Transition énergétique : Objectif 2050

L’abécédaire du scénario de Transition Énergétique de Greenpeace

Objectif 2050

Après une vingtaine d’années de négociations internationales sur l’environnement, quelques initiatives balbutiantes telles que le Protocole de Kyoto, les réponses apportées par les États sont loin d’être suffisantes pour permettre à notre civilisation de faire face aux enjeux environnementaux de notre siècle.

En parallèle et depuis près de dix ans, Greenpeace verse au débat public sa vision de la transition énergétique indispensable à enclencher pour répondre aux crises environnementales, sociales et économiques qui s’alimentent entre elles et s’accentuent.

Depuis 2005 et le premier scénario européen, ce sont plus de 37 scénarios Energy [R]evolution qui ont été déclinés à des niveaux nationaux, régionaux ou mondiaux. En 2010, le rapport spécial du GIEC sur les énergies renouvelables et les dérèglements climatiques (SRREN) avait choisi le scénario Energy [R]evolution comme l’un des quatre scénarios de référence dans la lutte contre les dérèglements climatiques.

Pour que ces débats ne restent pas le pré carré d’experts du climat ou des politiciens, Greenpeace verse aujourd’hui sa contribution au public. Cet abécédaire de la transition énergétique est une encyclopédie, un dictionnaire, un inventaire. Son objectif ? Rendre aux citoyens les outils de compréhension et de débat sur la politique énergétique.

C’est un outil à explorer, à offrir, à partager, à diffuser. Il est à vous.

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Énergies en crise

Crise climatique


Après 20 ans de négociations internationales sur l’environnement et le climat, quelques initiatives balbutiantes et inabouties comme le Protocole de Kyoto, les réponses apportées par les États sont loin d’être suffisantes pour permettre à notre civilisation de faire face aux enjeux environnementaux de notre siècle.

Le dérèglement climatique a été révélé au début des années 90 par le GIEC. Le constat est que notre Planète est en train de subir un phénomène climatique majeur d’élévation de la température moyenne.

Ce phénomène est le résultat de l’accumulation historique des accumulations des Gaz à Effet de Serre (GES) liés à l’activité humaine, dans l’atmosphère terrestre. Le climat mondial est déréglé, en crise, et il est nécessaire, d’après les scientifiques, de limiter l’augmentation de la température moyenne à 2°C par rapport à l’ère pré-industrielle (1750). Au delà de ce seuil, les conséquences environnementales auront un impact dramatique sur les populations du monde les plus exposées, qui en subissent déjà les premiers effets. Les signes du dérèglement climatique sont là, il faut les regarder : les neiges sur les hauts sommets ne sont plus éternelles.

Les glaciers reculent. La surface des pôles rétrécit d’année en année. Le conseil de sécurité des Nations Unies a, lors de sa dernière réunion, fait part de son inquiétude sur la corrélation entre changement climatique, conflits armés et désordres politiques  : “Il est à craindre que, avec une accélération plus rapide que ce qui a été anticipé, le changement climatique engendre des conséquences plus sévères que prévu . Les déplacements de populations, la hausse des prix des denrées alimentaires, sont notamment des conséquences du bouleversement climatique. Et pourraient être à l’origine de conflits sociaux, militaires, politiques. Une menace pour la paix.

Crise économique


Depuis 2008, le monde globalisé connaît une crise économique et financière majeure. Une crise marquée par une forte hausse des prix du pétrole et des produits agricoles. En 2013, la crise se poursuit, et les caisses des États sont vides.

Selon le DARA, l’échec des actions contre le réchauffement climatique coûte déjà à l’économie mondiale 1,6 % de son PIB, soit 1200 milliards de dollars (environ 930 milliards d’euros) par an de prospérité.

La gestion de la crise climatique ne peut pas attendre que nous ayons résolu la crise économique. Car il deviendrait alors beaucoup plus difficile, et plus coûteux, d’atteindre l’objectif de 2°C. Et si l’objectif n’était pas atteint, les coûts des dommages liés au changement climatique augmenteraient. Aucun plan de sortie de la crise économique ne sera donc crédible, même à court terme.

Crise économique et crise écologique sont intrinsèquement liées et doivent être combattues ensemble. Loin d’être une contrainte, la transition énergétique est aussi une solution à la crise économique.

Crise énergétique


Notre planète a des ressources énergétiques limitées. Pourtant, dans ce contexte de réserves fossiles et fissiles “finies”, le monde est de plus en plus “énergivore”.

La consommation par individu ne cesse de croître dans les pays occidentaux. La population mondiale augmente et ce sont les standards de confort occidentaux qui deviennent la norme.

Début janvier, le rapport Global Risks 2013 du World Economic Forum annonçait une augmentation globale des températures de 3,6 à 4℃ et identifiait la hausse des émissions de GES comme étant parmi les plus importants risques mondiaux.

En novembre dernier, l’Agence internationale de l’énergie estimait que pour avoir 50% de chances d’empêcher une augmentation globale des températures au-delà de 2°C, les 2/3 de nos ressources fossiles prouvées doivent rester dans le sol. Et pourtant, ce rapport démontre que la Chine prévoit d’augmenter de 20 % sa production de charbon, malgré une pollution de l’air insoutenable, et l’Australie de multiplier par deux ses exportations de charbon, alors que la barrière de corail est en danger. La ruée vers les réserves pétrolières et gazières de l’Arctique, facilitée par la fonte des glaces, risque d’en accélérer encore plus le recul. Le Canada envisage de tripler la production de ses sables bitumineux. L’exploitation de ces gisements est la façon la plus sale, la plus chère et la plus énergivore de produire du pétrole.

Notre modèle fondé sur le pétrole, le charbon, le gaz et l’uranium est daté, à bout de souffle.

Coûts (investisse-ments / exploitation & maintenance)


Il existe de nombreux moyens de production de l’électricité. Les “classiques” : centrale charbon, fioul, gaz ou nucléaire, et les renouvelables (éolien terrestre ou maritime, solaire photovoltaïque ou thermodynamique, petits ou grands projets hydroélectriques, hydrolien, centrale géothermique, centrale à biomasse congénérée…).

Chaque moyen de production nécessite un investissement initial, plus ou moins élevé, et permet de produire plus ou moins d’électricité en une année. Ces deux éléments impactent le coût de production d’un kWh d’électricité. Les matériels et matériaux nécessaires à la construction, les salaires des travailleurs, la durée de la construction, les niveaux d’emprunt, les assurances, le provisionnement du démantèlement, le raccordement au réseau, sont pris en compte dans ce calcul. C’est la partie fixe du coût de production. À cela s’ajoute et sur toute la durée d’exploitation d’un moyen de production, le coût des combustibles utilisés (majoritairement fossiles et fissiles pour les moyens classiques de production d’électricité), les salaires des travailleurs exploitant ou maintenant le moyen de production et les nouveaux matériaux nécessaires aux travaux de maintenance. C’est la partie variable ou fluctuante du cout de production. Pour les moyens de production d’électricité renouvelable, il n’y a pas de coûts liés aux combustibles et les côuts de maintenance sont plus faibles.

Le coût de production d’électricité total est calculé en prenant en compte l’ensemble des moyens de production existant sur un territoire (par exemple la France) et en effectuant la moyenne des coûts de production.

Coût et prix de l’électricité


Le coût de production de l’électricité est le coût total de la construction initiale, et des coûts de maintenance et de l’exploitation (salaires, ressources fossiles et fissiles, nombre d’heures de fonctionnement, …) sur toute la durée d’exploitation ramenée à la production d’un kWh d’électricité. Ce coût n’intégre pas les taxes et autres contributions sur la consommation d’électricité.

Le prix de l’électricité est plus élevé que le coût de production. Il intègre notamment la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), la Contribution au Service Public de l’électricité (CSPE), le tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité (TURPE), la Taxe Locale sur la Consommation Finale d’électricité (TCFE)… Ces taxes et contributions permettent de financer les investissements sur les réseaux, de financer les nouveaux moyens de production d’électricité renouvelables, la tarification sociale, …

Enfin, il est important de noter que le prix de l’électricité varie en fonction de secteurs de consommation (industrie, résidentiel, tertiaire) et des niveaux de consommation (les plus gros consommateurs bénéficiant de rabais important).

