Réduire ses voyages en avion
une solution pour le climat

 

Ce n’est pas toujours facile de concilier ses envies d’évasion et ses valeurs écologiques. De nombreuses fausses idées, véhiculées notamment par les compagnies aériennes, circulent sur le véritable impact climatique de l’avion : la compensation carbone, les possibilités de rupture technologique (avion électrique, avion à hydrogène…).
Voyager régulièrement en avion pour le loisir est incompatible avec le défi climatique de notre génération. On vous explique pourquoi.

Réduire ses voyages en avion :
une solution pour le climat

Ce n’est pas toujours facile de concilier ses envies d’évasion et ses valeurs écologiques. De nombreuses fausses idées, véhiculées notamment par les compagnies aériennes, circulent sur le véritable impact climatique de l’avion : la compensation carbone, les possibilités de rupture technologique (avion électrique, avion à hydrogène…).
Voyager régulièrement en avion pour le loisir est incompatible avec le défi climatique de notre génération. On vous explique pourquoi.

Il n’y a pas que le CO2 à prendre en compte dans un voyage en avion

L’avion pollue, c’est un fait que personne ne contredira. Mais son impact est souvent sous-estimé. Par exemple, les émissions liées aux vols internationaux ne sont pas comptabilisées dans les chiffres officiels sur l’impact climatique du transport aérien en France. Ou encore, l’impact climat « hors CO2 » d’un vol en avion n’est pas souvent intégré dans les calculateurs d’émissions des compagnies aériennes.

Pourtant, pour évaluer réellement l’impact du secteur aérien sur le climat, il faut tenir compte de tous les facteurs aggravant la crise climatique.

Notamment, les traînées de condensation laissées lors du passage de l’avion sont l’un de ces facteurs. Elles forment une fine couche nuageuse favorisant l’apparition de cirrus qui réfléchissent les rayons du soleil dans l’atmosphère, augmentant l’effet de serre.
Cette pollution “hors CO2”, loin d’être insignifiante, est souvent omise par les compagnies aériennes dans le calcul de l’empreinte climatique de leurs vols.

Au niveau mondial, une étude scientifique publiée dans la revue Atmospheric Environment en janvier 2021 montre que pour connaître l’impact réel du secteur aérien sur le changement climatique, il faudrait multiplier par 3 les seules émissions de CO2.

Alors comment choisir et valoriser le mode de transport le moins polluant ? Vous pouvez utiliser l’outil en ligne et gratuit Mon Impact Transport, le calculateur développé par Datagir ADEME qui tient compte de tous les impacts de l’avion sur le climat.

La responsabilité du secteur aérien dans le dérèglement climatique

Le secteur aérien contribue à hauteur de 6% au réchauffement climatique

Au niveau mondial, l’une des dernières études scientifiques (2020) menées par Lee & all, évalue que le transport aérien a contribué à hauteur de 3,5% au réchauffement climatique total dû à l’activité humaine. C’est sa contribution “historique”.

Sa contribution actuelle au réchauffement climatique est sensiblement plus élevée, en raison de la croissance du trafic aérien. Stay Grounded, un réseau de plus de 170 organisations encourageant les alternatives à l’aviation, a estimé à 5,9% la contribution actuelle du secteur aérien par dans un rapport d’octobre 2022. L’Organisation de l’Aviation Civile Internationale (OACI) estime que les émissions de l’aviation pourraient doubler voire tripler d’ici 2050.

En France, le secteur aérien représente au moins 7% de l’empreinte carbone

En France, les émissions territoriales du transport aérien représentaient 4,1 % des émissions de gaz à effet de serre des transports en 2019.
Ces faibles chiffres s’expliquent par le fait que seuls les trajets internes à la France sont comptés (outre-mer compris), alors que les transports internationaux sont exclus. Ces vols représentent pourtant la grande majorité de la pollution.

Or, selon un rapport de B&L évolutions (juillet 2020), si l’on calcule l’impact climat des vols réalisés sur le territoire français ainsi que les vols internationaux de/vers la France “consommés” par des Français·es, le secteur aérien représenterait au moins 7,3% de l’empreinte carbone de la France. Cette approche, appelée l’approche “empreinte carbone”, est donc plus proche de la réalité.

Voyage en avion vert et “compensation” carbone : le vrai du faux

La “compensation carbone”, bien que trompeuse, est devenue l’expression à la mode des compagnies aériennes. Elle véhicule l’idée, fausse, que l’on peut “neutraliser” nos émissions en finançant une séquestration de carbone équivalente à nos émissions.

Pour « compenser » leur impact climatique, les acteurs du transport aérien s’engagent très souvent dans des projets de plantation d’arbres. De plus, ils promettent de limiter leur impact sur le climat en investissant dans le développement de carburants dits « durables ».

Ces offres cachent une lourde réalité.

Pour respecter le principe de neutralité véhiculée par la “compensation carbone”, il faudrait que l’action de compensation soit directe et immédiate. Or, l’absorption de CO2 n’est ni directe ni immédiate lorsqu’on plante des arbres. Il faut plusieurs décennies aux arbres pour atteindre la taille nécessaire pour commencer leur travail d’absorption.

De plus, n’oublions pas que les arbres sont complètement impuissants contre les effets hors CO2 du secteur aérien (formation de cirrus, augmentation de la concentration d’ozone…). Or ces effets représentent les 2/3 de l’impact climatique du secteur.

