Climat : la convention citoyenne remet un bonnet d’âne au gouvernement

Réunis une dernière fois, les citoyens et citoyennes tirés au sort il y a maintenant plus d’un an et demi ont très sévèrement évalué la prise en compte de leurs recommandations par le gouvernement, en particulier à travers le projet de loi “Climat et résilience”.

Pour Greenpeace France, ce verdict est plus que cinglant pour Emmanuel Macron qui s’était personnellement impliqué en recevant les membres de la CCC à l’Elysée en juin dernier et en promettant le désormais célèbre “sans filtre” qui n’a jamais existé que dans la communication présidentielle.
La dernière chance de la loi “climat et résilience“ est désormais d’être radicalement revue à la hausse par les parlementaires dès son passage en commission.

On ne peut pas demander à des citoyens et citoyennes de s’impliquer pendant des mois sur un sujet aussi crucial et attendre d’eux d’adhérer à la manipulation qui en est faite”, analyse Clément Sénéchal, chargé de campagne politiques climatiques pour Greenpeace France.

Pour les membres de la Convention citoyenne, la prise en compte par le gouvernement de leurs propositions est notée de seulement 3,3 sur 10.

Cette gifle illustre la déconnexion profonde qui existe entre Emmanuel Macron et la population sur les enjeux écologiques. La raison d’être de ce panel de citoyennes et citoyens tirés au sort était de proposer une feuille de route marquée par une forte acceptabilité sociale, tant sur le rythme de la transition à mettre en œuvre que sur le contenu des mesures attendues. Elle a été réduite en confettis. Contrairement à une idée reçue, cette expérience a montré que la transition écologique souffrait d’abord d’un problème d’acceptabilité gouvernementale. L’efficacité éventuelle de la nouvelle loi climat dépend dorénavant d’un sursaut des député·es de la majorité, qui doivent profiter de son examen pour engager les réformes radicales requises par l’urgence climatique« .

Pour Greenpeace France, le projet de loi “Climat et résilience” est très loin d’être suffisant pour engager la rupture nécessaire afin d’enrayer la crise climatique et nous ramener sur une trajectoire cohérente avec les objectifs de l’Accord de Paris. Comme le démontre en détails une étude récente du cabinet d’expertise Carbone 4, il ne permettra pas de faire baisser nos émissions de GES de 40% d’ici 2030, et encore moins d’atteindre le nouvel objectif européen (55% de réduction de GES) alors que la science recommande une réduction de 65%.

Ce manque d’ambition a été pointé du doigt par de multiples études et rapports (CNTE, CESE, HCC), y compris gouvernementales (rapport BCG ou étude d’impact), tandis que le Conseil d’Etat a rendu un avis très critique sur le plan juridique.