En somme, si le coût de production de l’électricité est une évaluation purement économique de ce que coûte la production d’un kWh d’électricité, le prix de l’électricité résulte d’une décision politique visant entre autre à financer une partie du système électrique et à garantir des prix d’électricité plus faibles pour certains secteurs de consommation de l’électricité.

Consommation d’énergie


Il existe de nombreux secteurs de consommation d’énergie. Les plus connus sont l’habitat, le tertiaire, l’industrie, le transport. Leurs consommations peuvent toucher différents type de ressources (fossiles, fissiles, biomasse, vent, soleil, eau) ou vecteur (chaleur, électricité, mobilité) d’énergie.

Il faut distinguer la consommation d’énergie du besoin. Le besoin peut souvent se résumer à des choses simples: une température douce et suffisamment de lumière dans une maison, pouvoir garder frais les aliments et pouvoir les cuire, se déplacer. Face à ces besoins, l’énergie peut être une solution, mais ce n’est pas la seule. L’isolation d’une maison, les matériaux utilisés pour sa construction ou son architecture peuvent remplir une partie des besoins.

La consommation d’énergie par secteurs et par type de besoin dépend des moyens de consommation utilisés  et de leur efficacité (l’électricité pour le chauffage n’est pas très performante, un réfrigérateur A++ consomme moins qu’un B, le train est plus efficace pour se déplacer qu’une voiture ou que l’avion).

En France, on estime que nous pouvons diminuer notre consommation finale d’énergie de 50% d’ici à 2050. Des économies qui nous permettront de réduire les émissions de GES, de sortir du nucléaire et de réduire les coûts liés à l’énergie.

Puissance maximale appelée ou pointe de consommation


La puissance maximale appelée, (ou pic ou pointe de consommation) représente l’énergie électrique maximale consommée à un instant donné (c’est pour cela qu’on parle de puissance) par les usagers de l’électricité.

Nous n’avons pas les mêmes besoins en énergie tout au long de la journée et au fil des saisons. Ainsi, la variation de la demande en électricité peut être forte (de 40% en hiver) sur une journée et plus encore entre les saisons (du simple au double entre l’hiver et l‘été). Les raisons de ces variations sont multiples. Les variations les plus forte l’hiver sont liées au recours très important au chauffage électrique en journée et le soir, aux besoins plus élevés en lumière à partir de 17h le soir par exemple.

Les fortes variations de demande en électricité sont-elles un problème ? Oui, car elles entraînent des difficultés à sécuriser l’approvisionnement de l’électricité (la France a été proche d’une coupure générale en février 2012 lors de la période de grand froid et devrait y être confrontée à nouveau dans les années à venir). Par ailleurs, les investissements dans les moyens de production ou d’approvisionnement permettant de satisfaire la “pointe” de consommation sont très élevés et pour une utilisation limitée dans le temps. Cela coûte donc très cher aux consommateurs. Enfin l’électricité consommée en plus pendant les périodes de pointe provient de centrales à charbon, au fioul ou au gaz émettant beaucoup de gaz à effet de serre ou bien est importée à prix élevé de l’étranger (jusqu’à 35 fois plus cher)

1 contenu en rapport

Chauffage électrique


Près de 10 millions de foyers se chauffent à l’électricité essentiellement par des chauffages convecteurs ou radiants (plus de 50 millions de radiateurs de ce type).

Pour le consommateur, ces moyens de chauffage entraînent beaucoup d’inconfort (effet convectif) et des surcoûts élevés en raison des moyens de production additionnels nécessaires pour seulement quelques heures de fonctionnement dans l’année. (Voir l’étude de l’UFC Que Choisir )

C’est un des moyens de chauffage les moins efficaces. Pour le réseau électrique, les chauffages électriques génèrent de l’instabilité et des risques de coupure générale, des surcoûts non nécessaires sur le réseau d’approvisionnement en électricité et des investissements peu rentables dans des moyens de production d’électricité polluants (charbon, gaz et fioul). Dans les fortes périodes de froid, le surplus d’électricité lié au chauffage est importé, parfois à des coûts extrêmement élevés. Ainsi, en février 2012 la France n’aurait pas pu faire face au pic de consommation électrique sans l’électricité solaire allemande.

Grenelle de l’Environnement


Le Grenelle de l’environnement a été initié par Nicolas Sarkozy en 2007. A l’époque, le Président de la République avait affiché des ambitions au-delà de toutes les espérances…

Il proposait un modèle de gouvernance novateur, associant les collectivités locales, le patronat, les syndicats, les associations de protection de l’environnement et l’Etat. Les conclusions d’octobre 2007, hormis sur le nucléaire, marquaient des avancées certaines, notamment en matière de rénovation et de construction des bâtiments, de fiscalité énergétique, ou encore de développement des énergies renouvelables.

Mais des promesses d’octobre 2007, il ne reste plus rien, ou presque. La “méthode Grenelle” reste le seul véritable acquis du processus. La loi Grenelle I n’est qu’un catalogue de bonnes intentions, ce que le projet de loi Grenelle II traduit au fil de ses 104 articles par les termes “peut”, “pourra”, “pourrait”, répétés pas moins de 142 fois, contre seulement 16 fois pour le terme “doit”.

Les mesures les plus structurantes, comme la taxe carbone, censée impulser une modification du comportement des différents acteurs, du citoyen à l’entrepreneur, ont été enterrées et conditionnées à une improbable décision européenne. Plus de 1 000 km de nouvelles routes ont été planifiés ainsi que la construction d’un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes. La taxe poids lourds a été repoussée à 2013. La part du fret ferroviaire a été divisée par deux entre 2000 et 2010, alors qu’elle doublait en Allemagne!

Sans compter les bâtons mis dans les roues du développement des énergies renouvelables : assujettissement de l’éolien à “l’installation classée pour l’environnement” et obligation d’implanter un nombre de mâts au moins égal à cinq, baisse du tarif d’achat pour le photovoltaïque, qui a couté à la filière environ 10 000 emplois en 2011…

Un constat sans surprise alors que le gouvernement de l’époque avait refusé de remettre en cause la part du nucléaire dans le mix électrique français. Le gouvernement Sarkozy a donc été incapable de réorienter les modes de production énergétique, figés en France depuis le développement du parc électronucléaire, et de changer des modes de consommation.

Plan Messmer


Les premiers réacteurs nucléaires apparaissent en France à la fin des années 50. Mais c’est au début des années 70, dans le contexte du premier choc pétrolier, qu’un programme de grande ampleur est lancé.

La Commission PEON (Production d’électricité d’origine nucléaire), créée en 1955, va mettre au point la stratégie électronucléaire adoptée en 1973 par Pierre Messmer alors Premier ministre de Georges Pompidou.

C’est le « plan Messmer ». Il veut généraliser le recours à l’énergie nucléaire en France et prévoit la construction de trois réacteurs par an. Ce programme a fait de la France le pays le plus nucléarisé au monde.

Au départ, des voix s’élèvent pour critiquer ce plan pharaonique: les écologistes mais aussi des scientifiques. En 1974, 400 chercheurs du Laboratoire de physique corpusculaire du Collège de France lancent un appel contre le Plan Messmer et recueillent près de 4.000 signatures. Ils dénoncent le manque de transparence, les risques de fuites dans les centrales, niés par les autorités, le problème, non résolu, des déchets et reprochent au CEA, chargé de contrôler le programme, d’être juge et partie. Sans être frontalement opposés au nucléaire, ils réclament la tenue d’un débat public. Sur le long terme, l’opposition s’essouffle face au bloc des politiques et grands corps d’Etat.

Aujourd’hui, on compte 58 réacteurs sur le territoire français. Tous sont des réacteurs de deuxième génération (réacteurs à eau pressurisée). Mais des réacteurs dits de troisième génération (de type EPR) devraient faire prochainement leur apparition. L’un d’eux est en construction à Flamanville (près de Cherbourg)

Crise Politique


Depuis l’échec de la Conférence de Copenhague en décembre 2009, les questions de transition énergétique peinent à revenir sur le devant de la scène.

