Présidentielle 2022 : chaud devant !

Election

Présidentielle 2022 : Yannick Jadot

Nous avons analysé les programmes des douze candidat-es à la Présidentielle 2022.

Portrait de Yannick Jadot, candidat à l’élection présidentielle 2022

 Yannick Jadot 

Un candidat des Verts…
vert !

Sa vision de l’écologie

Pas de mauvaise surprise, le candidat « vert » accorde une place centrale et transversale aux sujets environnement et climat dans son programme et il porte une vision ambitieuse de l’écologie.

Il fait notamment partie des rares candidat·es qui, loin de tomber dans le piège d’un solutionnisme technologique béat et de rester sur la logique d’un système économique productiviste, assument une position forte sur l’enjeu majeur de la sobriété, c’est-à-dire la nécessité de réduire les consommations d’énergie et de ressources.

Avec un souci de justice sociale, Yannick Jadot propose un paquet complet et solide de mesures visant à transformer en profondeur les secteurs polluants, comme l’agriculture et les transports. Il s’attaque également à l’enjeu majeur de responsabilisation des grandes entreprises face à la crise climatique et écologique.

Il s’engage en faveur d’une transition énergétique ambitieuse et sur des enjeux majeurs de préservation de la biodiversité.

Le pire de son programme

Nous n’avons pas identifié de mesures toxiques dans le programme de Yannick Jadot sur nos sujets, mais la position du candidat mériterait d’être encore explicitée ou précisée sur certains sujets, comme l’interdiction de distribuer des dividendes aux actionnaires d’entreprises qui ne s’alignent pas sur une trajectoire compatible avec l’Accord de Paris.

Le meilleur de son programme

Face à l’enjeu de justice climatique, le candidat du « pôle écologiste » propose entre autres de mettre à contribution les ménages les plus fortunés qui polluent le plus, en reprenant notre proposition d’instaurer un ISF climatique ; il s’engage également à réorienter les investissements privés vers les secteurs favorables au climat et propose de conditionner les aides publiques aux grandes entreprises à des critères sociaux et environnementaux ; il propose aussi de protéger et d’accompagner les salarié·es des secteurs économiques polluants dans la transition.

Il porte également des mesures fortes sur la transformation du modèle agricole et du système alimentaire, comme par exemple la fin des élevages industriels, le soutien au développement de l’agriculture écologique et paysanne, la garantie d’un revenu paysan digne ou encore l’encadrement strict des nouveaux OGM, et il se dit ouvert à des expérimentations locales dans une logique de sécurité sociale de l’alimentation.

Sur le sujet des transports, il propose une vision complète et détaillée des enjeux : accélération de la fin de vente des véhicules fonctionnant aux énergies fossiles à horizon 2030, réduction de la place de la voiture individuelle et développement et accessibilité des modes de transports alternatifs comme les transports en commun et le vélo, relance du ferroviaire ; il est aussi l’un des rares candidat·es à parler de régulation du trafic aérien dans son programme, avec plusieurs mesures pertinentes (interdiction des vols courts, renforcement de la fiscalité du secteur, interdiction des projets d’extension d’aéroports).

Yannick Jadot souhaite organiser une sortie progressive du nucléaire, accélérer la transition vers un système énergétique 100% renouvelable – avec des objectifs chiffrés de développement de l’éolien terrestre et du photovoltaïque pour la fin du quinquennat – et le développement des économies d’énergie, notamment à travers un plan massif de rénovation des logements. Il propose également des mesures visant à accélérer la nécessaire sortie des énergies fossiles, comme l’interdiction des biens et services fossiles les plus polluants ou la suppression des niches fiscales anti-écologiques et des dépenses néfastes pour le climat dans le budget de l’Etat.

Sur les enjeux de biodiversité, il s’engage en faveur de mesures importantes selon nous, comme un moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins ou des mesures de lutte contre la déforestation importée.

Et la famille (politique), ça va ?

