Ce vendredi, c'est le Black Friday, ce vendredi noir des super promotions venu des Etats-Unis. Autant vous dire que la surproduction et l'hyperconsommation entraînées ce jour-là, ça ne fait pas les affaires de la planète ni des petites mains qui fabriquent tous ces produits dont, souvent, on n'a même pas besoin. En revanche le géant Amazon, lui, a tout à y gagner. Des associations (dont Greenpeace) et des personnalités se mobilisent

Climat

Un vendredi noir pour la planète et les droits humains

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Ce vendredi, c'est le Black Friday, ce vendredi noir des super promotions venu des Etats-Unis. Autant vous dire que la surproduction et l'hyperconsommation entraînées ce jour-là, ça ne fait pas les affaires de la planète ni des petites mains qui fabriquent tous ces produits dont, souvent, on n'a même pas besoin. En revanche le géant Amazon, lui, a tout à y gagner. Des associations (dont Greenpeace) et des personnalités se mobilisent "contre Amazon et son monde", et son désastre écologique et social. Rejoignez-nous.

Tribune publiée dans Le Monde le 15 novembre 2019

Amazon : « Derrière le héros du néolibéralisme 2.0 se cache une vision du monde que nous devons combattre »

La satisfaction du client est l’obsession affichée par Jeff Bezos, le patron d’Amazon, géant du e-commerce aux 180 millions de références. Sa stratégie : le « day one », soit la maximisation des cadences de préparation des colis pour livrer en moins d’un jour, moins d’une heure et peut-être moins d’une demi-heure grâce à des drones de livraison. Son ambition : créer un écosystème complet avec des maisons connectées, des e-books, de la musique, des séries, des films… pour générer toujours plus de commandes de ses produits à bas prix.

Mais derrière le héros du néolibéralisme 2.0 se cache une vision du monde que nous devons combattre.

Malgré les récentes promesses de Jeff Bezos sur les énergies renouvelables ou la compensation de ses émissions, le monde d’Amazon reste un désastre écologique. La multinationale a vendu plus de 11 milliards de produits en 2018. Ses prix bas, ses promotions quotidiennes, poussent à la surconsommation et contribuent à la hausse des émissions de CO2 en démultipliant l’extraction des ressources, les transports par bateaux, avions ou camions.

Atelier de couture et de réparation organisé par Greenpeace Allemagne à Berlin en novembre 2018, en alternative au Black Friday. © Paula Vidal / Greenpeace

Échapper à l’impôt

Amazon Web Services (AWS) est également numéro un mondial du cloud et ses data centers ont généré autant de gaz à effet de serre que le Portugal en 2018. AWS fournit ses services à Palantir, une société sulfureuse qui aide Donald Trump à identifier et arrêter des migrants traversant illégalement la frontière.

On estime que pour un emploi créé par la firme de Jeff Bezos, deux emplois sont détruits dans le secteur commercial. Les salariés d’Amazon, dont de nombreux intérimaires, enchaînent des tâches cadencées par les algorithmes de leurs scanners. Dans ses nouveaux entrepôts, ils deviennent des auxiliaires de 100 000 robots de préparation des commandes. Et, bientôt, les livreurs, déjà nombreux à être ubérisés, pourront être remplacés par des drones.

Échapper à l’impôt et aux contraintes légales est une véritable obsession pour le libertarien Jeff Bezos. En bonne multinationale, Amazon déclare artificiellement ses profits dans des paradis fiscaux comme le Luxembourg en Europe ou le Delaware aux États-Unis. En France, Amazon a annoncé unilatéralement qu’elle répercuterait la modique taxe GAFA [Google, Apple , Facebook et Amazon] sur ses fournisseurs. A Seattle, où est situé son siège, Amazon a fait annuler une taxe sur les multinationales en faveur des sans-abri pourtant votée à l’unanimité par le conseil municipal.

Douze ans après l’ouverture de son premier entrepôt français à Saran (Loiret), Amazon a inauguré, en présence du secrétaire d’État au numérique Cédric O, un entrepôt géant équipé de 4000 robots à Brétigny-sur-Orge dans l’Essonne. De nouveaux sites doivent voir le jour à Fournès, dans le Gard et près de Metz, en Moselle. Nous ne nous mobilisons pas contre les 7500 salariés d’Amazon, qui cible des bassins d’emploi sinistrés pour s’implanter à moindres frais. Mais les emplois promis par Amazon conduisent à l’aveuglement des élus et des membres du gouvernement qui préfèrent couper le ruban plutôt que de s’interroger sur la disparition de milliers de commerces de proximité pourvoyeurs d’emplois et de lien social partout en France.

