Au Brésil, les communautés autochtones sont en première ligne face aux politi

Agriculture - Forêts

Brésil : les peuples autochtones en lutte

Au Brésil, les communautés autochtones sont en première ligne face aux politiques destructrices de Jair Bolsonaro. Crise sanitaire, déforestation en Amazonie et ailleurs, expropriations, restriction des droits, assassinats… Nombreux sont les fléaux auxquels les peuples autochtones font face. Pour les affronter, leur lutte redouble d’intensité.

Les politiques destructrices de Jair Bolsonaro face aux peuples autochtones

Entre 1985 et 2019, seulement 1,6% de la déforestation au Brésil a eu lieu dans les territoires indigènes. Défendre les droits des communautés autochtones sur leurs territoires, en accordant un statut protégé à ces derniers, permet ainsi de réduire la déforestation et de défendre l’environnement. Pourtant, depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro en 2019, l’intensité des menaces auxquelles font face les populations autochtones a redoublé.

Jair Bolsonaro a en effet favorisé les agro-industriels au détriment de l’environnement et des autochtones. Ainsi, la déforestation a bondi en Amazonie brésilienne, qui a perdu 11 000 km2 entre 2019 et 2020. Un tel chiffre n’avait plus été atteint depuis 2008. Il illustre la gravité des menaces qui pèsent sur les communautés autochtones, qui sont confrontées à une destruction accélérée de l’écosystème dont elles dépendent couplée à une aggravation des violences à leur égard.

Car depuis l’arrivée au pouvoir de Jair Bolsonaro, les invasions des terres indigènes et les expropriations se sont intensifiées. Les agro-industriels s’accaparent en effet illégalement et en toute impunité les terres des communautés indigènes en faisant preuve d’une violence inouïe et qui s’aggrave d’année en année. Les assassinats de leaders autochtones sont ainsi légion.

Les autochtones subissent par ailleurs de plein fouet la pandémie de Covid-19, qui a tué plus de 1100 d’entre eux et elles jusqu’à présent. Exclues du système de soin brésilien, les communautés autochtones ont été complètement abandonnées par le gouvernement face à cette terrible crise sanitaire qui les a poussées à s’isoler plus encore.

Une menace juridique inédite

En plus de mener des politiques sanitaires, sociales et environnementales désastreuses, Jair Bolsonaro s’attaque directement aux communautés autochtones en impulsant et en approuvant des projets législatifs aux conséquences terribles pour celles-ci.

Le projet de loi 191/2020 est parmi ceux les plus menaçants, puisqu’il prévoit de rendre les terres autochtones accessibles à l’exploitation minière et à d’autres industries, ce qui constitue une menace sérieuse pour la souveraineté et la sécurité des peuples autochtones.

Plus menaçant encore, le projet de loi PL-490 cristallise toutes les inquiétudes. Celui-ci prévoit l’introduction d’une thèse temporelle, qui figerait la reconnaissance des terres indigènes au 5 octobre 1988, date de promulgation de la Constitution brésilienne. Les populations indigènes ne pourraient ainsi pas revendiquer les terres qu’ils ont nouvellement occupées depuis. Ce projet est dramatique puisqu’il ignore toute l’histoire des violences commises contre les peuples autochtones (déplacements forcés, massacres, expropriations…) et qui les ont poussés à occuper de nouveaux territoires ou à revenir sur des terres dont ils avaient été chassés. La menace est telle que le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits des peuples autochtones a déclaré que l’adoption de la thèse temporelle “pourrait légitimer la violence contre les peuples indigènes et exacerber les conflits dans la forêt amazonienne et d’autres régions”.

En réaction, la mobilisation des autochtones est historique

Face à ces périls, les communautés autochtones se mobilisent fortement. Sur le plan judiciaire tout d’abord, puisque l’Articulation des peuples indigènes du Brésil (APIB) a demandé début août 2021 à la Cour pénale internationale d’ouvrir une enquête sur Jair Bolsonaro pour « génocide » et « écocide« . L’association accuse Jair Bolsonaro d’avoir perpétré des crimes alimentant une politique résolument anti-autochtone. Le chef autochtone Raoni Metuktire a porté plainte contre le président brésilien pour crimes contre l’humanité devant cette même Cour pénale internationale. En cause, notamment : les déplacements forcés de population, les persécutions et les meurtres opérés sous le mandat de Jair Bolsonaro.

Parallèlement à cette riposte judiciaire, une mobilisation sans précédent a lieu à Brasilia, où plus de 6000 autochtones ont formé le camp “LutaPelaVida” (Lutte pour la vie) afin de protester plusieurs jours durant contre les projets de loi destructeurs soutenus par Jair Bolsonaro. Cette manifestation de plusieurs jours est inédite par son ampleur : jamais autant d’autochtones ne s’étaient ainsi rassemblés pour faire valoir leurs droits. Le rejet du projet de loi PL-490 est au cœur de cette mobilisation puisque la Cour suprême brésilienne, située à proximité de la manifestation, doit statuer sur celui-ci dans les prochains jours.

C’est ni plus ni moins que la vie des centaines de milliers d’autochtones du Brésil qui se joue actuellement à Brasilia. 

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