Nous avons voulu regarder comment la « famille » politique de Yannick Jadot s’est comportée pendant le dernier quinquennat à l’Assemblée nationale, sur quelques votes clés sur l’écologie et pour lesquels les scrutins étaient publics. Pourquoi ? Parce que, dans les faits, c’est avec cette famille politique que le candidat devrait composer pour gouverner s’il était élu.

Il n’y avait pas de groupe parlementaire « EELV » à l’Assemblée nationale lors du dernier quinquennat. Mais nous avons quand même regardé comment ont voté les député·es « non-inscrits » rattachés à EELV au titre du financement de la vie politique et le groupe « Ecologie Démocratie Solidarité – EDS » (pour sa période d’existence entre mai et octobre 2020).

Sur les quelques votes que nous avons pu analyser, le bilan est positif. Ces député·es « non-inscrits » ont voté contre l’adoption du CETA, accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada néfaste pour l’environnement et le climat. Le groupe parlementaire EDS a voté unanimement contre la ré-autorisation des néonicotinoïdes (des pesticides tueurs d’abeilles). En 2020, sur les conditionnalités écologiques aux aides publiques apportées aux grandes entreprises pendant la crise Covid, les député·es du groupe EDS présents dans l’Hémicycle pour les différents votes afférents se sont quasi systématiquement exprimés pour. Enfin, toujours en 2020, les député·es du groupe EDS présent·es dans l’Hémicycle ont voté pour l’exclusion de l’huile de palme et de l’huile de soja de la liste des « biocarburants » bénéficiant d’avantages fiscaux (les effets dramatiques de ces biocarburants de première génération sur le climat et l’environnement ont été largement démontrés).

A noter que le candidat Yannick Jadot a également la particularité d’être député au Parlement européen depuis 2009, ré-élu lors des dernières élections en 2019. Sans prétendre à l’exhaustivité, on peut noter que les député·es européens français « Verts » ont voté : en faveur d’une PAC plus verte (comme les député·es européens français insoumis et socialistes, alors que leurs homologues LREM, LR et RN ont voté contre) ; en faveur de la taxation du kérosène des avions (comme les député·es européens français insoumis et socialistes, alors que leurs homologues LREM, LR et RN ont voté contre) ; contre le financement d’investissements dans des activités liées au gaz naturel dans le cadre du fonds de transition juste de l’Union européenne (comme les député·es européens français insoumis, socialistes et républicains, alors que leurs homologues LREM et RN ont voté contre) ; ou encore en faveur de l’alignement du plan de relance avec l’Accord de Paris (comme les député·es européens français insoumis et socialistes, alors que leurs homologues LREM, LR et RN ont voté contre).

Pour plus de détails, voir nos données compilées pour les familles politiques des différent·es candidat·es, publiées en accès libre.

Notre petit conseil

Bien potasser notre rapport sur les « dividendes climaticides » et nos travaux sur l’argent sale du capital.

Une analyse du programme de Yannick Jadot sur le climat, détaillée secteur par secteur, a également été réalisée par le Réseau Action Climat.

Voir les autres candidat·es

Aperçu de tous les candidats et candidates

Pour en savoir plus sur les critères que nous avons retenus, voir notre méthodologie.

Pour compléter et approfondir les programmes sur l’écologie des candidats et candidates à l’élection présidentielle 2022, voir également les analyses du Réseau Action Climat, dont Greenpeace France est membre, ainsi que la comparaison des propositions des candidat·es réalisée par l’Affaire du Siècle, avec Data For Good et le collectif Eclaircies pour sortir la France de l’illégalité climatique.

Les analyses ci-dessous se concentrent sur les programmes des candidats et candidates et ne traitent donc pas directement des conséquences du conflit en cours en Ukraine. Les enjeux de transition écologique et énergétique et de justice sociale prennent cependant une dimension supplémentaire dans ce contexte. Pour en savoir plus, voir notre article consacré aux questions environnementales liées à la guerre en Ukraine et à leur traitement par les responsables politiques.