Présidentielle 2022 : chaud devant !

Election

Présidentielle 2022 : Anne Hidalgo

Nous avons analysé les programmes des douze candidat-es à la Présidentielle 2022.

Anne Hidalgo, candidate à la Présidentielle 2022

 Anne Hidalgo 

Pas mal,
mais pas assez

Sa vision de l’écologie

Anne Hidalgo revendique un projet « républicain, social et écologique ». Présentée comme « le combat du siècle », l’écologie est effectivement bien présente dans le programme de la candidate du Parti socialiste, mais il manque globalement d’ambition en la matière.

Plusieurs de ses engagements vont dans le sens d’une transformation de notre système économique et de notre modèle de société en prenant en compte l’enjeu de justice climatique. Elle fait également preuve d’une bonne compréhension globale des enjeux de la transition énergétique. Cependant, elle devrait aller plus loin sur les questions de régulation environnementale des grandes entreprises et de transformation des secteurs polluants comme les transports et l’agriculture.

Ses propositions en faveur de la biodiversité manquent d’exhaustivité et, souvent, de précision, tandis que certains sujets clés sont même carrément passés sous silence.

Le pire de son programme

Le programme d’Anne Hidalgo ne met pas en avant de mesures nous paraissant fondamentalement toxiques. Mais certains enjeux clés sont tout simplement absents, ce qui est en soi problématique : par exemple, elle ne se prononce pas sur la fin de l’élevage industriel, sur la réduction de la consommation de viande ou sur les nouveaux OGM. Elle ne dit rien non plus d’enjeux majeurs pour la préservation de la biodiversité, comme la lutte contre la déforestation importée ou le soutien nécessaire au moratoire sur l’exploitation minière des grands fonds marins.

Ses propositions en matière d’écologie sont aussi souvent peu développées voire explicitement insuffisantes : par exemple, elle a le mérite, contrairement à la majorité des candidat·es, de parler de régulation du trafic aérien… mais pour proposer une taxe « carbone » sur les billets d’avion sur des trajets pour lesquels existe une alternative en train, alors que nous préconisons la fermeture de ces lignes courtes distances.

Le meilleur de son programme

Face à l’enjeu de justice climatique, Anne Hidalgo, comme Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon, propose entre autres de mettre à contribution les ménages les plus fortunés qui polluent le plus, en reprenant notre proposition d’instaurer un ISF climatique, dans une version cependant moins ambitieuse ; de conditionner les aides publiques aux grandes entreprises à des critères sociaux et environnementaux ; ou de sécuriser les transitions professionnelles qui s’imposent dans le contexte de transformation de notre modèle économique face à la crise climatique.

Dans l’objectif d’aller vers un système énergétique 100% renouvelable, elle rejette toute construction de nouveau réacteur nucléaire mais ne donne aucun objectif chiffré pour le développement des différentes filières d’énergies renouvelables. Elle propose également un grand plan pluriannuel de rénovation énergétique des bâtiments.

Anne Hidalgo envisage aussi un soutien fort à l’agriculture biologique, affiche une volonté de sortir des pesticides de synthèse et a le mérite d’aborder l’enjeu de la précarité alimentaire, même si cela reste timide.

Côté transports, les intentions affichées sont louables, comme sur la relance du ferroviaire, mais il manque d’autres éléments clés : par exemple, la question du développement des mobilités actives et des transports en commun n’est pas développée.

Et la famille (politique), ça va ?

Nous avons voulu regarder comment la « famille » politique d’Anne Hidalgo s’est comportée pendant le dernier quinquennat à l’Assemblée nationale, sur quelques votes clés sur l’écologie et pour lesquels les scrutins ont été publics. Pourquoi ? Parce que, dans les faits, c’est avec cette famille politique que la candidate devrait aussi composer pour gouverner si elle était élue.

Sur les quelques votes que nous avons pu analyser, le bilan est positif. Le groupe parlementaire des « Socialistes et Apparentés » à l’Assemblée nationale a voté unanimement contre l’adoption du CETA, accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada néfaste pour l’environnement et le climat. Il a voté aussi très majoritairement contre la ré-autorisation des néonicotinoïdes (des pesticides tueurs d’abeilles). Sur les conditionnalités écologiques aux aides publiques apportées aux grandes entreprises pendant la crise Covid, les député·es socialistes présents dans l’Hémicycle pour les différents votes afférents se sont systématiquement exprimés pour. Enfin, les député·es socialistes présents dans l’Hémicycle pour les différent votes afférents ont également systématiquement voté pour l’exclusion de l’huile de palme et de l’huile soja de la liste des « biocarburants » bénéficiant d’avantages fiscaux (les effets dramatiques de ces biocarburants de 1ère génération sur le climat et l’environnement ont été largement démontré).

Pour plus de détails, voir nos données compilées pour les familles politiques des différent·es candidat·es, publiées en accès libre.

Notre petit conseil

Afin de l’aider à mieux comprendre la nécessité de sortir du modèle de l’élevage industriel, nous recommandons vivement à Anne Hidalgo de découvrir nos 10 chiffres chocs sur le sujet. Très utiles à retenir pour des prochaines interventions sur l’agriculture.

Une analyse du programme d’Anne Hidalgo sur le climat, détaillée secteur par secteur, a également été réalisée par le Réseau Action Climat.

Voir les autres candidat·es

Aperçu de tous les candidats et candidates

Pour en savoir plus sur les critères que nous avons retenus, voir notre méthodologie.

Pour compléter et approfondir les programmes sur l’écologie des candidats et candidates à l’élection présidentielle 2022, voir également les analyses du Réseau Action Climat, dont Greenpeace France est membre, ainsi que la comparaison des propositions des candidat·es réalisée par l’Affaire du Siècle, avec Data For Good et le collectif Eclaircies pour sortir la France de l’illégalité climatique.

Les analyses ci-dessous se concentrent sur les programmes des candidats et candidates et ne traitent donc pas directement des conséquences du conflit en cours en Ukraine. Les enjeux de transition écologique et énergétique et de justice sociale prennent cependant une dimension supplémentaire dans ce contexte. Pour en savoir plus, voir notre article consacré aux questions environnementales liées à la guerre en Ukraine et à leur traitement par les responsables politiques.