Présidentielle 2022 : chaud devant !

Election

Présidentielle 2022 : Emmanuel Macron

Nous avons analysé les programmes des douze candidat-es à la Présidentielle 2022.

Portrait d’Emmanuel Macron, candidat à l’élection présidentielle 2022

 Emmanuel Macron 

Déjà un quinquennat de perdu
pour le climat

Sa vision de l’écologie

Emmanuel Macron n’est pas un candidat comme les autres : il nous a quand même déjà fait perdre un quinquennat dans la lutte contre les changements climatiques et pour l’écologie ! Président sortant, il doit en effet composer avec un bilan dramatique sur l’écologie qui entame fortement la crédibilité de ses nouvelles propositions en tant que candidat. Il doit aussi composer avec la perte de crédibilité de sa parole sur les enjeux écologiques, liée à sa stratégie de mensonges et de renoncements pendant le quinquennat précédent, dont le traitement de la Convention citoyenne pour le climat a sûrement été l’exemple le plus frappant.

Ceci dit, son nouveau programme sur l’écologie a le mérite d’être conforme à son bilan : extrêmement faible. Le président-candidat passe à côté de la nécessité de transformer notre système économique et notre modèle de société dans un effort de solidarité, de partage de l’effort et de sobriété. Il n’est pas du tout à la hauteur sur les enjeux de régulation des entreprises polluantes et de transformation des secteurs polluants comme l’agriculture et les transports. Il rate le coche de la transition énergétique. Il ne se saisit pas non plus sérieusement de l’enjeu majeur de préservation de la biodiversité.

Le pire de son programme

Emmanuel Macron mise tout sur le mirage technologique. En espérant faire croire que la technologie suffira pour sauver le climat, il tente surtout de masquer son manque de courage pour organiser et accélérer la sortie des énergies fossiles, bousculer les intérêts privés des plus puissants et transformer le système économique actuel.  S’il a intégré le mot « sobriété » dans son vocabulaire et ses grands discours, le Président sortant continue dans les faits d’évacuer l’enjeu majeur de réduction et de maîtrise des consommations d’énergie et de ressources naturelles. Pourtant, le constat est clair : face à la crise écologique, les solutions technologiques ne suffiront pas et n’existent pour certaines pas encore (l’avion vert, par exemple), détournent dangereusement l’attention de la nécessité de réduire des émissions (les technologies de capture du carbone, par exemple) et/ou sont porteuses de risques majeurs (les nouveaux OGM, par exemple).

De plus, le candidat-président défend la construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR, faisant fi des échecs précédents, des incertitudes sur la technologie, des coûts, des risques, des difficultés de gestion des déchets radioactifs et des délais, bien trop longs pour répondre à l’urgence climatique. S’il parle de l’enjeu de développement des énergies renouvelables, il continue de passer à côté de l’objectif d’une énergie 100% renouvelable et il met un énorme coup de frein sur l’éolien terrestre en repoussant l’objectif actuel de 2030 à 2050 alors que cette filière est enfin arrivée à maturité en France.

Autres exemples de prises de positions dangereuses : il est pour l’assouplissement de la réglementation sur les nouveaux OGM et pour l’ultra-technologisation de l’agriculture. Il est aussi pour l’exploration minière en eaux profondes, malgré la menace qu’elle représente pour le climat et la biodiversité marine.

Inversement, il passe sous silence beaucoup d’enjeux clés : rien sur le partage de l’effort face à la crise écologique (il avait bloqué notre proposition d’un ISF climatique à l’Assemblée nationale lors du précédent quinquennat) et rien sur la régulation environnementale des acteurs économiques et financiers (il avait bloqué nos propositions d’interdiction des publicités et des dividendes climaticides et de définition d’éco-conditionnalités).

Rien sur la dépollution des flux financiers, la fin des subventions néfastes au climat ou des niches fiscales anti-écologiques.

Rien à la hauteur de l’enjeu sur la transformation du secteur automobile (la même logique de produire toujours plus de -grosses- voitures…), rien de concret sur la relance du ferroviaire et le développement des modes de transports alternatifs à la voiture, et pas un mot sur l’enjeu de réduction du trafic aérien.

Rien sur la sortie de l’élevage intensif, rien sur le soutien à l’agriculture écologique et paysanne, rien sur la réduction de la consommation de viande, rien sur la mise en place d’une sécurité sociale de l’alimentation qui permettrait de lutter contre la précarité alimentaire tout en encourageant le développement d’une agriculture écologique et paysanne.

Rien de sérieux sur la préservation de la biodiversité : par exemple, il ne dit pas un mot de l’enjeu de lutte contre la déforestation importée.

Le meilleur de son programme

On retrouve quelques propositions sectorielles sur des sujets importants, mais qui sont largement insuffisantes, comme sur le développement des énergies renouvelables ou sur la rénovation énergétique des logements – deux secteurs où des promesses similaires non réalisées avaient aussi été faites en 2017… Et cela ne suffit en aucun cas au regard des manques profonds sur la transformation du système économique et financier et des secteurs polluants.

