Algues vertes : le risque de zones mortes

Cette année à nouveau, la prolifération d’algues vertes sur les côtes bretonnes fait la Une des médias. Car, l’été, lorsque la température de l’eau augmente, les algues déjà présentes dans l’eau se multiplient et viennent s’échouer sur les plages, où elles se décomposent.

Les algues vertes sont toujours là

Ce phénomène, l’eutrophisation, est due à un excès de nutriment (azote, phosphore provenant des eaux usées) qui déséquilibre l’écosystème et qui a pour conséquence une croissance excessive d’espèces végétales (algues vertes).

En Bretagne, ce phénomène est principalement lié à l’élevage et à l’agriculture il est connu depuis plusieurs années.

Notons que la Bretagne a déjà été mise en défaut par la directive nitrate de l’Union européenne, pour ne pas avoir respecté les limites de nitrate autorisées. Dans un rapport de 2010 de la Commission européenne, il est indiqué que : « La pression exercée par l’agriculture varie énormément d’un État membre à l’autre. Les zones à forte charge nutritive sont  notamment les Pays-Bas, la Flandre (Belgique) et la Bretagne (France) (…) En particulier, l’Angleterre, la Flandre et  la Bretagne affichent des valeurs élevées, supérieures à 40 mg/l. »
La France a d’ailleurs été condamnée par la Commission européenne pour cause de pollution des eaux de surface par les nitrates en Bretagne, mais n’a finalement jamais payé l’amende…

L’apparition des « zones mortes » : un phénomène mondial qui va en s’aggravant

Ce phénomène de  « marée verte » comporte des risques : le plus connu est la potentielle toxicité pour les mammifères. Mais l’impact majeur est l’apparition de « zones mortes », un phénomène qui se généralise partout dans le monde (Golfe du Mexique, Californie, Canada, Bretagne…).
Les eaux de ruissellement associées aux pratiques agricoles industrielles transportent des quantités importantes d’engrais, ce qui a pour effet d’étouffer les rivières, les lacs et les océans.

L’usage excessif de fertilisants artificiels et l’entreposage inadéquat du lisier provenant des élevages ont pour effet de rejeter chaque année dans les cours d’eau de la planète 27 millions de tonnes de matières azotées polluantes. Cette pollution favorise la croissance explosive d’algues ayant pour effet de priver les eaux d’oxygène dont la présence est indispensable à la vie, en plus de réunir des conditions favorables à la croissance de bactéries pathogènes.
La croissance de ces algues ou fleurs d’eau finit par créer des zones mortes, lesquelles sont devenues une réalité récurrente dans tous les océans et sur tous les continents. Le problème ne fera qu’augmenter au fur et à mesure que nos océans et nos eaux intérieures deviendront de plus en plus chauds en raison du climat. À moins que des mesures ne soient adoptées pour lutter contre l’usage excessif des engrais, la diversité biologique continuera de décroître, les pêches côtières et celles à l’intérieur des terres seront affectées et bien des plages pourraient devenir durant l’été des zones toxiques et dénuées de vie à éviter.
Le rapport de Greenpeace intitulé Zones mortes et publié en 2008, reste plus que jamais d’actualité. Ce rapport démontre comment aller de l’avant grâce à une révolution agricole durable.

La publication comporte des suggestions qui, si elles sont mises en pratique, permettraient de mettre un terme aux éclosions d’algues dangereuses. Parmi ces recommandations, citons notamment : l’élimination des eaux de ruissellement chargées de fertilisants par un emploi minimal des engrais et une couverture végétale permanente sur les sols; le rétablissement de la végétation naturelle le long des cours d’eau et des plans d’eau afin d’améliorer la rétention des nutriments et un meilleur financement de la recherche afin de mieux comprendre l’impact des nutriments dans la prolifération des zones mortes.

Télécharger le rapport Zones Mortes

Pour aller plus loin, les associations engagées sur le sujet :
L’association Eaux et Rivières
France Nature Environnement