Happening organisé par Greenpeace Taïwan à Taipei à l’occasion du Black Friday pour sensibiliser le public sur les conséquences environnementales de la surconsommation.© JD Huang / Greenpeace

Prix cassés et vente à perte

Ce monde va une nouvelle fois s’incarner le vendredi 29 novembre avec le « Black Friday ». Préparée à coups de publicités massives et de promotions extrêmes, cette journée incite les consommateurs à se ruer sur des millions de produits dont ils n’ont pas forcément besoin. Le Black Friday est un des vecteurs de la stratégie de prix cassés et de vente à perte qui a permis à Amazon de devenir le premier distributeur de textile et d’électronique en France. Cette vision du monde est en totale contradiction avec la profonde aspiration à une vie décente sur une planète vivable, exprimée notamment par les « gilets jaunes » ou les marcheurs pour le climat.

Il est urgent de stopper la construction des nouvelles infrastructures d’Amazon et des autres entreprises du e-commerce et de nous mobiliser pour le développement d’une économie locale créatrice d’emploi, génératrice de lien social et compatible avec les impératifs climatiques.

Pour porter cette exigence et ne plus laisser Amazon balayer d’un revers de main les droits sociaux et environnementaux, nous appelons à transformer le Black Friday 2019 en un « vendredi noir pour Amazon » (Stop Amazon et son monde).

Le 29 novembre, nous mènerons des actions citoyennes partout en France pour perturber l’activité d’Amazon et promouvoir des alternatives afin de libérer toujours plus de monde de son emprise néfaste.

Contre Amazon et son monde :