Même les mesures « environnement » proposées par le candidat donnent l’impression de cache-misères. Son soutien à l’instauration d’une taxe carbone aux frontières de l’Union européenne en est une bonne illustration : comme chez Valérie Pécresse, cette mesure sonne chez Emmanuel Macron comme un prétexte pour ne pas faire d’efforts supplémentaires sur la baisse de nos émissions de CO2 et la transformation de nos moyens de productions au sein de l’UE.

A noter que le candidat Macron s’est aussi positionné sur le conditionnement de la rémunération des grands patrons à la performance environnementale de leurs entreprises : derrière l’effet d’annonce, la réalité, c’est qu’on reste ici dans une logique incitative d’un autre temps et que cet engagement est extrêmement vaporeux : sur la base de quels objectifs environnementaux – ceux fixés par l’entreprise elle-même ? Avec quel facteur de corrélation ? La réalité, c’est qu’il faut surtout des contraintes claires pour imposer aux entreprises le respect d’une trajectoire de réduction de leurs émissions compatible avec l’Accord de Paris et un système de sanctions dissuasives en cas de non-respect. Sujets complètement ignorés par le Président Macron… et le candidat Macron.

Et la famille (politique), ça va ?

Nous avons voulu regarder comment la majorité parlementaire d’Emmanuel Macron à l’Assemblée nationale s’est comportée pendant le dernier quinquennat, sur quelques votes clés du quinquennat sur l’écologie et pour lesquels les scrutins ont été publics. Pourquoi ? Parce que, dans les faits, c’est avec cette famille politique que le candidat devrait composer pour gouverner s’il était ré-élu.

Sans surprise, sur les quelques votes que nous avons pu analyser, le bilan est mauvais – comme nous l’avons dénoncé à de nombreuses reprises durant son quinquennat. Le groupe « La République En Marche – LREM » à l’Assemblée nationale, au cœur de la majorité parlementaire du Président Macron, porte une responsabilité toute particulière : celle d’avoir manqué d’ambition au niveau législatif en ne portant et en n’adoptant que des lois trompe-l’oeil sans jamais -ou presque- remettre en cause l’exécutif.

Ce groupe parlementaire a voté très majoritairement pour l’adoption du CETA, accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada néfaste pour l’environnement et le climat. Il a aussi voté très majoritairement pour la ré-autorisation des néonicotinoïdes (des pesticides tueurs d’abeilles). Sur les conditionnalités écologiques aux aides publiques apportées aux grandes entreprises pendant la crise Covid, les député·es LREM présents dans l’hémicycle pour les différents votes afférents se sont très majoritairement exprimés contre. En 2018 et 2020, les député·es LREM présents dans l’hémicycle ont majoritairement voté contre l’exclusion de l’huile de palme et de l’huile de soja de la liste des « biocarburants » bénéficiant d’avantages fiscaux (alors que les effets dramatiques de ces biocarburants de première génération sur le climat et l’environnement ont été largement démontré).

A noter qu’en 2019, ils ont néanmoins refusé un amendement dangereux visant à reporter à 2026 l’exclusion de l’huile de palme de la liste des « biocarburants » (se rangeant ainsi derrière la société civile et s’opposant -avec succès- à la position rétrograde du gouvernement Macron sur ce sujet) – pour mémoire, cela est lié au fait que la société civile avait réussi à exposer les dysfonctionnements de l’Assemblée et les « carabistouilles » du gouvernement sur le sujet.

Pour plus de détails, voir nos données compilées pour les familles politiques des différent·es candidat·es, publiées en accès libre.

Notre petit conseil

Nous recommandons vivement à Emmanuel Macron de vraiment lire les rapports du Haut Conseil pour le Climat qui ont pointé systématiquement les retards de la France en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre ainsi que le manque criant d’une réponse politique à la hauteur de l’enjeu climatique (rappelons que le Haut Conseil pour le Climat est une instance qu’Emmanuel Macron a lui-même créée pendant son précédent quinquennat… mais dont il a ouvertement méprisé les conclusions).

Dernière mise à jour : 01/04/2022

Une analyse du programme d’Emmanuel Macron sur le climat, détaillée secteur par secteur, a également été réalisée par le Réseau Action Climat.

Voir les autres candidat·es

Aperçu de tous les candidats et candidates

Pour en savoir plus sur les critères que nous avons retenus, voir notre méthodologie.

Pour compléter et approfondir les programmes sur l’écologie des candidats et candidates à l’élection présidentielle 2022, voir également les analyses du Réseau Action Climat, dont Greenpeace France est membre, ainsi que la comparaison des propositions des candidat·es réalisée par l’Affaire du Siècle, avec Data For Good et le collectif Eclaircies pour sortir la France de l’illégalité climatique.

Les analyses ci-dessous se concentrent sur les programmes des candidats et candidates et ne traitent donc pas directement des conséquences du conflit en cours en Ukraine. Les enjeux de transition écologique et énergétique et de justice sociale prennent cependant une dimension supplémentaire dans ce contexte. Pour en savoir plus, voir notre article consacré aux questions environnementales liées à la guerre en Ukraine et à leur traitement par les responsables politiques.