À l’époque, l’attention des médias du monde entier était tournée vers la capitale danoise pour observer la rencontre inédite de plus de 120 Chefs d’État censés trouver un accord mondial pour lutter contre le réchauffement climatique. Des dizaines de milliers de manifestants avaient défilé dans les rues de Copenhague pour interpeller les délégations du monde entier réunies pour 15 jours de négociation. Jean-Louis Borloo avait parcouru le continent africain pour tenter de créer des partenariats sur l’énergie. Sans succès. Le Sommet sur le climat le plus médiatisé de tous les temps s’est conclu sur un échec cuisant. Au lieu d’un accord contraignant, les Chefs d’Etat sont repartis avec un simple accord politique dicté par les principaux émetteurs de gaz à effet de serre.

En France ce fiasco a relégué les enjeux environnementaux au dernier rang des préoccupations politiques. “L’environnement, ça commence à bien faire”, expliquait quelques mois plus tard le Président de la République à l’occasion du salon le plus populaire de France… C’est aussi à ce moment qu’il a décidé d’enterrer le projet de taxe carbone, mesure phare issue du Grenelle de l’environnement.

Trois ans plus tard, force est de constater que les problématiques écologiques restent aussi maltraitées. Le nucléaire est le seul enjeu environnemental à avoir émergé pendant la campagne présidentielle de 2012, catastrophe de Fukushima oblige. Et si le débat qui s’en est suivi en France a vu pour la première fois des représentants des grands partis de gouvernement questionner la place du nucléaire, force est de constater qu’il n’a pas fondamentalement remis en cause la politique énergétique française. L’attitude du gouvernement en place diffère peu pour le moment de la politique du précédent gouvernement. Et le fameux débat sur la transition énergétique, connu par seulement 1 Français sur 5, semble bien loin des préoccupations du Chef de l’État et de son Premier Ministre.

Débat national sur la Transition Energétique


Le débat sur la transition énergétique est l’une des promesses du candidat François Hollande. Sur la base des conclusions de ce débat public, une loi de programmation énergétique sera votée par le Parlement fin 2013 ou début 2014.

Greenpeace a décidé de ne pas participer au processus officiel. Trop de questions sans réponses, trop de signaux négatifs, trop d’incertitudes sur la volonté de ce gouvernement à mettre en œuvre la transition énergétique, et d’organiser un débat ouvert, transparent, équitable, à même de conclure à la nécessité d’une réorientation profonde de la politique énergétique française.

L’acharnement sur le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes, l’absence de mesures urgentes promises pour sauver les filières éolienne et photovoltaïque, l’équation impossible de la réduction de la part du nucléaire dans le mix électrique - une réduction de 25 points de la part du nucléaire en fermant une seule et unique centrale et en ouvrant un EPR, l’absence de la question des infrastructures de transport dans le débat, l’encouragement à la recherche de techniques « propres » d’exploitation des schistes, sont autant de signaux qui nous font douter de la sincérité du gouvernement à enclencher la transition énergétique.

Le processus de débat est lui aussi symptomatique de la volonté du gouvernement d’en maîtriser les conclusions pour éviter toute remise en question profonde du statu quo : un comité de pilotage présidé par la Ministre de l’environnement elle-même, composé de représentants du secteur des entreprises issues du CAC40 – pas de place pour les PME -, des entreprises opposées à la transition énergétique comme Areva – sans représentant des industriels des renouvelables et de l’efficacité énergétique, un Conseil ingouvernable avec 7 collèges de 16 membres sans mode de décision clairement établi…. Tout cela décidé sans aucune concertation avec les parties prenantes.

Fan club du nucléaire


Les promoteurs de l’énergie nucléaire ne manquent pas en France. Élus, députés, ministres, industriels ou hauts-fonctionnaires, les ardents défenseurs de l’atome sont légion. Petit Who’s who.

Arnaud Montebourg : le Ministre du redressement productif ne cesse de s’illustrer par des propos toujours plus rétrogrades, vantant une approche productiviste, pro-nucléaire, pro-gaz de schiste, pro-gaz de houille et même pro-diesel, aux antipodes de la transition énergétique. “Filière d’avenir”, “atout extraordinaire”, le nucléaire serait “l’outil pour assumer la transition énergétique”, rien moins que “le moyen pour avancer sur le chemin de la réindustrialisation”. Mais si le nucléaire est l’un des piliers du patriotisme économique défendu par Arnaud Montebourg, c’est sûrement parce que la Saône-et-Loire, département dont il fut le président du conseil général de 2008 à 2012, est un lieu d’implantation d’Areva, qui y fabrique les cuves des réacteurs nucléaires.

Anne Lauvergeon : formée à l’Ecole des Mines, elle a joué depuis la fin des années 1990 un rôle central parmi les barons de l’industrie française, alors qu’elle était à la tête de la Cogema (nommée en 1999 par Dominique Strauss-Kahn), puis d’Areva, jusqu’en 2011. Administratice de GDF-Suez jusqu’en 2012, elle est encore aujourd’hui administratrice du pétrolier Total. Sa proximité avec les groupes du CAC40 qui dictent la politique énergétique depuis 40 ans en France ne l’a pas empêchée de se retrouver nommée au Comité de pilotage du débat sur la transition énergétique.

Bernard Cazeneuve : l’actuel Ministre du Budget, porte-parole du candidat Hollande pendant la présidentielle, est aussi un défenseur ardent nucléaire. L’ancien maire de Cherbourg est plus connu sous le nom de « député Cogema » (l’ancienne dénomination d’Areva). C’est lui qui a convaincu François Hollande de poursuivre le chantier de l’EPR. C’est à lui qu’Areva a téléphoné pour le prévenir des « conséquences graves » qu’entraînera l’accord entre le PS et Europe Ecologie-Les Verts, aboutissant à un recul du PS sur le dossier. Rien d’étonnant quand on sait que la région Basse-Normandie, dont il est le vice-Président, fournit à elle seule 17 % de la production nationale d’énergie atomique, et compte notamment sur son territoire le centre Areva de traitement des déchets nucléaires à La Hague. Pour Bernard Cazeneuve, “le nucléaire civil est une chance pour la France” .

Union Française de l’Electricité : l’UFE est l’association qui porte les intérêts des employeurs du secteur de l’électricité, producteurs, gestionnaires de réseaux ou fournisseurs de l’électricité. Parmi ses membres: EDF, GDF, E-On, Vattenfall… Elle a publié une étude prospective “Electricité 2030, quels choix pour la France”, contribution désinteressée, cela va de soi, au débat énergétique français. Elle compare 3 scénarios de production électrique, avec respectivement 70%, 50% et 20% de nucléaire. Sans surprise, les résultats de cette étude sont très favorables aux scénarios de poursuite du nucléaire à des niveaux élevés. Sauf que l’étude complète n’est pas disponible, l’UFE n’ayant pas souhaité communiquer les détails de sa méthode de travail. Rien d’étonnant quand on se prête à l’analyse de la synthèse diffusée par l’UFE, comme l’a fait Global Chance dans ses Cahiers de mars 2012. Il en ressort notamment que l’UFE ne décrit pas dans son scénario de maintien du nucléaire le mix de production, ce qui empêche d’en vérifier la cohérence… Et ne traite pas non plus l’évolution de la demande d’électricité, ni des potentiels d’économies et encore moins de leurs coûts, refusant de les considérer comme un levier d’action… Une contribution tout sauf sérieuse, mais qui a été abondamment utilisée par nombre de personnalités politiques et industrielles militant pour le maintien du nucléaire, pour étayer leur argumentation.

Patrice Prat : Député du Gard, Patrice Prat est l’un des socialistes qui s’est emparé de la question énergétique à l’Assemblée nationale. Membre du groupe d’étude sur l’énergie et du groupe d’étude sur les gaz de schiste, il est aussi membre de la Commission locale d’information de la centrale de Tricastin et fait partie des quelques députés qui participent au collège des parlementaires mis en place dans le cadre du débat sur la transition énergétique. Il explique que « Oui, le nucléaire est une filière d’avenir ! Notre pays ne va pas tourner le dos à cette énergie, sur laquelle il devra pouvoir compter pour fournir aux entreprises et aux ménages, l’énergie la plus sûre et la moins coûteuse possible » …

Banque publique d’investissement : la Banque publique d’investissement a été présentée par le Président de la République comme “la Banque de la transition écologique”. Comment interpréter alors que la première action de la BPI, soutenue à hauteur de 50 millions par l’État, consiste à soutenir la filière nucléaire ?

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Énergies à risques

Nucléaire


L’énergie nucléaire est une source de production d’électricité à partir de combustibles radioactifs dont la matière première est l’uranium.

