Plusieurs activistes ont tagué lundi 17 juin un semi-remorque transportant des déchets radioactifs à hauteur des Mureaux, en Ile-de-France. Quelques jours après une action similaire sur un train en gare de Vierzon, nous continuons de dénoncer le va-et-vient incessant des convois nucléaires sur nos routes et voies ferrées et le manque de transparence à l’égard des populations.

Nucléaire

[ACTION] Des convois radioactifs « relookés »

Plusieurs activistes ont tagué lundi 17 juin un semi-remorque transportant des déchets radioactifs à hauteur des Mureaux, en Ile-de-France. Quelques jours après une action similaire sur un train en gare de Vierzon, nous continuons de dénoncer le va-et-vient incessant des convois nucléaires sur nos routes et voies ferrées et le manque de transparence à l’égard des populations.

Le camion marqué par nos activistes en fin de matinée, lundi 17 juin, transportait des déchets radioactifs provenant de l’usine de la Hague, dans le Cotentin. L’action a eu lieu alors que le véhicule se trouvait sur l’autoroute A13, au sud de la ville des Mureaux et à proximité de Poissy et Saint-Germain-en-Laye, en région parisienne. Il s’est rendu ensuite plus à l’est, dans l’Aube, pour livrer sa cargaison radioactive au Centre de stockage de déchets radioactifs de Soulaines, à une cinquantaine de kilomètres de Troyes. Ce convoi a contourné Paris dans la journée via la Francilienne et traversé plusieurs villes d’Ile-de-France.

Pour voir les images et infos sur nos actions sur les convois radioactifs : Déchets nucléaires : voyages radioactifs

Des convois nucléaires du nord au sud, d’ouest en est

La semaine précédente, mercredi 12 juin, ce sont cinq cuves d’un train que nos activistes ont repeint en orange et marqué du logo nucléaire, en gare de Vierzon.

Ce convoi ferroviaire était parti de Valognes, en Normandie, dans la matinée. Dans ses wagons : des cuves de nitrate d’uranyle, une matière radioactive sortie de l’usine de la Hague et issue du retraitement du combustible usé. Alors qu’il transitait par la gare de Vierzon vers 16h45, en l’espace de quelques minutes, les activistes ont procédé au « relooking » et déroulé deux banderoles dénonçant le risque de saturation des déchets et matières nucléaires sur le territoire.

Le train marqué le 12 juin avait pour destination finale l’usine de Pierrelatte, dans la Drôme, soit un périple du nord au sud qui traverse des zones rurales mais aussi urbaines, à l’insu de la population. Arrivée à Pierrelatte, la cargaison de nitrate d’uranyle est transformée et s’ajoute aux 32 000 tonnes d’uranium de retraitement qui s’entassent déjà sur place. Les autorités prévoient que ce site sera saturé d’ici 2021.

Du nitrate d’uranyle destination Sibérie ?

Le nitrate d’uranyle contenu dans les cuves de ce convoi est de l’uranium issu du retraitement du combustible usé, mélangé avec de l’acide nitrique à l’usine de la Hague. Il représente environ 95 % du combustible usé.

A Pierrelatte, ce nitrate d’uranyle sera conditionné en poudre et entreposé dans l’attente d’une éventuelle « réutilisation ». En réalité, il n’est pas réutilisé actuellement et l’a très peu été par le passé. Il s’accumule donc sans perspective. Or, d’ici 2021, il n’y aura plus d’espace d’entreposage disponible sur le site de Pierrelatte.

Que prévoit EDF face à cette situation ? Reprendre les expéditions de cet uranium de retraitement vers… la Sibérie ! Là-bas, il serait « ré-enrichi », et environ 20 % reviendrait en France pour alimenter les quatre réacteurs de la centrale nucléaire de Cruas, en Ardèche, tandis que 80 % resterait en territoire russe. Pour rappel, la pratique a été arrêtée en 2010 : elle n’était pas rentable et, surtout, elle avait été dénoncée par les médias et Greenpeace comme un moyen déguisé d’exporter les déchets nucléaires made in France vers la Russie.

Pourquoi ces actions ?

En marquant ces deux convois ferroviaire et routier, nous avons voulu dénoncé l’absurdité de ces transports, mais aussi de l’ensemble de la filière du « retraitement » du combustible usé. Ce « retraitement » ne permet en réalité de recycler que moins de 1 % du combustible usé et génère des déchets radioactifs, des transports absurdes à travers la France et des risques inutiles. Ces convois nucléaires passent quotidiennement sous notre nez et le plus souvent à l’insu de la population : chaque année, ce sont près de 19 000 convois radioactifs, dont 200 de combustibles usés et 100 de plutonium, qui transitent sur des routes et voies ferrées très fréquentées, selon les chiffres de l’Autorité de sûreté nucléaire.

Alors qu’un débat public sur les déchets nucléaires se tient jusqu’au 25 septembre, nous demandons de :

  • Renoncer au projet d’enfouissement profond Cigéo et privilégier d’autres options, comme le stockage à sec en sub-surface.
  • Mettre un terme au retraitement du combustible usé, qui multiplie les risques.
  • Mettre fin aux transports nucléaires inutiles (notamment ceux liés au retraitement) et interdire les passages en zones de concentration urbaine.
  • Comptabiliser les « matières radioactives » non réutilisées dans la liste des déchets nucléaires d’EDF.
  • En priorité : cesser de produire des déchets nucléaires en planifiant une sortie du nucléaire qui s’appuiera sur les économies d’énergie, l’efficacité énergétique et le développement d’énergies renouvelables, selon des scénarios compatibles avec la lutte contre le changement climatique.

Photos : Jérémie Jung / Greenpeace