D’ailleurs, rien ne garantit qu’ils absorberont au cours de leur vie la totalité de nos émissions. La forêt est sujette aux aléas climatiques de plus en plus violents et nombreux comme les tempêtes, la sécheresse, les incendies ou les maladies. Et pendant ce temps, le trafic aérien ne cesse de croître de même que les émissions de gaz à effet de serre associées.

La compensation est un leurre et un concept dangereux car compenser ne permet pas (par définition) de réduire les émissions de gaz à effet de serre et cela fait même croire qu’une solution qui ne passerait pas par ces efforts de réduction est possible. Ce dont on a besoin face à la crise climatique, c’est que les secteurs émetteurs s’engagent à réduire dès maintenant et drastiquement leurs émissions.

A titre individuel, multiplier les vols de loisir est incompatible avec un mode de vie bas carbone. Les fausses solutions de neutralité proposées par les compagnies aériennes sont trompeuses. Il ne faut plus “compenser” nos émissions, il faut les réduire. Choisir de ne pas voyager en avion pour ses vacances de loisir est un acte fort pour le climat.

Voyager souvent en avion est incompatible avec un mode de vie bas carbone

L’empreinte carbone en France est en moyenne de 10 tonnes d’équivalent CO2 par personne. N’oublions pas qu’il s’agit d’une moyenne qui lisse la grande diversité des situations. Globalement, plus on est riche, plus on pollue. Par exemple, en France, les 10% les plus riches ont une empreinte carbone annuelle d’environ 25 tonnes CO2e, contre 5 tonnes pour les 50% les plus modestes.

Pour connaître votre propre empreinte carbone et les actions que vous pouvez faire pour la réduire, vous pouvez utiliser l’outil de l’Ademe, Nos Gestes Climat.

Sans utiliser cet outil, vous pouvez facilement vous faire une idée des activités les plus polluantes de votre quotidien grâce au graphique ci-dessous de Carbone4 et MyCO2.

Réduire ses voyages en avion une solution pour le climat - Graphique Carbone 4 décris ci-dessous

Attention, ce graphique représente une moyenne.

Comme la majorité des Français·es voyagent rarement en avion, la place de l’avion est très faible. Cependant, un trajet aller-retour Paris-Bali, ce sont 4 tonnes d’équivalent CO2 rejetées dans l’air. Cela équivaut à chauffer son appartement pendant 4 ans !

Carbone4 et MyCO2 se sont basés sur les moyennes de chaque activité et secteur. Une personne qui ne prend pas l’avion et qui ne possède pas de voiture aura une empreinte carbone beaucoup plus faible que ce qui est indiqué ici pour le secteur des transports. De même, une personne qui prend l’avion tous les mois pour des voyages de loisir aura une empreinte carbone bien plus forte dans la catégorie avion. Tout dépend de nos habitudes de vie et de nos modes de consommation.

Evidemment, tout le monde n’a pas les mêmes aspirations ou possibilités. Certains usages de l’avion restent nécessaires pour l’aide humanitaire ou les déplacements familiaux par exemple. Notre but est de sensibiliser aux ordres de grandeur et à l’impact concret d’un vol sur le climat.

Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C (objectif de l’accord de Paris), nous devrions passer de 10 tonnes à… moins de trois tonnes de CO2 e par an et par personne d’ici 2030 selon les chiffres du Programme des Nations Unies pour l’environnement. Or l’avion est tellement polluant que l’on peut dépasser cette limite avec un seul voyage.

Réduire ses voyages en avion solution pour le climat - graphique d'émissions CO2 par destination en avion

Conclusion

Durant les années 1980-90, les compagnies aériennes ont façonné un imaginaire de voyage parfaitement rôdé. Aujourd’hui, cet imaginaire reste ancré dans notre façon de voyager : nous croyons avoir besoin de l’avion pour nous dépayser et pour assouvir notre soif d’évasion.

En réalité, nous n’avons pas besoin de voyager loin pour nous sentir dépayser et trouver de la beauté, de l’évasion dans notre voyage. Choisir de voyager de façon écologique est une bonne alternative pour concilier dépaysement et la protection de l’environnement. Il existe de nombreux pays en Europe et de nombreuses régions en France accessibles par exemple en train qui ne demandent qu’à être découvertes.

Nous pouvons chacun et chacune agir à notre échelle. L’avion est le mode de déplacement le plus néfaste pour le climat. Au vu de l’urgence climatique, voyager autrement pour le loisir est possible et indispensable. Mais ce n’est pas toujours facile de savoir où partir… et surtout comment, quand on a pris l’habitude de voyager en avion. Téléchargez notre guide réunissant pas loin de 41 idées de voyages écolos accessibles sans avion à travers la France et l’Europe pour vous aider à trouver l’inspiration !

Je fonce !

Pour en savoir encore plus, vous pouvez consulter les cinq mythes sur le rôle du transport aérien dans les changements climatiques produit par le RAC (réseau action climat).

Bien que nécessaire, l’action individuelle n’est pas suffisante face au réchauffement climatique. C’est d’abord l’action politique qui est indispensable. Il est du ressort des responsables politiques de réguler les secteurs polluants comme le secteur aérien et de rendre accessibles et de soutenir les modes de transport alternatifs moins polluants comme le train.

* Le CO2e est une unité de mesure qui tient compte du pouvoir réchauffant de chaque gaz à effet de serre (GES). Le CO2e permet donc de calculer l’impact carbone total.

Crédit photo : © savoieleysse / AdobeStock