Le nucléaire est une source minoritaire de production d’électricité. Seulement 31 pays utilisent cette énergie mais 6 pays produisent près de 80% de la production nucléaire mondiale (France, Allemagne, Japon, Corée du Sud, Etats-Unis et Russie). En 2011 environ 400 réacteurs nucléaires produisaient 11% de l’électricité mondiale.

La France est un cas à part puisqu’il s’agit du pays le plus dépendant de cette énergie, les 58 réacteurs nucléaires français produisent en effet 75% de l’électricité produite sur le territoire. L’utilisation du nucléaire comme source de production d’énergie est largement décriée en raison des risques présentés par la technologie et les effets de la radioactivité sur la santé humaine.

Trois types de risques sont communément dénoncés : ceux liés à la gestion des déchets nucléaires et notamment les combustibles usagés qui resteront radioactifs pendant plusieurs milliers d’années et pour lesquels aujourd’hui aucune solution satisfaisante n’a été trouvée ; les risques de survenance d’un accident majeur qui contaminerait largement l’environnement et les populations (le monde a déjà connu deux accidents nucléaires classés au dernier niveau de l’échelle Ines à Tchernobyl en 1986 et à Fukushima en 2011) ; les risques de prolifération nucléaire liés à la fois à la course à l’armement que mènent certains États mais aussi de plus en plus à des menaces terroristes.

Fossiles


On appelle combustible fossile tous les combustibles riches en carbone — essentiellement des hydrocarbures — issus de la méthanisation d’êtres vivants morts et enfouis dans le sol depuis plusieurs millions d’années.

Selon le Potsdam Institute for Climate Impact Research, si l’on veut garder la hausse des températures en dessous des deux degrés et ainsi éviter les pires conséquences des changements climatiques, moins d’un quart des réserves prouvées en fossiles (pétrole, gaz et charbon) peuvent être consommées d’ici à 2050.

Le charbon est un combustible fossile : il s’agit d’une matière organique initialement composée de bois et de feuilles qui, sous l’effet de la pression et de la chaleur exercées pendant des millions d’années, a pris une forme compacte contenant plus ou moins de carbone selon les types de charbon. Le charbon est une ressource parmi les mieux réparties autour du globe et dont le prix reste bas. D’où son utilisation grandissante depuis la révolution industrielle. Le charbon est aujourd’hui la deuxième source de production d’énergie dans le monde (après le pétrole). Le charbon est la source d’énergie la plus polluante et la plus émettrice de CO2 (30% des émissions mondiales). Le charbon est ainsi le premier responsable des changements climatiques.

Les pétroles conventionnels -facilement exploitables- se raréfient et les compagnies pétrolières se positionnent à présent sur les projets les plus fous pour s’assurer de garder leur part du gâteau. Ils maintiennent la planète sous haute dépendance en prolongeant notre addiction avec un pétrole plus cher, plus polluant, plus risqué : sables bitumineux, offshore profond, gaz et pétrole de schistes… : des projets de prospection, voire d’exploitation sont en cours un peu partout dans le monde.

Assurance - responsabilité civile nucléaire


La responsabilité civile est l’obligation légale faite à toute personne de réparer les dommages causés de son fait, de celui des personnes dont elle doit répondre ou des choses dont elle a la charge.

De par sa spécificité, l’industrie nucléaire peut causer des dommages dont les conséquences se feront sentir sur plusieurs générations mais aussi pourraient s’étendre au-delà du seul pays de l’accident. À partir des années 60, une réflexion internationale s’est engagée autour de la mise en place d’un système de responsabilité civile spécifique au nucléaire. Deux conventions internationales ont tenté de poser un cadre à la responsabilité civile dans le secteur nucléaire. La première est la convention dite de Paris amendée en 1963 par la convention de Bruxelles, et la seconde celle de Vienne.

L’expérience des accidents nucléaires passés, celui de Tchernobyl comme celui de Fukushima, a démontré que le bilan sanitaire et économique d’un accident nucléaire majeur était non seulement difficile à évaluer mais aussi terriblement élevé, laissant penser que le risque nucléaire n’est pas assurable. Ainsi, le système de responsabilité civile est encore une fois à l’épreuve avec la catastrophe de Fukushima et ses lacunes sont dénoncées : seulement la moitié des réacteurs nucléaires dans le monde se situe dans un pays ayant adhéré aux conventions internationales ; le système protège avant tout l’industrie en fixant une responsabilité limitée dans le temps et dans les montants ; en fixant une responsabilité exclusive de l’exploitant de la centrale le système international empêche les victimes de se retourner contre d’autres acteurs de la chaîne de production.

Ainsi, en France alors qu’Areva (anciennement Framatome) a contribué à la fabrication des chaudières nucléaires des réacteurs français, seul EDF devrait payer en cas d’accident. Aujourd’hui, EDF assure chacun de ses réacteurs pour 91 millions d’euros. Ce niveau devrait passer d’ici à 2015 à 700 millions d’euros, alors même que l’IRSN évaluait en février 2013 le prix d’un accident nucléaire majeur en France au-delà de 400 milliards d’euros.

Accident nucléaire


Une grille de classement des incidents et accidents liés au nucléaire a été mise en place dans les années quatre-vingt-dix et est utilisée par la communauté internationale pour qualifier la gravité de ces évènements. Appelée échelle INES, cette grille comporte sept niveaux et utilise notamment les conséquences de l’événement pour qualifier sa gravité.

Selon l’échelle INES, c’est principalement l’impact à l’extérieur du site nucléaire qui entraîne la qualification d’accident, dès le niveau 4. Le niveau de l’accident majeur est le niveau 7 de l’échelle. Il correspond notamment aux accidents de Fukushima et de Tchernobyl, impliquant des rejets radioactifs importants dans l’environnement et une exposition significative du public. Si les accidents les plus connus du grand public sont ceux qui ont touché directement un réacteur nucléaire, il en existe d’autres comme l’explosion survenue en 1957 à l’intérieur des cuves de déchets du complexe militaire de Mayak en Russie qui a engendré une pollution radioactive significative autour du complexe militaire. Cet accident a été classé niveau 6 de l’échelle INES.  Une usine comme celle de la Hague, dans la Manche, où des quantités importantes de matières radioactives sont stockées, est donc aussi exposée au risque d’accident majeur qu’une centrale nucléaire.

La France a connue dans son histoire un accident nucléaire classé au niveau 4 de l’échelle INES, en 1969 dans la centrale de Saint-Laurent-des-Eaux, où une partie des combustibles d’un des réacteurs avait commencé à fondre.

Bugey


Bugey est la seconde centrale la plus âgée du parc nucléaire français.

Elle connaît de nombreux problèmes de sûreté avec une fragilité spécifique des radiers et des cuves des réacteurs. L’IRSN a notamment identifié le risque de rupture brutale de la cuve du réacteur n°5 à 35 ans. Bugey est la centrale nucléaire de France qui a la plus forte concentration de population autour d’elle, avec dans un rayon de 30 kilomètres, l’agglomération lyonnaise et la ville de Genève à moins de 80 kilomètres et dans le sens des vents dominants. La présence de grandes agglomérations complique la gestion de crise et les besoins d’évacuation en cas d’accident. La centrale est aussi exposée au risque d’inondation par rupture de barrage ou rupture de digue et au risque sismique qui, selon l’IRSN, a été sous-évalué.

Fessenheim


Le centre de production électronucléaire Fessenheim est le plus vieux de France, il comporte deux réacteurs de 900 MW mis en service début 1978.

La centrale de Fessenheim aura donc atteint 40 années de fonctionnement début 2018. Les premiers bétons ont eux déjà 40 ans. Doyenne du parc électro-nucléaire français, la centrale de Fessenheim dispose aussi d’une particularité notable qui est d’avoir des radiers (dalles de béton sous le réacteur) deux fois moins épais que le reste des centrales françaises. Pour autoriser la poursuite d’exploitation à 40 ans l’ASN a exigé un renforcement de ces structures. Fessenheim a aussi une fragilité particulière sur la cuve de son réacteur n°1 et des microfissures y ont déjà été constatées en 1987. Par ailleurs Fessenheim cumule les risques : risque sismique élevé et fort risque d’inondation dans la mesure où la centrale est situé en contrebas du canal d’Alsace. La centrale est également située sur la plus grande nappe phréatique d’Europe et est la centrale concentrant la plus grande population en France puisque presque 5 millions d’habitants vivent dans un rayon de 80 km.

