Deux journées de débats intenses entre experts viennent de se terminer sur les anomalies de la cuve de l’EPR de Flamanville et son couvercle. L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) doit maintenant communiquer son avis sur la robustesse de ces pièces. Ce matin, nous nous sommes réunis devant le chantier de l’EPR pour dénoncer l’irresponsabilité d’EDF et d’AREVA et interpeller le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot.

Nucléaire

Nicolas Hulot, ne laissez pas l’ASN sacrifier la sûreté pour sauver l’industrie nucléaire

Deux journées de débats intenses entre experts viennent de se terminer sur les anomalies de la cuve de l’EPR de Flamanville et son couvercle. L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) doit maintenant communiquer son avis sur la robustesse de ces pièces. Ce matin, nous nous sommes réunis devant le chantier de l’EPR pour dénoncer l’irresponsabilité d’EDF et d’AREVA et interpeller le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot.

© Greenpeace / Nicolas Chauveau

© Greenpeace / Nicolas Chauveau

L’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) subit une pression sans précédent de la part d’EDF et AREVA. Cette situation inédite montre que cette décision de l’ASN ne relève désormais plus seulement de la sûreté nucléaire : elle est devenue avant tout politique.

Que cherchent à faire EDF et AREVA ? Déroger aux standards les plus élémentaires de sûreté nucléaire pour que l’EPR de Flamanville soit mis en fonctionnement malgré ses pièces défectueuses. Derrière l’autorisation de cette cuve de l’EPR, c’est bien la survie de l’industrie nucléaire française qui est en jeu.

En effet, EDF et AREVA jouent gros sur l’EPR de Flamanville : les décisions qui seront prises sur ce chantier auront des conséquences lourdes sur l’avenir des projets vendus au Royaume-Uni, en Finlande et en Chine.

Nous en appelons à la responsabilité de Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire et en charge de la sûreté nucléaire. L’ASN ne peut plus prendre une décision de sûreté en toute indépendance et ne peut résister à la pression. Quant à nous, citoyens français, nous n’avons pas à payer le prix des erreurs stratégiques et techniques d’EDF et AREVA. En mettant fin au chantier de Flamanville, Nicolas Hulot peut encore nous l’éviter.

Le nucléaire “made in France” n’existe pas

Les experts qui ont participé aux débats de ces deux derniers jours sont unanimes : la cuve et son couvercle ne sont pas conformes. Quant aux tests qui ont été effectués pour prouver le contraire, ces mêmes experts ont largement questionné leur représentativité. Pour nous, la conclusion est sans appel : si l’ASN valide la cuve de l’EPR de Flamanville et son couvercle, les marges de sûreté seront rognées.

Sur une technologie aussi puissante mais donc potentiellement dangereuse que celle de l’EPR, il ne peut pas y avoir de demi-mesure sur la sûreté : ou bien les pièces sont conformes ou bien elles ne le sont pas. Il n’y a donc qu’une seule réponse possible : la cuve doit être rejetée, tout comme son couvercle.

Les échanges qui ont lieu entre les experts, en présence des clients étrangers qui assistaient aux débats l’ont montré une fois de plus : EDF est incapable de mener à bout le projet d’EPR. L’usine Creusot Forge d’AREVA n’a pas été en mesure de forger des pièces conformes. EDF a d’ailleurs déjà passé commande au Japon pour remplacer le couvercle de la cuve de Flamanville, et pour les deux réacteurs EPR d’Hinkley Point. En réalité, le « nucléaire made in France » n’existe pas.

L’avis final d’autorisation de démarrage de Flamanville ne sera donné par l’ASN qu’en 2018, au plus tôt, au moment où les premiers tests hydrauliques seront effectués. EDF n’est pas au bout de ses peines. Et nous n’avons pas dit notre dernier mot. L’ASN ne peut pas prendre sur ses épaules le poids d’une industrie aux abois. Nicolas Hulot doit intervenir pour que la sûreté nucléaire ne soit pas sacrifiée au profit d’un nucléaire français en faillite.