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En Auvergne, le bois-énergie modulaire permet aux habitants d'obtenir une énergie à haute qualité environnementale à un prix raisonnable. De plus, l'activité permet d'entretenir les forêts et de valoriser le patrimoine local.
L'Auvergne est une région vallonnée de « sucs » (sortes de proéminences montagneuses formées par l'activité volcanique) et recouverte de nombreuses forêts. Il y a une dizaine d'années, des habitants décident de se réunir dans une association écolo, dans l'idée de valoriser le patrimoine naturel qui les entoure et de contribuer à la protection de l'environnement.
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Un soir, autour d'une table, la conversation roule sur la question des forêts : elles sont abondantes dans le secteur, et du bois mort tombé à terre jonche un grand nombre de parcelles. Pourquoi ne pas l'utiliser pour le chauffage ? Un bon moyen de se détourner du pétrole - là-bas les habitants consomment majoritairement du fioul. Une bonne manière également de régénérer les forêts alentour, pas toujours bien entretenues, et d'utiliser des ressources locales.
La Société coopérative d'intérêt collectif (SCIC) ERE43 est lancée en 2006, dans l'esprit de l'association : un adhérent, une voix. Il faut mener un travail politique, pour convaincre les uns et les autres, pris dans l'inertie des habitudes, de se convertir à une approche écologique de l'énergie. Et convaincre des partenaires : ADEME, FEDER, Conseil régional, Conseil général, qui subventionnent ; le Crédit Coopératif, qui prête ; Energie Partagée, qui investit.
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Le modèle économique est simple : la société fournit les chaudières aux particuliers et leur livre les copeaux de bois déchiqueté - qu'elle va elle-même prélever chez les propriétaires forestiers qui la sollicitent pour entretenir leurs parcelles. Au final, le client ne paie que sa consommation de chaleur propre, indiquée sur un compteur semblable à ceux du gaz ou de l'électricité. Et le prix est largement compétitif.
Aujourd'hui, après de nombreux efforts, ERE43 a atteint une masse critique suffisante pour gagner en sérénité. Elle a développé un marché, encouragé une nouvelle filière et amené de l'activité locale dans une région qui souffre de son enclavement économique. Elle embauche, offre un travail et une passion à plusieurs salariés.
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Mais les obstacles à surmonter furent nombreux. Délais administratifs trop longs, montage des dossiers laborieux : il a fallu bien de la sueur et de la patience pour que la petite société atteigne ce stade de viabilité - autant d'énergie économisée si la France changeait enfin sa politique énergétique et adoptait un cadre réglementaire plus en phase avec les initiatives écologiques locales.