Fessenheim est de manière indéniable parmi les cinq centrales à fermer le plus rapidement possible tant le risque mais également les conséquences d’un accident majeur y seraient graves.

La centrale de Fessenheim est la seule que le Président de la République s’est engagé à fermer et avant la fin de son quinquennat (engagement n°41) . En fait, le candidat puis Président de la République a usé et abusé du symbole Fessenheim comme d’un « os à ronger » pour ses adversaires politiques, mais aussi pour les écologistes… Une centrale-symbole qui monopolise l’attention, pour la fermeture de laquelle de très nombreux politiques locaux et collectivités locales se sont mobilisés, accompagnés dans ce mouvement par les voisins allemands et suisses, riverains de la centrale…

Fessenheim cumule bel et bien les handicaps et les faiblesses au niveau de la sûreté, et des conséquences catastrophiques d’un éventuel accident majeur. Elle devrait être fermée immédiatement.

Fukushima


Le 11 mars 2011 un tremblement de Terre suivi d’un tsunami ont été à l’origine du second accident nucléaire majeur dans l’histoire de l’humanité sur la centrale de Fukushima.

Les coeurs des réacteurs nucléaires 1 , 2 et 3 ont fondu, les piscines des 4 premiers réacteurs ont été gravement endommagées. Des quantités conséquentes de matières radioactives se sont dispersées dans l’environnement, dans l’air mais aussi dans l’eau à travers les fuites de la centrale et les retombées dans l’océan. Une zone de 30 km autour de la centrale a été évacuée et certains « points chauds » aussi comme la ville d’Iitate située à plus de 40 km. Au total 160 000 personnes ont été évacuées, d’autres ont décidé d’elles mêmes de quitter les lieux. Au delà de l’impact des phénomènes naturels extrêmes sur la centrale il a été reconnu par la commission de la Diète Japonaise (parlement) qu’une trop grande proximité entre le régulateur et l’industrie nucléaire avait un rôle important dans la survenance de l’accident. Notamment il s’est avéré que Tepco savait depuis plusieurs années qu’un tsunami d’une telle ampleur était possible mais que les travaux de renforcement n’avaient pas été faits.

Aujourd’hui le gouvernement japonais mais aussi d’autres organes internationaux comme l’OMS tentent de minimiser les conséquences de la catastrophe. Des plans de décontamination voient le jour pour permettre aux personnes évacuées de regagner leur domicile. A Tchernobyl, 27 ans après la catastrophe, une zone d’exclusion demeure. Alors que la sécurisation de la centrale de Fukushima prendra des années et notamment le retrait des combustibles usés de la piscine n°4, la plus endommagée, les japonais touchés par la catastrophe sont aujourd’hui confrontés à des difficultés pour être indemnisés de ce qu’ils ont perdu.

Gravelines


Gravelines présente le plus gros potentiel de danger en Europe avec six réacteurs et l’utilisation de combustible MOX.

Elle est exposée au risque d’inondation car construite sur un polder, dans une zone sous le niveau de la mer, avec des risques de crues et de submersion marine. La centrale est aussi exposée à un risque industriel fort avec 22 installations classées Seveso dans un rayon de 10 kilomètres, une zone de transport maritime parmi les plus importantes du monde entre la France et l’Angleterre. Gravelines est aussi la centrale qui connait la plus forte densité de population dans un rayon de 10 kilomètres avec 135 000 personnes à évacuer très rapidement en cas d’accident. Il faut aussi prendre en compte qu’à Gravelines, une contamination impacterait toute l’activité économique, industrielle du nord de la France, mais aussi du sud de l’Angleterre et de la côte Belge.

Blayais


La centrale du Blayais située dans un estuaire est fortement exposée au risque d’inondation.

Malgré les retours d’expériences de la tempête de 1999, durant laquelle l’évacuation de Bordeaux avait été discutée, des améliorations devraient encore être apportées notamment sur la résistance au risque sismique des protections contre l’inondation. En cas d’accident majeur, les vents dominants diffuseraient la radioactivité vers les terres. L’Aquitaine est une région à dominante forestière et agricole avec notamment les activités autour du vin, autant d’activités non délocalisables et qui seraient condamnées en cas d’accident majeur. Les appellations comme Saint-Julien, Saint-Estèphe, Pauillac sont situées à moins de 5 km de la centrale. De même l’agglomération bordelaise qui compte 1 million d’habitants se trouve à une quarantaine de kilomètres à peine de la centrale.

Tricastin


Tricastin est la troisième centrale la plus âgée de France, elle connait de nombreux problèmes de sûreté, dont une vingtaine de fissures sur la cuve du réacteur n°1, elle utilise du combustible MOX.

Le site du Tricastin est la plus importante concentration d’industries nucléaires et chimiques de France, exposant ainsi la centrale à un risque d’agression externe fort comme un nuage toxique sur le site ou une explosion. Si son proche bassin de population est peu peuplé, l’étude des vents dominants montre qu’en cas d’accident, la contamination portée par le mistral toucherait rapidement les Bouches-du-Rhône et la Côte d’Azur, impacterait toute la vallée du Rhône, son vignoble, son tourisme, etc. L’autoroute A7 qui transporte chaque jour plus de 70 000 véhicules et 175 000 en période estivale se trouve à moins de 500 mètres, comment évacuer cette population en cas d’accident ? Il ne faut pas oublier aussi que, comme Fessenheim, Tricastin est exposée au risque d’inondation par rupture de digue car située sous le niveau du canal et qu’elle est aussi en zone sismique 3.

EPR


L’EPR est un nouveau type de réacteur nucléaire (dit de troisième génération). Il s’agit d’un réacteur à eau pressurisée (European Pressurized Reactor en anglais, d’où le sigle EPR)

Il a une puissance électrique de 1600 mégawatts (quand ses prédécesseurs avoisinaient les 1000 mégawatts) et il est conçu pour utiliser jusqu’à 100% de Mox (Mixed Oxydes), un mélange d’oxydes de plutonium et d’uranium. C’est le réacteur plus puissant au monde, mais aussi le plus dangereux.

Actuellement, deux EPR sont en construction en Europe : à Flamanville (près de Cherbourg) et en Finlande (à Olkiluoto). Deux autres sont en construction en Chine (Taishan)

Lundi 3 décembre 2012, EDF annonçait, dans un communiqué, un nouveau surcoût pour l’EPR de Flamanville qui devrait, pour l’heure, coûter 8,5 milliards d’euros. Suite à cette annonce, Enel, électricien italien a annoncé vouloir abandonner sa participation dans le projet EPR Flamanville 3, réclamant ses billes, soit 613 Millions d’Euros Cette actualité récente n’est en fait qu’un nouvel épisode d’une série de déconvenues pour le réacteur EPR en Europe. Depuis quelques mois, les actionnaires et partenaires des différents projets se retirent les uns après les autres, laissant la France de plus en plus seule à porter le projet : à travers ses acteurs industriels (EDF & Areva), et à travers ses finances publiques… et donc ses contribuables.

Sûreté nucléaire


La sûreté nucléaire se définit comme “un ensemble de mesures permettant d’assurer le fonctionnement normal d’une centrale nucléaire, de prévenir les accidents ou les actes de malveillance et d’en limiter les effets tant pour les travailleurs que pour le public et l’environnement.”

En France le contrôle de la sûreté nucléaire est assuré par un organe statutairement indépendant de l’industrie nucléaire appelé Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN). La sûreté vise donc notamment à réduire le risque d’occurrence des incidents et accidents nucléaires. Les objectifs fixés sont d’un accident grave avec fusion du cœur du réacteur pour dix mille années réacteurs et un accident majeur pour un million d’années réacteurs.

Après Fukushima, le patron de l’Institut de Radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), Jacques Repussard, déclarait au journal Le Monde : “Sur le parc mondial 14 000 années réacteurs sont déjà passées, et les statistiques montrent qu’on en est à 0,0002 (2x10-4) accident nucléaire grave par an, soit vingt fois plus qu’attendu selon les études probabilistes qui ne savent pas bien prendre en compte l’aléa naturel et le facteur humain (…) cela signifierait qu’avec 1 000 réacteurs installés, un accident nucléaire grave se produirait en moyenne tous les 10 ans, ce qui n’est pas supportable”.

