30 de l’Arctique : Les partenaires français de Gazprom doivent prendre leurs responsabilités

Aujourd’hui, cela fait 50 jours que l’Arctic Sunrise a été arraisonné en mer de Barents. 50 jours que les 30 de l’Arctique sont détenus par les autorités russes alors qu’ils ne faisaient que protester pacifiquement contre les agissements de Gazprom en Arctique.

Si Gazprom est mal connu en France, ses partenaires tricolores sont des grands noms : GDF – Suez, BNP Paribas, Air Liquide, Lazard Frères. Renault et Total, sans être partenaires de Gazprom à proprement parler, ont des intérêts très forts sur le marché russe.

6 entreprises qui ont une responsabilité particulière vis-à-vis des 30 de l’Arctique

Il existe des textes internationaux établissant clairement la responsabilité des entreprises en matière de droits humains, que cela concerne leurs activités directes, leurs investissements, leurs relations commerciales ou leurs partenariats. Il s’agit notamment du texte des principes directeurs des Nations-Unies relatifs aux entreprises et aux droits de l’Homme

Parmi ces droits : le droit de manifester. C’est à la lumière de ces textes que doit être observée la situation des 30 de l’Arctique, dont le droit à la protestation pacifique a été bafoué par Gazprom et les autorités russes.

Afin de rester en conformité avec ces principes directeurs, les partenaires de Gazprom doivent faire un choix et l’assumer. Deux options s’offrent à eux :
– dans le respect de ces textes, ils estiment qu’ils ont le pouvoir et le devoir d’intervenir en faveur des 30 de l’Arctique ;
OU
– ils considèrent qu’ils n’ont pas l’influence nécessaire et rompent leur partenariat avec Gazprom.

Par ailleurs, Renault, BNP Paribas, GDF, Total et la banque Lazard Frères sont toutes signataires du Pacte Mondial des Nations Unies par lequel elles s’engagent a respecter les droits de l’Homme, ce qui rend d’autant plus importante la responsabilité de ces entreprises vis-à-vis des 30 de l’Arctique emprisonnés en Russie.

Gazprom et ses partenaires français : qui fait quoi ?

GDF – Suez

GDF – Suez est le principal partenaire de Gazprom en France. Aujourd’hui, la quasi – totalité du gaz russe importé en France est acheté par GDF – Suez. Et ils ne comptent pas s’arrêter là : d’ici à 2030, GDF – Suez prévoit d’acheter 13 Giga m3 de gaz à Gazprom, soit 13% de ses approvisionnements à long terme.

BNP Paribas

La BNP est le 10ème actionnaire le plus important de Gazprom. Même si elle ne possède que 0,06% des actions du géant du gaz, elle reste l’un des actionnaires principaux. A ce titre, elle pourrait avoir une influence réelle sur la stratégie du groupe, d’autant plus qu’elle gère pour Gazprom des millions d’euro d’obligations.

Air Liquide

Air Liquide vient de signer un protocole d’accords avec Gazprom, concernant l’exploitation du gisement d’hélium de Chayanda en Sibérie.

Ne serait-ce pas là le moment opportun pour exiger des garanties sociales et environnementales de la part de leur partenaire Gazprom ?

Lazard Frères

Appartenant à la banque franco – américaine Lazard Frères, Lazard Emerging Markets Equity Instl et Lazard Asset Management détiennent respectivement 0,29% et 0,31% des actions de Gazprom USA.
Le Directeur Général de la banque Lazard Frères, Matthieu Pigasse, se présente comme un banquier engagé qui a « l’obsession de l’utilité sociale ». Nous attendons donc assez logiquement de Matthieu Pigasse qu’il se préoccupe des pratiques de son partenaire Gazprom et de la menace que ce dernier fait peser sur l’Arctique et ses défenseurs.

Renault et Total : Deux autres grandes entreprises françaises qui ont des intérêts forts en Russie

La Russie est un marché extrêmement important pour Renault. Elle représente le 4ème marché mondial pour la marque automobile. A cela s’ajoute le fait que Renault détient à hauteur de 25% la marque Avtovaz, qui produit la célèbre Lada.
Lors du dernier voyage de Jean-Marc Ayrault en Russie, le 30 octobre, nous n’avons pas été surpris de voir que la direction de Renault était du voyage. Outre les aspects évoqués précédemment, Renault occupe un siège au Conseil d’administration de la Chambre de commerce et d’industrie franco-russe.

Au même titre que Renault, Total siège également au Conseil d’administration de la chambre de commerce et d’industrie franco-russe. Total a passé plusieurs partenariats avec Gazprom en Russie. Il vient notamment de soumettre une nouvelle proposition pour l’exploitation du champ gazier de Chtokman en Arctique, qui se trouve dans la même zone que la plateforme Prirazlomnaya de Gazprom. En clair : alors que les 30 de l’Arctique sont détenus dans une prison à Mourmansk pour avoir voulu protéger l’Arctique des menaces qui pèsent sur lui, Total est en train d’essayer de convaincre Gazprom de se lancer dans un autre projet de forage dans la même zone !

Total est une des seules compagnies au monde à s’être engagée à ne pas faire d’exploration et forage pétroliers en Arctique, soulignant les risques environnementaux. Visiblement, il n’en est pas de même pour le gaz…

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