COP30 – La France doit guider le Mutirão vers l’action

En vue d’accélérer les négociations, la présidence brésilienne de la COP30 a publié ce matin un projet de texte de décision nommé Mutirão « unissant l’humanité dans une mobilisation mondiale contre le changement climatique ». Dans la langue amérindienne tupi-guarani, Mutirão est une action collective au service du bien commun. La présidence a proposé ce texte pour mettre plusieurs options sur la table à propos de sujets qui divisent encore les Parties à ce stade des négociations. Le Mutirão formule des propositions sur les financements climat, les mesures commerciales unilatérales et face au manque d’ambition des États pour maintenir l’objectif de 1,5 °C de réchauffement.

Pour Greenpeace, le Mutirão a le mérite de reconnaître le fossé entre l’objectif de limiter la hausse des températures à 1,5 °C et les engagements actuels des pays. Le texte propose notamment une « feuille de route de Belém vers 1,5 °C ». C’est un premier pas vers l’action, mais celle-ci ne doit pas devenir une feuille de route qui ne mène nulle part. Appeler à des ateliers et des tables rondes dans ce texte pourrait revenir à ajouter encore plus de discussions, alors que nous avons besoin de plans d’action. Plus loin, le Mutirão formule également des propositions concernant la déforestation et la sortie des énergies fossiles, mais il manque des plans concrets et des programmes de travail internationaux qui engagent tous les pays signataires de l’accord de Paris et permettent de traduire les engagements de la COP29 sur ces deux sujets.

Greenpeace observe également un début de pistes crédibles sur le financement climatique, notamment le triplement des financements pour l’adaptation, essentiels pour soutenir les pays vulnérables. Le Mutirão propose plusieurs options sur ce sujet. Greenpeace appelle à travailler sur la base des options les plus justes qui permettent d’opérationnaliser les engagements des pays développés en matière de financements pour les pays en développement, en mettant à contribution l’industrie fossile qui représente une source de financement public considérable.

Pour Lorelei Limousin, chargée de campagne Climat pour Greenpeace France : « À Belém, la France s’est prononcée, avec d’autres pays, en faveur d’une feuille de route pour sortir des énergies fossiles. C’est un signal positif, mais elle doit désormais être active pour favoriser l’adoption d’une décision qui engage tous les États dans la mise en œuvre opérationnelle d’une sortie équitable et ordonnée de ces énergies. La France doit également contribuer à remettre la lutte contre la déforestation au centre de l’agenda pour obtenir des résultats concrets à l’occasion de la COP30. »

Elle ajoute : « Un changement de position de la France sur les financements publics destinés aux pays en développement[1] faciliterait considérablement les négociations et ouvrirait la voie à une nouvelle dynamique pour accélérer l’ambition climatique internationale. L’argent existe : l’industrie fossile engrange des centaines de milliards de dollars de profits sur le dos des victimes de la crise climatique et, pour l’instant, demeure intouchée à Belém. »


[1] Article 9.1 de l’accord de Paris