Fukushima a fortement remis en question l’approche probabiliste de la sûreté qui consiste à ne pas prendre en compte dans la conception et l’exploitation d’une centrale les seuls évènements se situant au-delà d’un certain niveau de probabilité. Ainsi un séisme puissant doublé d’un tsunami gigantesque n’était pas une option envisagée au moment de la construction de Fukushima. Pour la France, le cas de la chute d’un avion de ligne n’a jamais été pris en compte dans la conception des installations nucléaires.

La sûreté nucléaire peut cependant évoluer. Dans le cadre des stress tests français il a été proposé qu’un approche déterministe soit retenue pour regarder les conséquences sur les centrales d’évènements naturels extrêmes.

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Financements
du nucléaire


Depuis les années 2000 l’industrie nucléaire communique sur une très attendue “renaissance du nucléaire”. Pourtant les chiffres sont clairs chaque année la capacité installée de production nucléaire diminue un peu plus.

L’industrie nucléaire est en effet confrontée à un défi majeur : celui du vieillissement de son parc. Face à cela deux options : prolonger au maximum la durée de vie des réacteurs existants, option alléchante mais difficile sur le plan technique notamment puisqu’ à ce jour aucun réacteur n’a fonctionné 48 ans dans le monde ; ou alors construire de nouveaux réacteurs. Cette dernière option semblait être la préférée des industriels du nucléaire il y a quelques années mais s’est heurtée très rapidement à la réalité du marché. Post Tchernobyl les prix des nouveaux réacteurs ont explosé, en même temps que les contraintes de sûreté. Avec des prix autour de 10 milliards de dollars pour un réacteur les financements privés ne suivent plus.

En 2009, le groupe bancaire britannique City group publiait une étude intitulée “New Nuclear – The Economics Say No” dans laquelle il détaillait les risques financiers majeurs pesant sur la construction de nouveaux réacteurs nucléaires. Selon cette étude, seul le soutien massif des autorités publiques permettra de réduire ces risques en les transférant purement et simplement vers la collectivité, à savoir le consommateur ou le contribuable . Les risques financiers identifiés sont de 5 ordres : Les risques de retard dans la planification. Les risques liés à la construction : retards et surcoûts. Les risques liés au prix de l’électricité. Une centrale produit de l’électricité pendant plusieurs dizaines d’années. Sur cette période les prix du marché peuvent varier et impacter la rentabilité de l’investissement, surtout dans un marché libéralisé. En Grande-Bretagne le gouvernement propose de fixer des tarifs d’achat fixes sur plusieurs décennies pour le nucléaire. En France, le prix est fixé par l’Etat et non par le marché ce qui rassure les investisseurs Les risques liés au fonctionnement de la centrale : combien d’électricité va fournir la centrale. C’est un élément déterminant pour l’équilibre financier du projet. Deux éléments peuvent faire varier cette donnée : les incidents et la capacité de la machine à fonctionner correctement mais aussi la demande d’électricité. Si la demande est trop faible et que la centrale doit produire moins l’investissement mettra plus de temps à être amorti Les risques liés à la fin de vie et aux charges futures : le coût de la gestion des déchets et du démantèlement est encore mal connu et sous-évalué. Tout changement réglementaire peut venir bouleverser l’équilibre financier d’un réacteur nucléaire. La plupart des investisseurs privés se retire de la construction des nouveaux réacteurs : EON et RWE ont revendu leur filiale britannique et Eon s’est aussi retiré d’un projet de nouveau réacteur en Finlande. ENEL a quitté le projet d’EPR en France, Iberdrola a annoncé vouloir se séparer de sa joint venture avec GDF Suez au UK… Les mauvaises nouvelles pleuvent pour l’inustrie nucléaire et sans des subventions conséquentes ou des investisseurs prêts à investir à perte pour des raisons géostratégiques comme les chinois ou les russes, il est peu probable que de nouveaux réacteurs soient construits massivement en Europe. Dans tous les cas les quelques constructions qui émergent ne suffiront pas à compenser les 140 réacteurs européens qui devront fermer dans les 20 prochaines années.

Indépendance énergétique


L’indépendance énergétique est devenue, depuis les années 70 un Graal politique et économique. Mais que vaut cette indépendance si elle signifie faire face à des événements climatiques dramatiques d’un point de vue humain et financier ?

La dépendance de l’UE-27 à l’égard des importations d’énergie est passée de moins de 40 % de la consommation brute d’énergie dans les années 1980 à 45,1 % en 1999 puis à 53,9 % en 2009. Les taux de dépendance énergétique les plus élevés ont été enregistrés pour le pétrole brut (84,1 %) et le gaz naturel (64,2 %).

Aujourd’hui, la France importe 98% de son pétrole, principalement pour les transports. Le nucléaire est le résultat de l’importation de 100% d’uranium, combustible de base des centrales, depuis des pays comme le Niger ou le Kazakhstan. Faire le pari de l’indépendance énergétique du pays sur d’hypothétiques réserves d’hydrocarbures de schistes (les chiffres annoncés étant des projections) ; exploitables grâce à des méthodes dangereuses du point de vue environnemental et émettrices de CO2, est une véritable roulette russe énergétique, économique, environnementale.

A-t-on déjà mis en balance les gains financiers de l’indépendance face aux coûts des changements climatiques? L’échec des actions contre le changement climatique coûte déjà à l’économie mondiale 1,6 % de son PIB, soit 1 200 milliards de dollars par an et devrait conduire à un doublement des coûts mondiaux dans les vingt prochaines années, selon un rapport révélé le 25 septembre aux États-Unis, par le DARA and Climate Vulnerable Forum.

Risques nucléaires


Le risque provient de la survenance éventuelle d’accidents, conduisant à un rejet d’éléments radioactifs à l’extérieur des conteneurs et enceintes prévus pour les contenir.

Les accidents peuvent survenir : - lors d’accidents de transport, car des sources radioactives intenses sont quotidiennement transportées par route, rail, bateau, voire avion (aiguilles à usage médical contenant de l’irridium 192 par exemple) ; - lors d’utilisations médicales ou industrielles de radioéléments, tels les appareils de contrôle des soudures (gammagraphes) ; - en cas de dysfonctionnement grave sur une installation nucléaire industrielle et particulièrement sur une centrale électronucléaire. Les exemples les plus graves de tels accidents sont ceux survenus dans le complexe de Tchernobyl en Ukraine ou à Fukushima au Japon.

On distingue deux types d’effets sur l’homme :

  • les effets non aléatoires, dus à de fortes doses d’irradiation, apparaissent au-dessus d’un certain niveau d’irradiation et de façon précoce après celle-ci (quelques heures à quelques semaines). Ils engendrent l’apparition de divers maux (malaises, nausées, vomissements, brûlures de la peau, fièvre, agitation). Au-dessus d’un certain niveau, l’issue fatale est certaine ;
  • les effets aléatoires, engendrés par de faibles doses d’irradiation, n’apparaissent pas systématiquement chez toutes les personnes irradiées et se manifestent longtemps après l’irradiation (plusieurs années). Les manifestations sont principalement des cancers et des anomalies génétiques.

La contamination de l’environnement concerne la faune (effets plus ou moins similaires à l’Homme), la flore qui est détruite ou polluée, les cultures et les sols, qui peuvent être contaminés de façon irréversible (exemple de Tchernobyl). Enfin, un accident nucléaire a également de graves conséquences sur l’outil économique et engendre des coûts importants, notamment pour la restauration du site, la perte des biens, des cultures, etc.

3

Une autre voie

Sortie du nucléaire


Selon le scénario de transition énergétique proposé par Greenpeace, il est tout à fait possible de diminuer la puissance dont on a besoin , et de réduire la part du nucléaire jusqu’à en sortir complètement

2012 : 58 réacteurs pour 63GW de puissance

2013-2017 : 10 réacteurs au moins (environ 7GW en moins) doivent être fermés. La capacité de production renouvelable est multipliée par 3 pour l’éolien et par 2 pour le solaire. Les centrales de production d’électricité au charbon et au fioul (complémentaires au nucléaire) sont remplacées en partie par des centrales à cogénération chaleur-électricité (gaz et biomasse)

2017- 2022 : 25 réacteurs supplémentaires sont arrêtés (environ 20GW en moins). La capacité de production d’électricité de l’éolien est multipliée par 2 sur ce quinquennat, et par 2 et demi pour le solaire. La cogénération chaleur-électricité (gaz ou biomasse) continue de se développer (un tiers en plus).

