[ACTION EN COURS] Greenpeace dépose des rochers au fond du golfe du Lion pour empêcher le chalutage de fond
Ce mercredi 21 mai dès l’aube, Greenpeace France a déployé 15 rochers de calcaire au fond du parc marin du golfe du Lion, au large de l’Occitanie. Transportés à bord de l’un des bateaux de l’organisation, l’Arctic Sunrise, les rochers, pesant chacun une à deux tonnes, ont été déposés de façon à quadriller un périmètre pour y empêcher le chalutage de fond. Ce faisant, Greenpeace entend dénoncer le laisser-faire du gouvernement français concernant la protection de ses aires marines protégées, et l’appelle à s’engager à interdire le chalutage de fond au sein de ces dernières d’ici la Conférence des Nations unies sur l’océan (UNOC-3), qui aura lieu à Nice en juin prochain.
Après avoir témoigné de la présence systématique du chalutage de fond dans les Bancs des Flandres en décembre 2024, publié un rapport co-écrit avec le CNRS pour proposer une meilleure répartition des aires marines protégées (AMP) en avril, Greenpeace France durcit le ton face au manque d’ambition du gouvernement français : l’organisation a dépêché l’un de ses navires, l’Arctic Sunrise, pour installer elle-même des récifs artificiels au fond du parc naturel marin du golfe du Lion, rendant ainsi impossible le chalutage de fond dans la zone.
L’organisation a ainsi déposé 15 rochers au fond du parc marin et déployé des banderoles portant les messages « Le gouvernement n’agit pas, nous si », et « Protection d’aire marine en cours ».
Le golfe du Lion abrite une biodiversité remarquable telle que des herbiers de Posidonie, des récifs coralligènes et des espèces vulnérables comme les gorgones, les cigales de mer, la baleine franche et le thon rouge.

© Lorraine Turci / Greenpeace
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Pour François Chartier, chargé de campagne Océans chez Greenpeace France, « Voilà maintenant plusieurs années que la position de la France, qui refuse de réguler les activités destructrices dans ses aires marines protégées, est dénoncée de manière unanime par les ONG et de nombreux scientifiques. Cette position est tout simplement incompatible avec le principe même d’une AMP. Pourtant, le gouvernement reste arc-bouté sur une vision archaïque opposant conservation du milieu marin et activité de pêche. Agnès Pannier-Runacher refuse de se conformer aux standards internationaux sur les niveaux de protection dans les AMP, lui préférant une approche au « cas par cas », sans fondement. La ministre doit entendre notre demande qui est aussi celle de toutes les associations de protection de l’océan : elle doit interdire le chalutage de fond dans les aires marines protégées. »
Les prochaines semaines constituent une opportunité politique majeure pour annoncer cette interdiction. En tant que co-organisatrice, aux côtés du Costa Rica, de la troisième Conférence des Nations unies sur l’océan, la France est attendue au tournant. Si elle s’est, à plusieurs reprises, montrée exemplaire sur la scène internationale, via la voix d’Emmanuel Macron, en s’opposant à l’extraction minière en eaux profondes ou encore en défendant le Traité sur la haute mer, la France doit maintenant aligner ses actes avec ses discours et faire preuve d’exemplarité dans ses propres eaux. Il en va de sa crédibilité quant à son ambition de défendre les océans.
Suivre la trajectoire de l’Arctic Sunrise et des endroits où sont placés les rochers