane et Captur, parmi les meilleures ventes de Renault en 2017, font partie des dix modèles les plus polluants lors des tests de conduite en ville. La Renault Scenic Energy dCi 95 émet 396 mg/km de NOx en moyenne dans les tests en conditions de conduite réelles, soit 2,4 fois plus que la limite légale actuelle et près de 5 fois plus que la norme Euro 6.

« Ces résultats catastrophiques démontrent une fois de plus l’irresponsabilité des constructeurs automobiles : ils se moquent de la crise climatique et de la pollution atmosphérique qui étouffe nos villes. Face à eux, les responsables de nos agglomérations peuvent protéger notre santé en sortant du tout-voiture, en investissant dans les transports en commun, les infrastructures cyclables et piétonnes et en encourageant les mobilités partagées », analyse Sarah Fayolle.  

Notes aux rédactions

Les résultats complets de l’enquête menée par Greenpeace Royaume-Uni sont disponibles en anglais ici