2022-2027 : Au moins 15 réacteurs supplémentaires sont arrêtés sur cette période. La capacité de production d’électricité de l’éolien augmente d’un tiers sur ce quinquennat, et d’un quart pour le solaire.

2027-2032 : les derniers réacteurs, au maximum 8 (environ 17 GW), sont arrêtés en 2031. L’éolien maritime et le solaire continuent de se développer légèrement (+10% de capacité de production), ainsi que les centrales de cogénération biomasse dont la capacité de production augmente d’un tiers.

Si on parle de quinquennat et d’engagements politiques, François Hollande, pour tenir la part de 50% d’origine nucléaire sur laquelle il s’est engagé en 2025, doit, avant la fin de son quinquennat, fermer au moins 10 réacteurs.

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Transition Energétique


Après vingt ans de négociations internationales sur l’environnement, quelques initiatives balbutiantes telles que le Protocole de Kyoto, la réponse apportée aujourd’hui par les Etats est loin d’être suffisante pour permettre à notre civilisation de faire face aux enjeux environnementaux de notre siècle.

Depuis près de dix ans, Greenpeace verse au débat public sa vision de l’indispensable transition énergétique à enclencher pour pallier les crises environnementales, sociales et économiques qui s’autoalimentent et s’accentuent. En 2005, Greenpeace décrivait ainsi pour la première fois ce projet au travers du premier scénario Energy [R]evolution, établi au niveau européen.

La transition énergétique repose sur un constat, celui émis au début des années 1990 par le GIEC, et une nécessité. Le constat, d’abord, est que notre planète est en train de subir un phénomène climatique majeur d’élévation de température moyenne. Celui-ci résulte de l’accumulation historique des émissions de gaz à effet de serre, liées à l’activité humaine dans l’atmosphère terrestre et du processus massif de déforestation. La nécessité, ensuite, est de parvenir à limiter ce dérèglement climatique en limitant l’augmentation de température moyenne au maximum à 2°C, seuil au-delà duquel les conséquences environnementales ont un impact catastrophique pour les populations du monde les plus exposées et qui en subissent déjà les premiers effets.

Ce constat s’est inscrit dans la continuité des luttes engagées par Greenpeace dans les années 1970 quant aux risques identifiés des activités nucléaires, et la nécessité d’en sortir définitivement. Ces luttes sont complémentaires car le nucléaire est dans certains pays un verrou au développement des solutions à la crise climatique.

En France, la transition énergétique doit permettre d’atteindre concomitamment trois objectifs d’ici à 2050: 1. la réduction au maximum possible (près de 95% par rapport à 1990) de la production et des émissions de gaz à effet de serre ; 2.  la sortie du nucléaire ; 3. éviter la création de nouvelles tensions sur l’environnement (déforestation, ressources minières, pollution des sols, agriculture nourricière, eau).

Ces trois objectifs représentent la contribution nécessaire de la France à l’effort commun des pays pour limiter les effets des dérèglements climatiques au niveau global. Effort qu’elle doit revendiquer et promouvoir au sein de l’Union Européenne. Ils doivent conduire la France, au travers de ses représentants politiques, de ses acteurs économiques et de manière générale de chaque citoyen, à s’engager dans des politiques ambitieuses de transformation de la production et de l’usage de l’énergie ; un secteur qui représente deux-tiers des émissions de GES du territoire.

Cette transition énergétique sera possible au travers de deux évolutions majeures et simultanées: - les économies d’énergie représentent près des deux-tiers de l’effort énergétique. Elles reposent sur l’accroissement de l’efficacité de l’ensemble des modes de consommation d’énergie, sur les transferts d’usages vers les modes les plus efficaces, et sur une évolution vers une organisation de l’espace public et commun plus sobre ; - l’abandon progressif des solutions actuelles, sales et dangereuses, de production de l’énergie au profit des renouvelables. Le premier levier, celui des économies d’énergie, représente près de deux-tiers de l’effort énergétique mais ne peut et ne doit se mener que parallèlement à l’évolution vers une production d’énergie 100% renouvelable.

Durant cette période de transition, l’ensemble des investissements publics et privés doivent être envisagés au travers de leur compatibilité avec les objectifs de la transition énergétique. En particulier, tout projet politique ou industriel n’ambitionnant de réduire que partiellement les émissions de GES ou acceptant de maintenir un risque environnemental fort dans une région, marquerait une remise en cause de l’ambition de transition énergétique.

Scénario : UNE trajectoire possible de transition…


Le scénario de transition énergétique de Greenpeace, propose une trajectoire de fourniture d’énergie techniquement réalisable et pas plus coûteuse que la trajectoire conventionnelle. Il compare le "scénario de référence", principal outil de prospective du Gouvernement et des industriels et la trajectoire de Transition proposée par Greenpeace.

Le scénario propose de : - Diminuer nos besoins énergétiques de 50% à l’horizon 2050, sans entamer notre confort actuel, grâce à des mesures de bons sens: isolation des bâtiments, efficacité des moteurs de voiture, efficacité des chauffages… - D’avoir la possibilité de sortir du risque nucléaire dès 2031 - Diminuer de 95% les émissions de gaz à effet de serre liées à la production et consommation d’énergie d’ici 2050

Le scénario, c’est : - Une trajectoire possible. D’autres choix sont possibles. Les tendances peuvent être accélérées et amplifiées par la volonté politique, industrielle ou citoyenne. - Un compromis. Entre la garantie du maintien d’un confort des usagers, de la fourniture du besoin d’électricité et d’énergie et l’exigence de rapidité à sortir du risque nucléaire et de réduction des GES.

Energies renouvelables


Une énergie renouvelable est une source d’énergie se renouvelant assez rapidement pour être considérée comme inépuisable à l’échelle de temps humaine.

Produire de l’énergie en émettant moins voire presque pas de GES, pas de déchet nucléaire et sans risque d’accident nucléaire.

D’ici à 2020, la France devra avoir au moins doublé la part des énergies renouvelables dans sa consommation d’énergie. Le « paquet Energie-Climat  » adopté par l’Union Européenne en 2008 l’y oblige. Ce texte prévoit que d’ici 2020, au moins 20% de l’énergie consommée par les pays de l’UE devra avoir été produite à partir d’énergies renouvelables. Pour la France, cela signifie qu’il faut passer de 10,5% (en 2007) à 23% en 2020.

Les énergies renouvelables sont des énergies très faiblement émettrices de GES. Comme le nucléaire, diront certains. Mais à la différence du nucléaire, elles sont inépuisables, ne produisent que très peu de déchets et le risque de catastrophe est incomparable. Elles ne mettent pas en danger l’environnement et la santé humaine.

Les énergies renouvelables permettent en plus de produire de façon décentralisée, parfois à l’endroit même où elles sont consommées. Cela évite les pertes dues aux transports d’énergie. Cela permet d’adapter la production aux besoins. À l’inverse, notre système actuel est énergivore. Il est fondé sur de grandes centrales et un réseau centralisé. Il manque de souplesse et entraîne de considérables pertes d’énergie et d’argent.

Les énergies renouvelables sont inépuisables et accessibles partout. A l’heure actuelle, en France, le recours à la biomasse (c’est-à-dire l’ensemble des sources énergétiques provenant de la matière organique) et l’énergie hydraulique fournissent la quasi-totalité de l’énergie d’origine renouvelable. Mais nous pouvons faire plus. La France possède le deuxième potentiel éolien d’Europe et le cinquième en matière d’énergie solaire. Ces deux secteurs se développent d’ailleurs de plus en plus depuis 2004-2005. La ressource française en bois est considérable (évaluée à 40 millions de m3 par an) mais fragile et essentielle. Cette ressource nécessite des précautions dans son utilisation. Si nous nous donnons les moyens financiers et administratifs de développer les énergies renouvelables, elles peuvent produire 80% de notre énergie d’ici 2050.

Éolien


Une éolienne est une turbine qui transforme l’énergie cinétique du vent (énergie éolienne) en électricité. On peut également parler d’aérogénérateur.