Les signataires : Nayla Ajaltouni (coordinatrice du collectif Éthique sur l’étiquette) ; Christophe Alévêque (humoriste) ; Alice Brauns et François Dubreuil (Unis pour le climat) ; Jean-Christophe Angaut (philosophe et traducteur) ; Sara Angeli Aguiton (sociologue CNRS) ; Geneviève Azam (économiste) ; Marie-Hélène Bacqué (Professeure des universités) ; Ingrid Balazard et Marie Hermann (éditrices pour les éditions Hors d’atteinte) ; Jean-Paul Barriolade (éditions Libre & Solidaire) ; Miguel Benasayag (philosophe) ; Dominique Bourg (philosophe) ; Alexandra Casenave-Camgasto (librairie des Éditeurs associés) ; Eric Beynel et Cécile Gondard-Lalanne (porte-parole de l’Union syndicale Solidaires) ; Manuel Cervera-Marzal (sociologue) ; Michèle Chadeisson (librairie Texture) ; Patrick Chamoiseau (écrivain) ; Maxime Combes Raphaël Pradeau et Aurélie Trouvé (porte-parole d’Attac France) ; Sandra Cossart (directrice de Sherpa) ; Marin Cousin (présidente de Résistance à l’agression publicitaire) Thomas Coutrot (économiste) ; Stéphane Cuttaïa (cofondateur de Gilets verts) ; Alain Damasio (écrivain) ; Laurence De Cock (historienne) ; Carlo De Sacco (chanteur de Grèn Sémé) ; Laurent Degousée (co-délégué de SUD Commerce) ; Antoine Deltour (lanceur d’alerte) ; Olivier Dubuquoy (géographe documentariste) ; Cédric Durand (économiste) ; Margot Duvivier (présidente du REFEDD) ; Jacques Baujard et Fred Giacomoni (librairie Quilombo) ; Jean-Baptiste Eyraud (porte-parole de Droit au logement) ; Guillaume Faburel (enseignant-chercheur) ; Olivier Favier (journaliste indépendant) ; Maya Flandin (vice-président du Syndicat de la librairie française, librairie Vivement dimanche) ; Fabrice Flipo (philosophe) ; Eric Floury, Hervé Floury et Chloë Bénéteau (librairie Floury-Toulouse) ; Pascal Franchet (président du CADTM France) ; Jean-Baptiste Fressoz (historien) ; Bruno Gaccio (auteur) ; Khaled Gaiji (président des Amis de la Terre) ; Guillaume Gandelot (librairie La Friche et président de l’INFL) ; François Gemenne (chercheur en sciences politiques) ; Susan George (écrivain) ; Nicolas Girod (porte-parole de la Confédération paysanne) ; Barbara Glowczewski (directrice de recherche au CNRS) ; Pierre-Henri Gouyon (professeur au Muséum national d’histoire naturelle Paris) ; Anahita Grisoni (sociologue et urbaniste) ; Victoire Guillonneau (organisatrice pour 350.org) ; Kaddour Hadadi (artiste) ; Anaïs Henneguelle (maîtresse de conférences en économie à l’université de Rennes 2) ; Mathilde Houlès (librairie la Friche) ; François Jarrige (historien) ; Kévin Jean (président de Sciences citoyennes) ; Marie Antonelle Joubert (coordinatrice de l’Alliance mondiale pour la justice fiscale) ; Jean-François Julliard (directeur de Greenpeace France) ; Stéphen Kerckohve (délégué général d’Agir pour l’environnement) ; Marie-Pierre Lajot (éditrice) ; Mathilde Larrère (historienne) ; Sonia Larue (réalisatrice) ; Paul Laverty (scénariste) ; Stéphane Lavignotte (théologien protestant et militant écologiste) ; Yvan Le Bolloc’h (chanteur comédien) ; Nicolas Lefort (librairie Les Guetteurs de Vent) ; Geneviève Legay (porte-parole d’Attac 06) ; Elliot Lepers (directeur exécutif de l’ONG – Le Mouvement) ; Les Ogres de Barback (musiciens) ; Li-Cam (autrice de science-fiction) ; Ken Loach (réalisateur) ; Joëlle Losfeld (éditrice) ; Priscillia Ludosky (« gilet jaune ») ; Josépha Mariotti et Pauline Fousse (éditions Passager Clandestin) ; Dominique Méda (sociologue) ; Cécile Menanteau et Géraldine Schiano de Colella (librairie-café Les bien-aimés) ; Fabrice Michaud (secrétaire général FNST/CGT) ; Xavier Moni (président du Syndicat de la librairie française/librairie Comme un roman) ; Gérard Mordillat, écrivain et cinéaste ; Corinne Morel-Darleux (autrice) ; Tatiana Moroni et Amandine Guichon (librairie Les villes invisibles) ; Mr Mondialisation (journaliste indépendant) ; Philippe N’go (éditions Moltogone) ; Claire Nouvian (fondatrice de BLOOM) ; Rebecca O’Brien’s (producteur) ; Sandy Olivar Calvo (ANV-COP21) ; Maxime Ollivier (La Bascule) ; Yves Pagès (écrivain & éditeur aux éditions Verticales) ; Emmanuel Poilane (président du CRID) ; Thomas Porcher (économiste) ; Julie Potier (directrice générale de Bio Consom’Acteurs) ; Lison Rehbinder (coordinatrice de la plate-forme Paradis Fiscaux et Judiciaires) ; Cécilia Rinaudo Cécilia (coordinatrice générale de Notre Affaire à Tous) ; Marie-Monique Robin (documentariste et écrivaine) ; Jérôme Rodrigues (gilet jaune) et Edith Boulanger Roland Nivet (porte-parole du Mouvement de la Paix) ; Olivier Rouard (directeur de la librairie Charlemagne à Toulon et vice-président du Syndicat de la librairie française) ; Christel Rouma (coordination de Bizi) ; Liliane Rovere (actrice) ; Samuel Sauvage (président de l’association Halte à l’Obsolescence Programmée) ; Agnès Sinaï (enseignante à Sciences Po) ; Yves Sintomer (politologue) ; Bernard Stephan (directeur des éditions de l’Atelier) ; Henri Sterdyniak (membre des Économistes Atterrés) ; Jacques Testart (biologiste et écrivain) ; Alexandra Tobelaim (metteure en scène) ; Sezin Torçu (chercheuse au CNRS) ; Usul (youtubeur) ; Alain V. (Décroissance IDF) ; Paco Vallat (librairie Terre des livres) ; Victor Vauquois (Il est encore temps) ; Léa Vavasseur (Alternatiba) ; Vincent Verzat (Partager c’est sympa) ; Denis Vicherat (coprésident éditions Utopia) ; Patrick Viveret (essayiste philosophe) ; Peter Wahl (Attac Allemagne) ; Iris Frey (chargée de campagne pour Attac Autriche) ; Sylvain Steer (La Quadrature du Net) ; Youth For Climate (groupes locaux de Grenoble Lyon Paris/IDF et Saint-Quentin-en-Yvelines)