COP24 : la France n’est pas à la hauteur de l’urgence climatique

Alors que la COP débute aujourd’hui en Pologne, Greenpeace France s’inquiète des choix d’Emmanuel Macron sur le climat et l’énergie.
Le GIEC demande aux États d’accélérer franchement, mais le Président français fait le choix des reculs. La France se présente donc à la COP 24 avec un déficit de crédibilité.

« Le Président français a tenté de se faire passer pour le champion du climat, mais les faits parlent d’eux-mêmes », rappelle Clément Sénéchal, chargé de campagne climat de Greenpeace France. « La France n’est pas à la hauteur de l’urgence climatique. Au plan national, les émissions de CO2 ne cessent d’augmenter [1]. Pire, la France a renoncé à atteindre ses objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre jusqu’en 2023 au moins, soit après la fin de ce quinquennat ».

Action Greenpeace sur la seine face à la tour Eiffel des activistes en canoës tiennent des banners

Aucun Haut Conseil ne pourra sauver le climat sans changement de cap politique. Dans la programmation pluriannuelle de l’énergie publiée cette semaine, le Président français a fait le choix de reculer d’au moins 10 ans la transition énergétique au bénéfice de la filière nucléaire, pourtant vieillissante, coûteuse et dangereuse. Par ailleurs, le gouvernement n’a pris aucune mesure suffisante pour sortir de notre dépendance aux énergies fossiles dans les transports [2] ni réduire les émissions du secteur agricole, deux des secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre [3].

L’obsession nucléaire française fait perdre des années cruciales à la lutte contre le changement climatique et risque de bloquer le dialogue franco-allemand, pourtant central dans la rehausse nécessaire de l’ambition climatique européenne.

« Les Etats membres ne parviennent pas à se mettre d’accord sur la rehausse de leur contribution climatique d’ici à 2020, pourtant prévue par l’Accord de Paris. Notamment parce que l’Allemagne voit d’une très mauvais œil l’instrumentalisation du débat climatique au profit d’EDF et de son nucléaire, alors qu’il faudrait s’accorder pour une sortie coordonnée du charbon et du nucléaire entre les deux pays », explique Clément Sénéchal.

La COP 24 est un moment crucial pour l’action climatique internationale. Les États devront en effet adopter des règles d’application communes, robustes et équitables pour l’Accord de Paris. Il faudra également qu’ils fassent la démonstration d’un réel engagement diplomatique, en acceptant de rehausser drastiquement leurs contributions climatiques (les CDN) afin de s’aligner sur les objectifs de l’Accord de Paris et donner au monde une chance de limiter la hausse des températures à 1,5°C.

Notes aux rédactions

[1] En 2017, les émissions de CO2 ont bondi de 1,8% en moyenne dans les 28 pays européens, et de 3,2% en France.

[2] Pour lutter efficacement contre les changements climatiques, la France doit considérablement réduire sa dépendance au pétrole, au transport routier et à la voiture. Pourtant, le projet de loi d’orientation des mobilités, présenté lundi 26 novembre par le gouvernement, ne fixe pas de date de fin de vente des véhicules diesel et essence qui soit compatible avec un réchauffement climatique limité à 1,5°C. Pire, il laisse encore une place à de nouvelles infrastructures routières et autoroutières, catastrophiques pour le climat.

[3] https://www.ecologique-solidaire.gouv.fr/suivi-strategie-nationale-bas-carbone