On appelle parc éolien ou ferme éolienne le lieu où plusieurs éoliennes sont rassemblées. Fin 2011, la France disposait d’environ 4.200 éoliennes, réparties au sein de 600 parcs environ. Ces parcs représentent une puissance installée de quelque 6.700 MW. La région française qui contribue le plus à cette puissance est la Picardie avec 818 MW (chiffres 2012) soit 12 % de la puissance totale. En 2009, la part de l’éolien dans l’énergie française représentait environ 1,5 % de la production totale d’électricité avec 7,8 TWh.

Solaire


L’énergie solaire est l’énergie transmise par le Soleil sous la forme de lumière et de chaleur. Cette énergie est virtuellement inépuisable à l’échelle des temps humains.

Le solaire photovoltaïque est une forme de production d’électricité renouvelable reposant sur la transformation directe du rayonnement solaire.

Le gisement solaire est inépuisable et offre de multiples possibilités : apports solaires passifs grâce à l’architecture bioclimatique, production de chauffage ou d’eau chaude sanitaire, climatisation, séchage, etc. Le solaire thermique transforme le rayonnement du soleil en chaleur grâce à des capteurs thermiques qui chauffent l’eau domestique.

Hydro


L’énergie hydraulique est une énergie renouvelable très faiblement émettrice de gaz à effet de serre. Cette source d’énergie renouvelable exploite les mouvements de l’eau actionnés par le soleil et la gravité à travers le cycle de l’eau, les marées et les courants marins.

L’énergie hydraulique utilise l’énergie des chutes d’eau, naturelles (cascades) ou artificielles (barrages hydroélectriques), le débit des cours d’eau ou les courants marins (marée, circulation thermohaline…), les centrales hydrauliques … qui produisent de l’énergie mécanique convertie la plupart du temps en électricité (hydroélectricité).

Biomasse


Ensemble de toutes les matières organiques, principalement d’origine végétale, pouvant fournir de l’énergie, soit par combustion, soit par transformation en gaz.

On peut la considérer comme une énergie renouvelable, voire « neutre » d’un point de vue carbone, sous certaines conditions. Elle peut alors jouer un rôle important pour sortir de notre dépendance vis-à-vis des énergies fossiles et du nucléaire.

La biomasse (les arbres, les plantes…) est une ressource fragile et avant tout nécessaire au maintien de la biodiversité ainsi qu’à la fertilité et à la richesse des sols. Son utilisation à des fins énergétiques ne doit pas altérer cette fonction première et doit donc respecter les principes suivants :

Un maximum de 75 % de la création annuelle de biomasse forestière peut être récolté à des fins d’exploitation pour la construction, l’industrie ou l’énergie. Les 25 % de rémanents et résidus ainsi que les feuillages doivent rester sur place afin de restituer aux sols les éléments nécessaires à leur reconstitution, à leur fertilité et à leur biodiversité. Dans son scénario de transition énergétique, Greenpeace limite l’utilisation du bois pour l’énergie à 60% de la création annuelle de biomasse (contre 47% aujourd’hui). La récolte de débris et résidus de bois doit se faire sur la base des récoltes pour la construction ou l’industrie. La biomasse récoltée ne peut provenir d’une récolte purement dédiée à la production d’énergie. La récupération des résidus issus de l’exploitation industrielle (constructions, meubles, scieries…) présente un potentiel permettant d’éviter l’exploitation directe des forêts pour le secteur Énergie. Une évolution vers une agriculture intégrée (cultures intercalaires, agroforesterie, haies, zones humides, etc.) permet de récolter une partie des résidus (pour méthanisation en biogaz par exemple) qui n’altère pas la mission nourricière de l’agriculture tout en garantissant le maintien de la fertilité et de la biodiversité des sols. Privilégier l’utilisation la plus locale possible de la biomasse récoltée pour la production de chaleur (éventuellement cogénération électrique), en réseau de chaleur ou par des chaudières efficaces.

Les importations de biomasse à des fins énergétiques ne sont pas pertinentes, car elles déséquilibrent fortement l’aspect renouvelable de la ressource. Le scénario transition énergétique limite l’accroissement du recours à la biomasse afin d’éviter que les besoins énergétiques ne viennent mettre sous pression une ressource biomasse fragile et déjà utilisée par ailleurs.

Emplois


La transition énergétique peut être un moteur de création d’emplois et de dynamisme économique et industriel.

Le calcul du nombre d’emplois repose sur une série de coefficients d’emploi : nombre d’emplois par capacité de production, par type de métier et par unité d’énergie primaire utilisée. La production d’électricité, la puissance installée électrique ou de chaleur, et la consommation primaire de charbon, de gaz et de biomasse sont aussi prises en compte dans le calcul. De nombreuses limitations nuisent à la précision de l’évaluation de l’emploi. La plus importante est le manque de disponibilité de données claires et détaillées dans ce domaine. L’évaluation proposée par Greenpeace dans son scénario de Transition énergétique se limite aux emplois directs : construction, manufacture, exploitation, maintenance, et fourniture des ressources fossiles et fissiles.

Jusqu’en 2020, l’emploi direct dans les renouvelables augmente de deux tiers, passant de 61 600 (production, construction, installation - hors vente) à 103 900 emplois en 2020. Cette hausse est principalement due au développement rapide des solutions éoliennes et photovoltaïques dans les premières années.

En particulier, l’éolien représente près d’un tiers des emplois directs, avec 32 000 emplois recensés. Sur la même période, le scénario de référence voit le nombre d’emplois total des renouvelables baisser de près de 10%, à 56 800.

Du côté des productions issues des fossiles (pétrole, charbon, gaz), on note une légère augmentation dans le scénario TE, de 3 100 à 5 200, due au développement temporaire des systèmes de cogénération chaleur-électricité. Le nombre d’emplois reste stable à 3 000 dans le scénario de référence. Enfin, le nombre d’emplois du nucléaire baisse légèrement dans le scénario TE jusqu’en 2020, mais se maintient à 49 500 contre 52 800 aujourd’hui. Ce phénomène de faible baisse malgré la fermeture de 18 GW de nucléaire est dû au début des opérations de démantèlement. Le nombre d’emplois dans le nucléaire passe à 83 500 en 2020 dans le cas du scénario de référence.

Economies d’énergie


Les économies d’énergie, sont des gestes, mesures ou actions menées pour limiter la consommation d’énergie et éviter les pertes d’énergie produite. Sobriété (dans la consommation) et efficacité énergétique en sont les deux principaux leviers.

Ces économies interviennent dans tous les secteurs : secteur du bâtiment (isolation intérieure, extrérieure, VMC, double-vitrage par exemple), secteur des transports, industrie …

Garder le même confort, répondre aux même besoins, en utilisant moins, beaucoup moins, voire presque pas d’énergie. Les actions d’économie d’énergie permettent de réduire les émissions de GES et de sortir du nucléaire tout en en maitrisant la facture. C’est 2/3 de l’effort demandé dans le scénario de Transition Energétique.

Mix énergétique


Le mix énergétique désigne l’ensemble des moyens et ressources de production d’énergie d’un territoire.

Le mix énergétique, ou bouquet énergétique, est la répartition des différentes sources d’énergies primaires consommées pour la production des différents types d’énergies. La part des énergies primaires dans la consommation mondiale, d’un pays, d’une collectivité, d’une industrie est généralement exprimée en pourcentages. Toutes les sources d’énergies primaires sont comptabilisées, notamment celles consommées pour les transports, le chauffage des bâtiments, etc. contrairement au mix électrique, avec lequel il ne faut pas le confondre.

En France, il repose essentiellement sur les énergies fossiles et fissiles plaçant le pays dans une situation permanente de risque nucléaire et contributeur aux dérèglements climatiques.

Les renouvelables n’occupent qu’une petite partie du mix (17% d’énergie primaire et aux alentours de 12% d’énergie finale). Le mix énergétique doit évoluer vers un part plus importante de renouvelable si l’on veut s’émanciper des émissions de Gaz à Effet de Serre, des risques nucléaires et d’un accroissement des coûts.

Objectif 2050

Une transition est possible

La transition énergétique concerne chaque citoyen. Nous ne devons pas laisser le débat dans les mains des seuls experts. Comprendre les discours est la première étape pour les analyser et les décrypter. Alors partagez, autour de vous, cet outil !

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